Avis – Film – Love Is All You Need. Brosnan Dyrholm – Résumé. (2012) 6/10

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On s’en veut de se laisser piéger par ce genre ultra-sentimental.

Les grosses ficelles sont pourtant bien visibles.

Récit :

Un veuf, joué par Pierce Brosnan, est accaparé par son travail. Ce trader international en fruits et légumes est respecté dans sa branche. Il est même fêté par son personnel. Il est pourtant devenu froid, cassant et pour ainsi dire inhumain. C’est le cliché classique de la réussite qui serait finalement une malédiction. Démagogie !

Il faudrait bien sûr une femme dans sa vie.

Il dédaigne les avances d’une de ses collaboratrices.

Il n’est pas rare que quand cette une femme qui est derrière la caméra, elle mise sur une sorte d’andropause (qui n’existe pas) et crée pour les besoins de la cause, un homme plaisant mais à la vie strictement monacale. Une fiction qui est calquée sur l’abdication des femmes d’un certain âge dans ce domaine.

Pierce qui a depuis longtemps jeté sa panoplie d’espion, pour nous faire des rôles de vieux romantiques malgré-eux, est aussi le père du futur marié.


La femme campée par l’étrange Trine Dyrholm, est une personne méritante, qui lutte contre le cancer et dont le mari (Kim Bodnia) est un lourdaud et un goujat. Une modeste coiffeuse, assez commune, avec des grands yeux ronds toujours un peu étonnés. Cette Danoise de 40 ans, qui en paraît plus de 50, joue quand même encore à l’ingénue. Cette supposée sainte martyr, n’est pas ma tasse de thé.

Elle incarne la femme vertueuse, et qui bien qu’outragée, pardonne en toutes circonstances. Cela s’appelle l’amour. Mais attention chez les femmes, quand ce phare s’éteint, les serments éternels prennent fin instantanément. Ce sera le cas pour elle également.

Cette coiffeuse à perruque, rendue chauve par la chimio, est aussi la mère de la future mariée.

Il faudra demander à Zola, si on veut descendre plus loin dans le mélo.

Le mariage des gamins doit avoir lieu en Italie. Ce pays « so romantic » nous donne de belles images de carte postale.

La future est une gentille petite (Molly Blixt Egelind), illuminée par son futur destin. Elle voudrait 6 enfants et tout le tralala.

Le futur est un beau garçon (Sebastian Jessen) qui veut à tout prix croire à cette union. Mais qui en fait se bat avec son homosexualité. Cela fait un bail qu’il n’a pas honoré la jeune fille. Cela ne devrait pas trop bien aller.

On rajoute une tante très décidée, bien jouée par Paprika Steen, qui espère mettre enfin Brosnan dans sa poche. Elle a tout préparé. Elle interprète habilement ce genre de femme à la personnalité envahissante et qui pense pouvoir gérer la vie d’autrui. «  Ne nous mentons pas, nous sommes faits l’un pour l’autre ». Euh ? Eh bien non !

Un gros hasard fait que le père et la mère des futurs mariés, vont avoir un accrochage au parking à l’aéroport. L’histoire de nous montrer que la femme est à deux doigts de craquer et que l’homme est au contraire un roc infranchissable. Pour qu’un rapprochement réussisse, la fatalité du cinéma fait que cela doit très mal commencer. Tout se mérite, nous crie l’immanence des longs-métrages.

En Italie, le décor est fort joli. Tout est là pour nous dire que cela pourrait bien se passer. Plus dure sera la chute. Les dissensions entre les uns et les autres apparaissent.

Le vilain mari de la cancéreuse a eu l’audace d’amener sa jeune maîtresse, la bombasse Christiane Schaumburg-Müller. On voit bien la perfidie de la réalisatrice qui s’acharne à en faire une bac moins 10.

Vu le canon que ce ventripotent se trimbale, nous les mecs, c’est plus fort que nous, nous serions plutôt élogieux (nos excuses aux malades délaissées). Mais on n’a pas le droit car c’est le méchant emblématique de la vindicte paléoféministe. Et son fils va donc très justement lui casser la gueule.

Les femmes sont vengées.

Pas besoin d’en appeler au fiel de balance ton porc ou au lynchage par me too, ni même aux attaques larvées et suffisantes de l’armada féministe de France Culture ou France Inter (*)

La tante finit par se prendre un râteau. C’est bien fait aussi !

Et comme de bien entendu, le boss va se rapprocher, tout près tout près, de la coiffeuse en sursis. Le soleil et les beaux paysages de Sorrente vont adoucir les cœurs et les mœurs. Il va capituler en choisissant de réduire sa charge de travail, pour se consacrer aux « vraies » valeurs familiales et amoureuses.

En fait, on met en exergue la vie tranquille, sans menace, sans défi, sans compétition, telle que le regard féminin, souvent la conçoit. Avec cet amour autosuffisant que les femmes pensent être l’immense cadeau qu’elles ont à nous offrir. Il y a certes de la bonne volonté, mais c’est un peu court. Surtout quand la bulle menace de faire pschitt, avec un simple coup d’aiguille. On sait bien que le troisième larron du trio amoureux est souvent un homme de loi, très scrupuleux sur des intérêts très terre à terre. Difficile pour les futures divorcées, de jouer aux parfaites candides de nos jours.

Le mariage des jeunes n’aura pas lieu, car les deux postulants ont choisi de s’avouer la vérité de leur désamour. Ce qui de loin, peut donner l’impression d’une issue originale. Il n’en est rien. C’est juste la version inversée, mais tout aussi conformiste, des illusions de bonheur impérissable, celui consacré lorsqu’on passe devant Monsieur le maire. Simplement, la suite qu’on imagine encore plus grandiose, est reportée à plus tard. Le mariage reste la valeur ultime du script à la rose guimauve.

(*) Le talentueux Pascal Brukner contre l’arrogante Olivia Gesbert – Le 15/10/2020.

Pascal Bruckner, l’homme blanc, de l’intouchable au bouc émissaire…

https://www.franceculture.fr/emissions/la-grande-table-idees/pascal-bruckner

A signaler aussi son livre : Un coupable presque parfait: La construction du bouc-émissaire blanc

https://fr.wikipedia.org/wiki/Love_Is_All_You_Need

Pierce Brosnan
Kim Bodnia
Trine Dyrholm

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