Instantané d’histoire – Jean Sarda, dans les chantiers du maréchal (2015) 7/10

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https://www.arte.tv/fr/videos/064502-005-A/instantane-d-histoire/

Ah la guerre, quelle vacherie !

Un tout jeune homme est issu d’une famille classique. Il vit en zone occupée. Depuis la défaite, son père est persuadé que le Maréchal les protégera.

Pensant faire un bon calcul, il incite Jean à partir en zone libre pour y rejoindre les chantiers de la jeunesse. On le pouvait à l’époque de manière parfaitement officielle, ausweis compris.

Au moins il sera bien nourri, pensait sa famille.

Et Jean mange a sa faim. De plus il est conquis par cette ambiance à la fois amicale, martiale et virile. Il se plie aux règles. Il croit bien faire.

Il est content de prendre des photos « positives » de ses hommes tout sourire à l’exercice, et qui illustrent bien les valeurs de la feuille de choux du camp à la francisque.

Ses parents apprécient le Maréchal. A leurs yeux, le sage vieillard adoucit la défaite et prépare une transition douce. Ils pourront continuer leur petit train train. En plus, on peut espérer maintenant un retour à l’ordre et aux paisibles valeurs traditionnelles. Fini le chaos du front populaire.

Les chantiers ont été créés pour occuper et former les jeunes hommes de la zone libre. Cette partie de la France n’avait pas le droit d’entretenir une vraie armée.

Cet embrigadement permettait aussi faire prospérer l’idéologie de la Révolution Nationale.

Les camps et leur organisation, étaient clairement créés sur un mode militaire. On transposait simplement tous les termes. Et il y avait bien entendu des pioches et des pelles, à la place des fusils et des mitraillettes. Mais le beret basque façon chasseurs alpins est bien là.

Plus tard, l’occupation de la zone sud par les Allemands n’a pas remis en cause ces chantiers, en tout cas au début. Par la suite, Vichy a fini par céder et accepter que les enrôlés des chantiers soient livrés à l’Allemagne, au STO.

Et comme de nombreux participants des camps proches de l’Espagne se sont barrés l’autre côté des Pyrénées, les Boches ont rapatrié les chantiers près de Vichy, plus à portée de main.

Le pauvre Jean, plutôt innocent et obéissant, n’a pas su lui se décider à partir à temps. Il a été pris au piège.

Il a été envoyé en Autriche comme esclave, mais cela il ne le savait pas… et il y est mort.

Au delà du cas particulier, ce qu’il y a d’intéressant, c’est qu’au décours du parcours d’un jeune homme, on voit pour ainsi dire une version soft du pétainisme. On est loin de la forte diabolisation qui nous fait aboyer dès qu’on parle de Vichy.

Se peut-il que 75 ans après, on arrive à un discuter calmement. Rassurez-vous, je suis du côté du Glaive et de l’honneur (De Gaulle), pas de celui du déshonneur et du Bouclier (Pétain). Et c’est surtout une question de tempérament en ce qui me concerne.

Mais ce serait bien que l’on puisse aller plus loin et causer sans que l’on brandisse l’épouvantail du point Godwin.

Je ne reviens pas ici sur le magnifique argumentaire de l’engagement de Gary pour la France libre.

Je vous renvoie au numéro extraordinaire des dossiers de l’écran sur le sujet. C’est remis en perspective dans la talentueuse émission Rembob’Ina «Les Dossiers de l’écran» sur Pétain (1976), pour la théorie du Bouclier contre la volonté de résistance. Vraiment instructif !

Et tout récemment un échange télé d’une heure sur de Gaulle, où on n’a pas parlé que de Pétain, mais où Zemmour et Guaino ont pu discuter intelligemment.

Je ne partage pas du tout l’avis de Zemmour sur Pétain, mais je m’oppose avec la plus grande fermeté aux procès (réels ou figurés) qu’on instruit en permanence contre lui, et qui ne visent qu’à le canceler, si je peux me permettre ce néologisme (cancel culture) – C’est à dire qu’on voudrait décréter que, juste parce que c’est lui, il n’a pas le droit de parler. Alors que c’est justement grâce à la polémique que l’on peut faire avancer les idées.

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