Résumé. Film. Théorème (1968) Terence Stamp, Pasolini – Aperçu – 8.5/10

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(Teorema)

Vous trouverez ici le résumé de l’action.

Vous trouverez notre avis sur : Vous trouverez notre avis sur : Film. Théorème. Avis (1968) Pasolini – Terence Stamp – 8.5/10

L’argument initial est limpide. Un bel homme jeune qui semble venu du ciel (le troublant Terence Stamp jeune (*)), qui est là pour on ne sait quelles raisons, fait l’amour tout naturellement avec tous les membres d’une famille bourgeoise.

Ils les aiment les uns après les autres, hommes ou femmes.

Cette intrusion, dont l’intention est tout autant le contrôle de l’autre que la jouissance sans limite, est manifestement un viol collectif.

Une jouissive défloration de cette citadelle retranchée et ultra-protégée où règnent convenance et bienséance. Mais c’est une destruction créatrice, attendue, espérée et fortement approuvée par les victimes.

L’un abreuve l’autre. Pour Pasolini pas question de tabula rasa. Il pense sincèrement que « seule la tradition peut sauver la révolution ».

Ce n’est donc pas le travail d’un ange destructeur, lourdement politisé, qui serait chargé de régler ses comptes aux riches.

Ce sont avant tout de fortes projections d’amour charnel. Une énergie primordiale. Une matière religieuse et salvatrice. Agissant comme un puissant révélateur. Elle fécondera chaque personnage. Elle les fera sortir du carcan dans lequel ils étaient enfermés.

  • – Sexe coupable : le vertige de l’homosexualité qui se découvre et s’accomplit pour le fils. Et la forte problématique du non coming-out qui s’en suit. C’est dit en peu de mots par un réalisateur qui visiblement sait de quoi il parle.
  • – Sexe sauvage : la conjuration animale de l’insatisfaction profonde de la mère, la belle maîtresse de maison incarnée par Silvana Mangano.
  • – Sexe initiatique : la révélation sexuelle de la fille.
  • – Sexe « conscientisée » : la part d’homosexualité stylisée et complexe, pour le père.

Le tout est nimbé d’une mystique. Et au delà de nos choix sexuels personnels, tout parait beau et puissant.

C’est tout sauf des coucheries hygiéniques. Cela touche à l’essentiel. C’est de l’Amour qui se veut sacré et intemporel.

C’est volontairement brut, donc pur.

Le cinéaste s’attarde, plein de sous-entendus, sur des pantalons, des slips, des moulures évocatrices. Juste autant que la censure de l’époque le permet. Mais il a quand même du subir un procès.

Il faut parler de la bonne, un personnage qui est à part. Comme les autres, elle est brûlante d’amour pour le personnage central. Elle relève sa robe devant lui, il lui la redescend doucement, puis se met à côté d’elle. C’est la seule qui donne l’impression, qu’elle en ressortira Vierge. Ce qui aidera sa destinée.

Dans la deuxième partie, le héros christique, qui a déclenché cette libération sexuelle collégiale, doit partir. Chacun des personnages est alors laissé dans un état de manque, un vide fondamental.

Ils glissent vers une sorte de sublimation. Le film se libère alors des contingences du réalisme. Le propos direct et factuel, alterne avec la parabole, voire l’hyperbole.

  • – Le fils s’en va et s’enferme dans une abstraction picturale hermétique.
  • – La mère se donne à tous. Et au final, le fait contre une église.
  • – La fille est en catatonie et s’en va à l’asile.
  • – Le père perdu, se déshabille totalement dans une gare. Il se dénudera symboliquement en donnant son usine à ses ouvriers. Seule concession « politique » du propos. C’est daté et c’est en résonance avec un fait divers de l’époque. Plus allégorique encore, il fusionnera spirituellement avec ce personnage prophétique qui hante le désert et qui parcourt tout le film.
  • – Et la bonne, touchée par la grâce, se transforme en une Sainte mangeuse de soupe d’ortie. Elle opère une assomption les bras en croix, en lévitation 20 mètres au dessus de la ferme familiale. Et finit dans le figure douloureuse de l’enterrée vivante. Toutes les nuances du corps glorieux de l’ange aux yeux bleus au corps martyrisé, sous terre ou dans les tableaux de Bacon.

Le Requiem de Mozart zèbre tout le film.

C’est beau comme l’antique.

  • Terence Stamp (*) bouleversant dans les Histoires extraordinaires 1968 (séquence Fellini). Comme Delon, il vient de nulle part. Il n’a à ses débuts qu’à offrir sa beauté et son trouble de non professionnel.
  • Il se retrouve par hasard propulsé au cinéma. Fellini et Pasolini profiteront de cette belle hébétude et de sa virginité cinématographique.
  • Les Déserts de l’amour (1871) Rimbaud. Œuvre partiellement citée par Terence Stamp dans Théorème. Voir le lien ci-dessous.

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J’ose ci-dessus un parallèle avec Pot-Bouille

https://fr.wikipedia.org/wiki/Th%C3%A9or%C3%A8me_(film)

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