Meilleure version ? Passion selon saint Matthieu. Raphaël Pichon. Douleur exquise 6/10

Temps de lecture : 3 minutes

Une fois n’est pas coutume ; je vais me permettre d’adopter ici un ton assez trivial. Ne vous inquiétez pas c’est juste pour être dans le ton relativiste de notre époque, qui touche même le domaine des arts sacrés.

Ce n’est bien entendu pas de l’irrespect envers Bach, mais une manière de remettre à leur place, nos revisiteurs si souvent peu inspirés, qui vivent à ses crochets.

***

De nos jours, 165 minutes d’une Passion, c’est évidemment un « supplice » en soi, surtout pour un public dont l’attention ne dure pas plus d’une minute. Quel ” calvaire ” diront certains ! D’un certain point de vue, cela tombe bien. Puisqu’il s’agit de faire le chemin de croix conjointement, puis de se mettre dans la peau du crucifié.

Il est vrai que la musique de Bach aide à tenir la distance.

Curieux concept chrétien ou « Passion » signifie une sorte de divine souffrance. Un peu comme la fameuse douleur exquise bien connue des dentistes.

Il n’en demeure pas moins vrai que rares ceux qui tiennent encore jusqu’au bout de nos jours. Soyons honnêtes sur le coup. Et même les chanteurs du groupe se barrent de temps en temps. La caméra ne masque pas cela et cela fait quand même tâche.

De nos jours, plutôt que de se taper « la messe » in extenso, on préfère les « highlight » ou morceaux choisis. Et il y a quelques « tubes » bien connus.

Chaque mélomane est habitué à un son. Et l’approche musicale varie d’une époque à l’autre. Je n’ai pas retrouvé l’intégralité de la magie à laquelle j’étais habitué. Philippe Herreweghe  Ton Koopman  Nikolaus  Harnoncourt John Eliot Gardiner, sont les chefs souvent cités. Aucun de ceux là ne décoit.

Des voix m’ont plu et d’autres m’ont dérangé. Je pense aux bizarreries de la massive Lucile Richardot ; une mezzo-soprano en alto, que parait-il tout le monde « s’arrache ». On en est là : il y a des stars qui s’agitent, il y a des fans intolérants. C’est le show bizz. Sans doute faudrait-il prendre le temps de s’y faire. Pourtant je n’ai pas trop envie de me mettre « à la mode ». Bach est maintenant un très vieux bonhomme, il mérite davantage de respect, que ces fantaisies médiatiques.

Et puis ces gens là ne sont que des exécutants parmi d’autres, ils ne méritent pas tant le battage qu’on fait. L’important c’est l’oeuvre. Avec ce brouhaha on risque de l’oublier.

Je cite quand même d’autres au timbre plus classique : Hana Blažíková, soprano ; Sabine Devieilhe, soprano ; Reinoud van Mechelen, ténor ; Emiliano Gonzalez-Toro, ténor ; Christian Immler, basse. Julian Prégardien, Évangéliste ; Stéphane Degout, Jésus ; Christian Immler, Pilate

Raphaël Pichon ? Lui comme un autre. A ceci près qu’il en fait des tonnes façon cours d’art dramatique, l’histoire qu’on le remarque bien. Ça lui passera à ce jeune quand il aura pris de la bouteille.

Il faudrait quand même qu’il apprenne le français « Bach nous plonge dans cette ascension vertigineuse… » tient du « si vous descendez, montez donc, venez voir le petit comme il est grand »

La prise de vue est assez médiocre ; en tout cas pleine de partis pris. Il s’agit une fois de plus de se faire remarquer en filmant « autrement ». Du coup, nos génies utilisent une faible profondeur de champ avec moultes effets de flou et un excès de vues de profil. Et c’est loin d’être toujours heureux.

https://fr.wikipedia.org/wiki/Passion_selon_saint_Matthieu

https://www.radiofrance.fr/francemusique/podcasts/l-invite-du-jour/raphael-pichon-chef-de-l-ensemble-pygmalion-9805860

Envoi
User Review
0 (0 votes)

Laisser un commentaire