Frantic. Psychologie de Polanski. Harrison Ford, Emmanuelle Seigner. 8/10

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Roman Polanski est un « maître des climats angoissants ». Et dans ce genre de thriller policier, je le trouve plus rigoureux que le prétendu « maître du suspense » Alfred Hitchcock.

Toute la qualité de cette œuvre est subtilement planquée dans de judicieux détails. Un vrai jeu de piste dont on découvre les difficultés en même temps que les protagonistes. Polanski sait manipuler son monde et communiquer ses angoisses personnelles et celles liées à son histoire familiale.

L’affaire est amenée avec une très intelligente progressivité. Le timing est excellent. Les plans sont justes et frappants.

***

L’intrigue de 1988 est assez simple. Betty Buckley, la femme de Harrison Ford, s’est trompée de bagage à l’aéroport de Paris. Rien de plus banal. Et l’affaire semble pouvoir être résolue rapidement.

Mais elle est enlevée très discrètement dans sa chambre du Grand Hotel InterContinental ; par des bandits internationaux. Ils ont fait cela car ils veulent la monnayer contre un bien illicite très précieux, qui se situe dans la valise. Pendant ce temps, le beau Ford prenait sa douche. Lieu de tous les fantasmes ; tellement bien mis en valeur dans le Psychose de Hitch’.

Harrison Ford est un médecin renommé et pas bête du tout. Même en se torturant les méninges, il a du mal à comprendre ce qui arrive. La situation ne cesse d’être ambiguë. Les dehors sont trompeurs et pourraient donner raison à ceux qui pensent avant tout que sa femme aurait pu fuguer.

La police française, comme les instances diplomatiques américaines, ne se pressent pas pour tenter de solutionner ce dossier. Et c’est bien naturel.

Comme l’inertie devient considérable, Harrison finit par se rendre compte qu’il ne pourra compter que sur lui même. On connaît tous ce genre de situation, où on tente de nous endormir, alors que l’on sait qu’il faudrait surtout agir au plus tôt.

Il trouvera une très maigre piste, dans le contenu de la mallette, mais ne localisera pas lui même l’objet recherché par tous. Il suivra un chemin ténu et exotique, qui finira par le mener aux ravisseurs. Visite des boites de nuit.

Emmanuelle Seigner, qui est en fait une mule ordinaire, est la convoyeuse du paquet. Il la retrouve. Ses curieux rapports avec Harrison Ford mènent à d’autres quiproquos. Leurs deux mondes sont diamétralement opposés, mais une certaine connivence finit par s’imposer. Ils ont besoin l’un de l’autre.

Des scènes déjantées se passent dans des lieux qui ressemblent à ce qu’était Le Palace. La drogue tient une grande place dans le film et dans l’époque. Et les accoutrements « disco » font sourire maintenant.

La fin est moins fine que le reste du film ; en particulier en raison du destin mélodramatique assez prévisible, qui saisit la jeune femme de Roman Polanski, mais aussi par cet Happy End très convenu, pour le couple Buckley/ Ford.

Emmanuelle Seigner qui débute ici, ne joue pas si mal. On sent déjà poindre ce qui fera son charme diabolique dans La Neuvième Porte de Polanski (1999), 11 ans plus tard.

A noter la bonne prestation de Gérard Klein et Alain Doutey comme employés d’hôtel. Yves Rénier est un inspecteur tout à fait crédible. Même dans les petits rôles tout est millimétré.

https://fr.wikipedia.org/wiki/Frantic_(film)

https://fr.wikipedia.org/wiki/Le_Palace_(Paris)

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