Traître sur commande (1970) 7/10 Richard Harris Vs Sean Connery

Temps de lecture : 3 minutes

Cette organisation secrète d’ouvriers, les Molly_Maguires, a vraiment existé. Et c’est l’agence Pinkerton qui a fourni la contre-attaque efficace à leurs sabotages.

— — —

Comme c’est un film qui concerne la dure vie des mineurs de fond et que cela se situe au XIXe siècle, on redoute d’avoir à se taper un enième Germinal.

Le long métrage aborde lui aussi cette misère crasseuse, cette sinistre exploitation des hommes et même des enfants, mais ce n’est pas l’axe principal.

Mais le sujet est davantage celui de l’opposition entre certains ouvriers, qui pensent ne pas avoir d’autres moyens pours se défendre que de saboter l’outil de production, face à des traîtres infiltrés, parfois issus des mêmes rangs, et qui sont là pour les neutraliser. Il n’y a pas forcément les méchants d’un côté et les gentils de l’autre. Même s’il y a là un net parfum d’aspiration à une « justice sociale ».

Dans une première lecture rapide, ces taupes au service du patronat, peuvent passer pour des salauds.

Mais celui qu’on nous montre ici, est plus subtil. Ce personnage est bien joué par Richard Harris

Il arrive de nulle part. Les autres sont très méfiants. Ce n’est pas le premier nervi qui se présente.

Mais lui il sait se fondre habilement dans la masse.

Par la ruse, mais aussi par ses qualités humaines, il parvient à infiltrer le groupe d’activistes.

Ces révoltés organisés en milice, se voient comme un contrepouvoir. Ils se sont investis de la mission de corriger les contremaîtres trop zélés et les autres abuseurs. La police est également en ligne de mire. D’ailleurs ils vont faire des cartons.

Ce sont de rudes gaillards qui squattent le bistrot et déclenchent des bagarres. Ils ne se privent pas de boisson. Ils y vont souvent très fort. Les femmes sont très inquiètes.

Dans ce petit monde d’expatriés irlandais, un curé a de l’importance. Mais ce prélat, malgré son intelligence et son mérite, n’arrive pas à les raisonner dans ses sermons. On parle d’excommunication. Même l’évêque est averti de cette escalade forcenée de la violence. Il envoie des messages. Ils ne sont pas entendu.

Ce noyau pré-syndical extrémiste est très fermé. Il est dirigé par une pointure. Il est du genre à qui on ne la fait pas. Ce chef des révoltés est bien interprété par Sean Connery. L’acteur semble parfaitement en phase avec ce milieu revendicateur là (*)

Une fois toutes les étapes “civiles” franchies par l’aspirant et néanmoins indicateur, l’intégration définitive dans les Molly_Maguires passe par un rituel para-maçonnique de société secrète.

Le doute subsistera toujours quant aux réelles intentions du nouveau.

Nos deux hommes s’apprécient, se toisent et s’affrontent. Celui qui est favorable à la direction, fait bien son travail de délation. Il a une promotion en vue. Mais il conserve également une distance avec ce piège des revendications basiques. Pour lui autant viser plus haut que de s’abîmer dans cette impasse.

Plusieurs « terroristes » tombent. Ce qui confirme qu’il y a un judas dans le groupe. L’étau se resserre.

Par sympathie pour ces hommes, le traître tente de les empêcher de faire le pire et de tomber trop facilement dans la gueule du loup. Peine perdue, ces hommes se savent perdus et veulent maintenant aller jusqu’au bout. Ils tuent. Ils finiront sur la potence.

Cet répression des violences ouvrières sera soigneusement mise en scène pour briser toutes les velléités syndicalistes.

L’homme parachuté par la direction pense juste avoir fait son boulot. Il n’a pas tant de remords que cela. Et c’est bien là la différence avec Zola. Les uns et les autres sont renvoyés dos à dos… en enfer.

L’histoire B n’a pas d’intérêt. C’est le très classique dilemme entre passion amoureuse suscitée par la jolie actrice Samantha Eggar et divergence de bord socio-politique.

C’est un film de plus de deux heures, qui a quand même plus de 50 ans maintenant, qui a été réalisé dans une époque très “idéologique”, et qui pourtant passe encore très bien.

(*)  Sean Connery a lutté ouvertement pour l’indépendance de l’Écosse.

https://fr.wikipedia.org/wiki/Tra%C3%AEtre_sur_commande

Envoi
User Review
70% (1 vote)

Laisser un commentaire