Ascension déclin du nazisme- démocratie sans démocrates. Documentaire scolaire. 7/10

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Des documentaires sur Hitler et ses sbires, il y en a des tonnes. Difficile de faire dans l’originalité, quand on se base sur les mêmes documents, les mêmes théories et les mêmes analyses.

Non, ce n’est pas un « Regard neuf sur le Troisième Reich » comme on le lit ici ou là.

Que les critiques peu inspirées qui lancent ou retransmettent ce type de bêtises, se mettent un peu à réfléchir, pour une fois.

Les autres commentateurs répètent en boucle « À la fin des années 1920, l’Allemagne bouillonne… ». Et cela occupe les premières places du classement Google !

Cette métaphore peu inspirée du bouillon, nos ânes devraient se l’appliquer à eux-mêmes. Oui s’ils continuent comme cela ils vont se prendre un bouillon. D’ailleurs pour se recopier ainsi, ils sont déjà grandement remplacés par des machines. Ils n’ont plus que le droit d’appuyer sur le copier-coller de leurs ordinateurs.

Pourquoi tant d’intérêt pour cette période damnée de l’histoire. Parce qu’en nos temps troublés, beaucoup sont ceux qui cherchent l’éclairage révélateur. Apprendrait-on d’une tragédie considérée comme cyclique ? Je vous laisse juge.

***

La cause est entendue, Hitler a eu du bol.

Celui qui spéculait sur le mécontentement, a profité d’une « belle » conjonction de calamités historiques :

  • Il pouvait compter sur la dépression morale et financière d’après la première guerre mondiale, avec le chômage, l’inflation à dix chiffres,
  • La perte de repère après la défaite pour ce peuple « fier et dominateur »,
  • On ne doit pas sous estimer la volonté de grandeur d’un peuple frustré par l’issue du dernier conflit, meurtri dans sa chair, et qui se veut uni sous la même bannière, comme il le fut pendant des siècles impériaux. Yuval Noah Harari en fait même un liant civilisationnel particulièrement efficace (Sapiens : Une brève histoire de l’humanité),
  • La montée du communisme bolchevique hargneux faisait vraiment très peur,
  • Une démocratie plus impuissante et plus décevante que le peuple avait cru,
  • La « flamboyante modernité du nazisme »,
  • Les joies de cet embrigadement qui dispense de se casser la tête à réfléchir pour son propre compte.
  • Et qui permet à des obscurs d’occuper des fonctions où ils peuvent montrer en fin leur niveau d’incompétence, sans avoir à rendre des comptes,
  • La boursouflure charismatique d’un gourou/prophète/tribun qui a réussi à se faire passer pour le messie que tout le monde attendait,
  • La mise en avant savamment orchestrée de sa figure publicitaire, en tant que logo incarnant l’espoir et l’ordre,
  • A ceci se rajoute que la toute jeune république de Weimar perdait de la lisibilité dans les méandres de la complexité d’une entité naissante. Adolf servait lui à la populace, un populisme adapté, d’une simplicité extrême ; avec de quoi flatter les sentiments premiers,
  • Des idées pénétrantes, qui se résument à quelques truismes approximatifs bien sentis. Les masses y ont vu du bon sens.
  • C’était des paroles de scies musicales qui se retiennent et se transmettent facilement. Le bouche à oreille faisait le reste. Peut être moins vite qu’un paradoxe viral sur Internet, mais en étant moins labile au final.
  • Et le nerf de la guerre, le patronat avec ses grands moyens, lui devenait progressivement favorable. Il fallait « à tout prix » remettre les forces vives au boulot. Hitler seul semblait capable de contrer le syndicalisme d’ultra-gauche en mobilisant ses nervi.
  • Et dans ce clan mafieux, tenu par un pacte diabolique, quelques personnalités efficaces l’ont aidé à franchir quelques obstacles. Comme par exemple Goebbels, son sous-marin de la propagande.
  • Il pouvait compter sur ses propres talents de tribun vociférant.
  • La capacité à désigner de boucs émissaires est un moteur puissant pour canaliser le peuple.

Mais tout ne s’est pas passé comme prévu. Près de la case départ, notre dictateur en germe a fait de la prison. Tout aurait pu s’arrêter là. Mais quand on est psychorigide on ne renonce jamais. Et puis les c… osent tout, depuis Audiard on sait bien cela.

  • Alors que son parti progressait d’abord dans les urnes, il a subi une régression relative par la suite. Les politiciens opposés à celui qu’ils pensaient être un charlot, ont baissé la garde. Paradoxalement, ils lui ont proposé la chancellerie, parce qu’ils pensaient lui offrir ainsi un cadeau empoisonné. Merci Heinrich Brüning, Hindenburg, Franz von Papen, von Schleicher…  !

La peste brune, dont on a sous-estimé la toxicité, était désormais bien implantée dans le corps social. Facile pour ce chef escroc si violent de fermer derrière lui toutes les portes, de s’emparer du système répressif et de confisquer pour 1000 ans le pouvoir.

Bien sûr qu’on peut rajouter ou retrancher tel ou tel éléments à tout cela, en fonction de ses penchants politico-idéologiques. Mais grosso modo l’équation funeste est bien là.

Pour « égayer » le propos, le reportage rajoute un angle de vue affectif, avec Eva Braun, la concubine cachée. Je doute que la potiche blonde, dont le rôle devait se situer sous la ceinture, ait pu faire basculer la balance d’un côté ou d’un autre.

Bref le documentaire n’apporte rien de nouveau. Il tient plutôt de ces abrégés scolaires, permettant les révisions. Pour cet exercice, sans faute majeure mais sans génie, on met un 7/10 dans une sorte de routine respectueuse, mais il ne faut pas compter de trop sur notre enthousiasme.

Stéréoscopie vision directe (pas vision croisée !)

https://encyclopedia.ushmm.org/content/fr/article/the-nazi-rise-to-power

https://fr.wikipedia.org/wiki/Heinrich_Br%C3%BCning

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