When Worlds Collide
Mouais ! Le monde d’avant avant… et ainsi de suite.
La naïveté chromo de l’époque, dans toute sa splendeur. Avec des effets spéciaux post apocalyptiques plutôt balbutiants, mais qui ont quand même valu un Oscar d’encouragement.
La terre va être percutée par la planète Bellus. Et ses instances internationales qui ne lèvent pas le petit doigt ! Sauve qui peut ! Par chance son satellite Zyra paraît viable, en tout cas pour les besoins du scénario.
Il suffit donc d’envoyer un vaste V2 amélioré vers ce satellite, en prenant garde de ne pas se cogner sur l’une ou l’autre des planètes en folie, et le tour est joué. Vive l’entreprise privée !
L’humanité pourra se recycler sur l’herbe bleue, en dessous des frondaisons rouges, pas loin d’une bizarre montagne vertigineuse, bref dans le sympathique monde d’après.
Que le satellite ne soit pas entraîné dans le cataclysme gravitationnel, n’inquiète personne. Les théories de Newton seront passablement bousculées au passage, mais quel mécréant peut s’en soucier, dans des heures si graves ?
C’est déjà mieux, que de crever un œil de la lune, avec un obus habitable (Méliès 1902), quoique !
Le suspense consiste à être dans les clous des délais de fabrication de l’engin. Mais il y a aussi quelques questionnements sur la fiabilité de la fusée et sur ceux qui la guideront. Et bien sûr, cette interrogation finale : est-ce que la nouvelle planète sera une happy end acceptable ?
La psychologie résidant principalement dans la difficulté du choix, des 40 qui seront sauvés. On a droit également, à un court exposé sur la problématique des couples séparés, l’enjeu des compétences, sur ce que signifie encore l’argent et de pouvoir, quand on se prend une claque interplanétaire.
Il y a même une place pour un mini-échange entre la vraie foi et la foi hypocrite, et ce qu’il en reste après des coups de revolver, le tout sur arrière fond de jugement de Dieu et de justice des hommes.
Et comme il se doit, à l’heure des comptes, les méchants seront punis (à gauche, Schnell !) et les quelques gentils épargnés (à droite svp !). Mazette, on est bien dans une ambiance biblique, de type Arche de Noé ! Le producteur Cecil B. DeMille n’est pas passé là par hasard.
Les terriens de Melancholia (Lars von Trier 2011), percutés de la même manière, ont eu moins de chance. Mais ce film, étrangement profond, était d’une autre trempe. Cette fin du monde peut donner lieu à une profonde introspection, voire une réflexion, sur le sens de la vie.
On n’est pas loin de la gamberge du condamné à mort. Et nous le sommes tous.
Tout est fini :
1 – je me saoule, je m’abrutis –
2 – je reste digne. Je me rassemble sur mes vraies valeurs et … je navigue à vue –
3 – c’est moi qui décide, je me suicide –
4 – j’éprouve une chaîne humaine avec mes proches et je serre très fort –
5 – abnégation, je protège mes proches en leur cachant la vérité –
6 – il n’y a pas de petits profits : “… Ça veut dire qu’éventuellement, si vous étiez au bout du rouleau, on pourrait envisager de conclure?” (*) –
7 – là , c’est à vous de voir, mais ne rêvez pas trop à l’alternative fusée de secours…
Le Choc des mondes est à voir avec tendresse, comme un Douanier Rousseau du cinéma. N’oublions pas que c’est une œuvre d’avant la conquête spatiale (Spoutnik 1957), et même d’avant nous (même pas né !)
(*) Les bronzés font du ski. Michel blanc en pleine misère sexuelle, tente sa chance auprès des dames, dans une situation critique, avec peu d’espoir d’être secouru.
https://fr.wikipedia.org/wiki/Le_Choc_des_mondes_(film,_1951)