Austerlitz. Napoléon solo par Abel Gance. Pierre Mondy en majesté. 8/10

Temps de lecture : 4 minutes

Pierre Mondy : « Soldats, je suis content de vous, le film a bien marché… »

En 1960 Abel Gance est déjà un vieux routard du cinéma français. Il a commencé comme acteur en 1909 puis il entame une carrière de réalisateur dès 1911. En 1927 il s’était déjà attaqué à Napoléon.

Il faut reconnaître que son travail méticuleux sur Austerlitz a de la gueule. Cocorico, c’est exactement ce que les imaginaires non-woke attendent du cinéma. Voilà un portrait chromo, humain et flatteur, de notre célèbre Napoléon. C’est une belle image d’Épinal, une épopée technicolor grand format. Et on se délecte sans vergogne de ses salutaires bouffées d’héroïsme franchouillard.

  • Les grands hommes nous manquent ! Au diable les pudeurs et les reproches, sur ce qui ne sont le plus souvent que des anachronismes. Cette portion d’histoire est bien écrite par notre vainqueur. Par la suite cela va se gâter, il vaut mieux ne pas en parler.

La vivacité d’esprit de Napoléon / Pierre Mondy, et de ses principaux généraux, font merveille. Surtout quand on compare ce bouillonnement incessant, aux lourdeurs des dirigeants de la Troisième Coalition d’en face. En tout cas, comme c’est raconté et magnifié dans le long-métrage. On ne s’ennuie vraiment pas pendant l’exposé de ces « minutes » qui nous occupent pendant 166 minutes.

Cette bataille serait parait-il un chef-d’œuvre de stratégie. Un jeu d’échec s’engage et Napoléon qui a quelques pièces en moins, a cependant plusieurs coups d’avance. Napoléon arrive à contenir l’impatience de ses hommes. Il joue la carte d’une supposée retraite pour laisser s’aventurer l’adversaire. C’est très crédible vue son infériorité numérique. Tout le monde est dupe sauf le vieux Koutouzov (Polycarpe Pavloff).

Il faut pouvoir suivre ce déroulement implacable et nous ne sommes pas tous des historiens avertis. Qu’importe, on flaire l’esprit et l’idée général suffit à nous faire aller au cœur de l’action. D’ailleurs dans l’équipe de Napoléon Bonaparte, ils sont rares à avoir intégré tout le plan diabolique. Un travail considérable a été fait en amont, et la fluidité du commandement permet de réajuster le tir comme il faut en permanence. Il faut cela pour que 40.000 Français viennent à bout de plus de 100.000 ennemis et de deux autres empereurs.

La distribution est généreuse. Que de grandes figures ! La fine fleur du cinéma d’alors ! Pierre Mondy bien sûr, qui est une véritable révélation dans ce rôle. Il apporte ici une obstination et une détermination qui sied bien à l’empereurs et qu’on ne connaissait pas avec cette densité chez le comédien.

Mais il y a aussi Jean Marais, Martine Carol, Elvire Popesco, Georges Marchal, Vittorio De Sica, Michel Simon, Claudia Cardinale, Leslie Caron, Jack Palance, Orson Welles, Nelly Kaplan, Jean-Louis Trintignant, Jacques Castelot, Guy Delorme A l’époque le cinéma français était capable de ratisser large et les talents étaient on ne peut plus évidents.

Le vieux grognard Michel Simon a l’oreille (hum) de son « Tondu » d’empereur.

Austerlitz est située dans la Tchéquie d’aujourd’hui, à l’est de Brno.

  • Note mentale : c’est un pays dont je connais bien le nord-ouest et la capitale. J’ai fréquenté longuement certains de ses habitantgs. Il faudra quand même que je me décide à descendre au sud-est.

« Soldats, je suis content de vous.

Vous avez, à la journée d’Austerlitz, justifié tout ce que j’attendais de votre intrépidité ; vous avez décoré vos aigles d’une immortelle gloire. Une armée de 100 000 hommes, commandée par les empereurs de Russie et d’Autriche, a été, en moins de quatre heures, ou coupée ou dispersée. Ce qui a échappé à votre fer s’est noyé dans les lacs. Quarante drapeaux, les étendards de la garde impériale de Russie, cent vingt pièces de canon, vingt généraux, plus de 30 000 prisonniers, sont le résultat de cette journée à jamais célèbre. Cette infanterie tant vantée, et en nombre supérieur, n’a pu résister à votre choc, et désormais vous n’avez plus de rivaux à redouter. Ainsi, en deux mois, cette Troisième Coalition a été vaincue et dissoute. La paix ne peut plus être éloignée ; mais, comme je l’ai promis à mon peuple avant de passer le Rhin, je ne ferai qu’une paix qui nous donne des garanties et assure des récompenses à nos alliés.

Soldats, lorsque le peuple français plaça sur ma tête la couronne impériale, je me confiais à vous pour la maintenir toujours dans ce haut éclat de gloire qui seul pouvait lui donner du prix à mes yeux. Mais dans le même moment nos ennemis pensaient à la détruire et à l’avilir ! Et cette couronne de fer, conquise par le sang de tant de Français, ils voulaient m’obliger à la placer sur la tête de nos plus cruels ennemis ! Projets téméraires et insensés que, le jour même de l’anniversaire du couronnement de votre Empereur, vous avez anéantis et confondus ! Vous leur avez appris qu’il est plus facile de nous braver et de nous menacer que de nous vaincre.

Soldats, lorsque tout ce qui est nécessaire pour assurer le bonheur et la prospérité de notre patrie sera accompli, je vous ramènerai en France ; là, vous serez l’objet de mes plus tendres sollicitudes. Mon peuple vous reverra avec joie, et il vous suffira de dire, “J’étais à la bataille d’Austerlitz”, pour que l’on réponde, “Voilà un brave” »

https://fr.wikipedia.org/wiki/Abel_Gance

https://fr.wikipedia.org/wiki/Bataille_d%27Austerlitz

https://fr.wikipedia.org/wiki/Slavkov_u_Brna

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