Avis, Kalki Koechlin bonne actrice. That girl in yellow boots, film critique. 7/10

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Ce n’est assurément pas un film comique dans la veine du Grand Blond avec une chaussure noire. Vous ne voyez pas le rapport ? Eh bien Pierre Richard se pointe dans le film avec une chaussure jaune… et une noire.

That Girl in Yellow Boots est bien dans le style dépressif du début des années 2010.

En vrai, le personnage principal est joué par Kalki Koechlin, une Française née à Pondichéry. Ses parents ont été sous l’emprise de Sri Aurobindo, dans la fameuse cité d’Auroville. Je parle d’emprise à dessein car je n’aime pas cette soumission irrationnelle, non dénuée d’hypocrisie. Le nom Koechlin sonne tout particulièrement à nos oreilles mulhousiennes.

La « petite » joue étonnamment bien. Et l’on croit facilement à son emploi de masseuse débrouillarde qui « fait les finitions », contre 1000 roupies supplémentaires.

Elle s’est assignée la lourde tâche de retrouver son père, qui vient de leur écrire une lettre. Pour cela elle part d’Angleterre pour rejoindre un sinistre Mumbai. C’est ici la ville de Slumdog Millionaire, avec son cortège de misères, de prostitution, de gangs et de débrouille. Mais Mlle Koechlin n’est pas Freida Pinto.

A présent, elle doit renouveler son visa. Elle parle l’Hindi suffisamment bien pour savoir se débrouiller. Et puis, elle a compris les rouages de la corruption ordinaire.

Elle est affublée d’un compagnon improbable. Un camé qui ne la traite pas trop bien. Il s’est fourré dans une sale galère et c’est Mlle Kalki qui doit payer pour lui. Ce qui donne des passages assez affreux.

Ce petit bout de femme tient bon, et ne s’avilit pas trop, malgré les branlettes rémunérées. Il faut bien survivre. Et c’est pour la bonne cause ; celle de rejoindre son père et mieux comprendre qui il est, qui elle est. Il n’y a pas de sot métier, il n’y a que de sottes gens.

Son paternel a déserté sa famille. Il serait désormais photographe aux Indes. Mais comme, il change souvent d’identité, il est difficile à tracer. A force d’obstination et de bakchich, elle finit par connaître son adresse. Elle ne le voit pas, mais des indices dans son appartement sont sans appel. C’est bien lui.

A partir de là, on « tombe » dans une intrigue psychanalytique. Ce père aurait violé sa sœur et l’aurait engrossée. Ce serait la raison de son suicide. Et là, sans qu’elle s’en soit rendu compte, c’est un de ses « clients » quotidiens. Son « meilleur ami » dit-elle, sans se douter que l’inceste se reporte sur elle. Quand elle comprend, grâce à une photo, c’est le plus profond dégoût. Elle veut même l’exécuter.

  • Ce père présumé joue très mal. Et on ne croit pas une minute à son personnage.

Elle remet ses bottes jaunes et retourne en Europe.

Tout cela a sans doute une logique, mais ces conjonctions circonstancielles sont un peu trop appuyées. C’est le gros problème des mélodrames qui doivent sans cesse en rajouter, pour maintenir l’attention irritée des spectateurs. Surtout que la prise de vue n’a duré que 13 jours !!!

Et comme souvent, quand c’est trop, on n’y croit plus vraiment. On a même la tentation d’en rire. Et cet alibi de la dénonciation #MeToo version inceste, ne doit pas nous condamner à « respecter » ce qui n’est qu’un film. Fort heureusement l’absence de moraline (activités de masseuse), compense un peu l’excès de pathos.

Kalki Koechlin a coécrit le scénario, ce qui n’est pas son vrai métier, et pourrait expliquer une certaine lourdeur d’écriture. Mais elle reste ici une actrice à la hauteur. Ce portrait d’expatriée qui surnage est bien intéressant. Surtout pour ceux qui comme moi, qui ont connu ce pays, naguère violent, avec très peu de moyens. Il y a de nombreuses scènes qui montrent une vraie connaissance du terrain. Ces petits détails ont leur importance et c’est pourquoi je remonte la note à 7/10.

https://en.wikipedia.org/wiki/That_Girl_in_Yellow_Boots

https://en.wikipedia.org/wiki/Kalki_Koechlin

https://fr.wikipedia.org/wiki/Maurice_Koechlin

https://fr.wikipedia.org/wiki/Slumdog_Millionaire

https://www.academie-francaise.fr/il-ny-pas-de-sot-metier

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