Le Vent de la plaine (1960) 7/10 Huston, Lancaster, Hepburn

Temps de lecture : 4 minutes

John Huston sait raconter des histoires. Il s’en sort bien ici, même si ce scénario a quelques bizarreries.

Le Vent de la plaine est un authentique film de cow-boys et d’indiens. Et chacun a priori doit bien rester de son côté. Les fermiers ne sont pas tendres, ils ont coutume de dire « ça pue l’indien » quand il y en a un qui s’approche.

On va découvrir progressivement qu’il y a un personnage qui se situe entre les deux. C’est ce mystère qui alimente tout le scénario.

Mais comme c’est très bien présenté, pour le moment on ne voit rien venir.

Tout commence dans le calme. Une méritante famille d’éleveur est désormais dirigée par le fils.

Il s’agit de Ben Zachary. C’est le puissant Burt Lancaster de 47 ans qui l’incarne.

Sa jolie sœur Rachel n’est autre que la divine Audrey Hepburn, 31 ans. C’est une enfant adoptée.

Vraiment du beau monde.

Et ce n’est pas fini. La vieille mère est jouée par Lillian Gish, qui fut une énorme star du muet.

Et il y a d’autres fils prêts à se marier.

Les affaires sont prospères. Les quelques milliers de vaches, qui sont le travail d’une vie (*), vont bientôt être négociées.

La famille voisine verrait d’un bon œil des unions qui rapprocheraient les deux ranchs. On en est à la badinerie et à l’insouciance. Le climat est excellent. Rachel / Audrey Hepburn fait du cheval pour son plaisir (**)

  • Le jeu est délié. Les scènes sont précises et parlantes. Il n’y a ni blabla, ni remplissage. La construction est claire et méticuleuse. La très bonne prise de vue et le montage de qualité, assurent un beau spectacle. C’est du Technicolor qui respire à pleins poumons. Il y a beaucoup de force chez les protagonistes et même dans les rôles secondaires. C’est du Houston tout craché.

Tout irait pour le mieux dans le meilleur des mondes, s’il n’y avait pas ce cavalier apocalyptique et borgne, qui se balade avec un drôle d’air. Un gars bizarre. Il s’arrête devant Rachel en brandissant un sabre et en promettant une vengeance énigmatique. C’est quoi cet oiseau de malheur et qu’est ce qu’il veut ?

La mère qui semble en savoir long, élude pourtant. Elle prétend qu’il s’agit d’un de ces fous qui errent dans la plaine, mais ce n’est pas très convaincant.

L’embrouille arrive. Les indiens veulent récupérer Rachel qu’ils considèrent comme une des leurs. Le père de famille qui a été tué par eux, aurait soustrait le bébé Kiowa pour qu’il échappe à un pogrom. Ils viennent d’abord pacifiquement pour faire valoir leur droit. Fin de non recevoir.

Il se trouve que le fils du clan voisin convoite cette Rachel. Mais il est tué par un indien et c’est sans doute en rapport avec l’idylle naissante. C’est une manifestation de leur instinct de propriété sur la jeune femme.

Quoi, le fils Charlie a été tué parce que Rachel serait une squaw ! C’est plus que ce que peut admettre le clan Rawlins. Le père Zeb exige des éclaircissements. Il va les chercher auprès du cavalier errant. Celui-ci a une histoire à raconter. Comme le père Zacharie ne voulait pas rendre la fillette aux « propriétaires » Kiowas, le fils du cavalier a été pris en otage et exécuté. Il aurait suffit d’un échange pour éviter cela. A priori il est dans son bon droit en réclamant vengeance.

Ce qui n’empêche pas qu’on le pende. Première bizarrerie, même si c’est la vieille Zacharie qui hâte le processus pour le faire taire.

Brouille définitive entre les deux clans. Ce qui pose problème puisqu’ils partagent le même troupeau.

Le plus dure reste à venir. Le tout petit cercle familial va devoir endurer l’assaut des indiens. Ces sauvages sont loin d’avoir renoncer à capturer la belle.

Deux tireurs blancs compétents et deux femmes inexpérimentées, dont une mémé blanche, voilà les troupes. Pourtant ils viendront à bout de très nombreux Kiowas. Deuxième bizarrerie. Même Rachel l’indienne fera un carton contre son vrai clan.

Les Zacharie mettront même le feu à leur refuge pour essayer de s’en sortir. C’est la première fois que je vois qu’on mette soi-même sa seule protection en l’air, qu’on prenne le risque de brûler soi-même, pour gagner. D’habitude c’est l’assaillant qui lance des flèches enflammées sur la paillote pour déloger les réfugiés, pas le contraire. Troisième bizarrerie.

Ils n’ont donc à présent plus aucune protection. Et bien entendu le secours viendra. C’est un frère Zacharie en dissidence, qui a rejoint le clan Rawlins, qui a un revirement de conscience. A lui tout seul il assurera la victoire. Quatrième bizarrerie.

Le final précise le futur mariage entre Burt et Audrey. L’union du frère et de la sœur. Elle est certes une sœur adoptive, mais quand même, ils ont été élevés ensemble comme tels ! Cinquième bizarrerie.

Le sujet sous-jacent, c’est l’assimilation contre le communautarisme. Une indienne reprogrammée dès la naissance par des blancs, échappe un peu quand même à sa sauvagerie ontologique.

Et si on résume la situation, une bonne indienne est une collabo qui tue les siens, y compris ceux de sa famille la plus proche. Bizarrerie ?

(*) Ces 3000 vaches sont ici le travail d’une vie. D’accord ! Mais comment ne pas sourire quand John Wayne prétend dans La Rivière rouge qu’il a obtenu 10.000 vaches en dix ans, à partir d’un seul couple de bovin.

(**) Audrey Hepburn avait un début de grossesse lors du tournage. Elle est gravement tombée de cheval, au point d’être obligée de se faire doubler par la suite. Certains imputent sa fausse couche, quelques mois plus tard, à cet accident.

https://fr.wikipedia.org/wiki/Le_Vent_de_la_plaine

Burt Lancaster
Audrey Hepburn
Audie Murphy
Lillian Gish

Pas si méchant que cela au fond

Cheval de la chute fatale

Envoi
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