Pot-Bouille (1957) Duvivier, Zola, Gérard Philipe pour le meilleur 8.5/10

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Ce film est une symphonie amoureuse dirigée de main de maître par un discret Don Juan.

Gérard Philipe déboule dans une maisonnée pleine de jolies femmes, comme plus tard Terence Stamp dans le fameux Théorème de Pasolini. Et comme cela ne lui suffit pas, il prospecte intelligemment dans le quartier. Il se sert à sa guise et fait le « bonheur des dames ». Ils les aiment tout autant qu’il les utilise.

Franchement je préfère garder une vision masculine, voir légèrement sexiste, et ne pas y voir le mal.

D’ailleurs ces femmes ne sont pas dénuées d’arrières pensées. Certaines ont pour seul horizon le « beau mariage » qui leur assurera une situation confortable sans trop se fatiguer. Il faut voir Jane Marken en maman qui manigance en ce sens pour ses filles, cela vaut le détour. Et puis plusieurs de celles qui sont passées devant le maire, ont leur(s) amant(s). Dany Carrel a 25 ans alors. Celle qui jouera la délurée dans Le Pacha nous fait ici une belle interprétation d’amoureuse naïve. Quel talent !

Jacques Duby se fait traité d’avorton. C’est le petit commerçant sans envergure qui sera forcément un grand cocu. Danielle Darrieux est une immense artiste, elle incarne la grâce à la française. Elle joue finement ici une patronne (40 ans) qui se soucie plus de ses intérêts que de la gaudriole. Elle finira par avoir les deux.

Je ne sais pas si le livre est comme cela, mais la version Duvivier est franchement jouissive et bien construite. C’est gai et léger, malgré des situations qui objectivement sont parfois dramatiques. Il s’agit d’élégance, puisqu’on y montre du panache tout en conservant une belle cohérence d’ensemble. Les ruses sont partout et notre Rastignac s’en sort à merveille.

Cela traite bien sûr de l’hypocrisie bourgeoise, mais cela montre aussi qu’on peut bien s’en accommoder. Les maîtres et les maîtresses font autant de pas de côté qu’ils le souhaitent. De toute façon les plus malins s’en sortent toujours. Les bonnes et les serviteurs ne sont pas moins intrigants. Belle comédie humaine ! C’est assez sain finalement. En tout cas voilà des gens qui respirent.

  • Je trouve ce modus vivendi complexe et raffiné, bien plus intéressant que ces morales formatées, de rigueur absolue et de la transparence, dont les néo-grenouilles de bénitier nous gavent actuellement.
  • Je leur accorde que la société a bien fait de muter. Les femmes ne sont plus dans cette situation de forte dépendance. Mais les jeux de l’amour sont toujours grosso modo les mêmes et méritent d’échapper à la censure et à la judiciarisation de nos gardes-chiourmes.
  • Nos amours et nos représentations ne le concernent pas. Comme d’ailleurs on se contrefiche royalement des leurs.

L’image noir et blanc, sans doute restaurée, est magnifique.

https://fr.wikipedia.org/wiki/Pot-Bouille

https://fr.wikipedia.org/wiki/Pot-Bouille_(film)

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