Avis. High-Rise. film SF horreur raisonnée. Anti satire sociétale. Résumé. (2015) 8/10

Temps de lecture : 4 minutes

De la rétro science-fiction centrée sur 1975 et qui tourne à l’horreur.

Les urbanistes rêvent en secret de transformer le monde.

Au milieu des années 70, le « grand architecte » d’un complexe d’énormes immeubles, s’engage dans cette voie utopiste. C’est Jeremy Irons qui est au commande. Son premier bloc sert de terrain d’expérience.

Il occupe le dernier étage qui est un petit village en miniature. Lui et sa tribu règnent là. Quelques courtisans l’assistent. Sa femme habillée en bergère a droit à son petit Trianon. L’allusion est claire.

En descendant on baisse dans le niveau social. Tout en bas sont les plus humbles mais aussi les plus remuants. Certains ne se laissent pas faire. Des pannes surviennent, la révolte gronde.

Luke Evans nous fait un Richard Wilder – presque Richard Wild – qui ne s’en laisse pas compter. Il prend la tête de la fronde. Il va prendre des coups et en donner. Au paroxysme on cherchera à éliminer cet électron libre dangereux. On parle de lobotomie.

Tom Hiddleston joue le Dr Robert Laing, un anatomopathologiste (c’est Sotinel qui dit cela, mais ce n’est pas vraiment cela). Un beau gosse convoité par les femmes de son étage. Il est plutôt détaché et idéaliste. Mais il sera confronté à ces dérapages de la réalité, comme dans un cauchemar croissant. L’ambiance devient de plus en plus étrange. Il s’accroche. Il devra choisir son camp. En attendant il s’accroche à son pinceau et repeint ses murs. Il a presque dû tuer pour obtenir le dernier pot de peinture. Cela ne va pas très fort, là non plus.

La situation générale devient très dure à maîtriser. D’ailleurs il n’y a pas de police là dedans. Les semblants d’organisations mènent à des bandes qui s’affrontent. C’est un biotope incontrôlable. Les choses vont de mal en pis. Rares sont ceux qui ne sont pas morts ou blessés. Les scénaristes savourent cette hypothèse du grand délitement sociétal dans une sorte de tourbillon survivaliste. Ils s’en donnent à coeur joie.

Sienna Miller, Elisabeth Moss, Keeley Hawes, Sienna Guillory sont les femmes principales, qui gravitent tant bien que mal là dedans. Une fois que l’anarchie est plus ou moins complète, elles deviennent des proies. Les mâles dominants ne se gênant pas pour les accaparer. La sexualité semble la seule détente. Et ce n’est pas toujours jojo.

Comme plus rien n’arrive du dehors, et que les étages de supermarchés sont dévastés, on mange les chiens. Et on peut se demander s’il n’y a pas du cannibalisme.

Je pense qu’il faut se garder d’en tirer des leçons « politiques » ou d’en faire une vulgaire « satire sociale » ou une banale métaphore hyperbolique de la toxicité des tours. Ce n’est pas assez calé pour donner dans la thèse. Et puis c’est vraiment enquiquinant, cette tendance à toujours chercher un sens caché.

Prenons-le pour ce que c’est, une sorte d’œuvre d’art de la déliquescence. D’ailleurs si vous regardez bien, il y en a des tableaux de grands artistes là dedans. Et pour les scènes atroces, on pense à Bacon, bien sûr. La sélection de musique classique est de niveau élevé également. Cette esthétisation omniprésente et élitiste ne plaira pas à tout le monde.

C’est aussi une alternative « raisonnée » aux films d’horreurs, qui eux sont sans queues ni têtes.

Même si la réalisation de Ben Wheatley est basée sur un récit de l’auteur de science fiction bien connu J. G. Ballard, cela reste quand même éprouvant à voir. Mon 8/10 est osé, je ne suis pas sûr de pouvoir l’assumer entièrement.

On va quand même être généreux car le film n’est pas rentré dans ses frais.

https://fr.wikipedia.org/wiki/High-Rise

https://en.wikipedia.org/wiki/High-Rise_(film)

Tom Hiddleston
Luke Evans
Sienna Miller
Elisabeth Moss
Jeremy Irons

https://www.lemonde.fr/cinema/article/2016/04/05/high-rise-anarchie-a-tous-les-etages_4895784_3476.html

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