Le Million (1931) 5.5/10 René Clair

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Une prétendue comédie musicale. Mais dont les musiques s’apparentent plus à des marches martiales. Et pour cause, en général elles accompagnent les pérégrinations incessantes des acteurs.

Le réalisateur René Clair voit le monde avec des yeux enfantins. A moins qu’il ne fasse semblant, ce qui me semble plus probable. Comme tant d’autres, il confond poésie avec mièvrerie.

C’est un récit, sur un jeune peintre au grand coeur mais qui est harcelé par les créanciers. L’intrigue principale du film consistera à remettre la main sur un billet de loterie gagnant. Ce bout de papier qui pourrait le tirer d’affaire a été malencontreusement déplacé dans une vieille veste. Laquelle se déplace dans tout Paris en changeant plusieurs fois de propriétaire. Du bol et pas de bol.

  • René Lefèvre joue ce caractère inoffensif, pas très viril en fait, et qui est très représentatif du cinéma de cette époque, en particulier chez René Clair. Un bon bougre, humble comme un ouvrier idéalisé, et comme on les aimera tant pendant le front populaire, 5 ans plus tard.
  • Jean-Louis Allibert est son alter ego. Mais c’est aussi un faux frère qui tente de subtiliser le ticket gagnant. Il a plus de charme. Et ce compagnon de galère n’est pas si méchant que cela. Déjà par la nécessaire solidarité de classe.
  • Les deux sont assez dragueurs, mais Lefèvre est destiné à convoler en juste noce avec sa gentille voisine de palier. Il s’y résoudra.

Les jeunes femmes à cette époque, au cinéma en particulier, étaient soit de pauvres « enfants » naïves et outrageusement romantiques, soit des gourgandines, qui jouaient de leurs charmes pour avoir de l’argent.

  • Annabella, une actrice dont la notoriété lui permet de se dispenser d’un nom de famille, est la gentille tant désirée. Elle brille par sa beauté et sa nunuchitude, tant appréciée à l’époque. Cette gentille qui minaude comme une petite fille, est convoitée par René.
  • Vanda Gréville (Wanda MacEwan) nous fait la belle Anglaise intéressée. N’ayons pas peur des mots, elle est là pour foutre le bordel dans les couples.

L’histoire passe par un malfaiteur le Père La Tulipe, joué par Paul Ollivier. Et bien entendu ce grand voleur, peu recommandable, recherché par la police, sera le plus vertueux. Il tiendra parole et retrouvera la veste, puis la restituera à qui de droit. Cette inversion des valeurs est également typique de cette époque, pour laquelle le plus voleur est le bourgeois qui a réussi et non pas le mauvais garçon qui manie la pince-monseigneur et le couteau. Ce dernier aurait en quelque sorte des excuses. D’ailleurs, 90 ans après, certains raisonnent encore comme cela.

La « chorégraphie » qui traverse le film n’est pas très convaincante.

C’est profondément gamin dans le fond. Et en effet le film se termine par une ronde, comme à la maternelle.

Franchement, ces films faussement joyeux, aux partis pris lourdingues, m’ennuient.

https://fr.wikipedia.org/wiki/Le_Million

Annabella
René Lefèvre
Jean-Louis Allibert

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