Avis, Kenny Begins. SF parodie x2. Suède, Suédoises et cinéma. 7.5/10

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En matière d’incarnation extra-terrestre, il y a là la simplicité bienveillante de « la soupe aux choux » avec « la denrée ». Mais pour le reste, il s’agit d’une œuvre plus conforme à ce qu’on attend d’un film de science-fiction. Quoique !

Dans cet océan de conformité et de wokisme qui règne dans le cinéma d’aujourd’hui, un tel film fait du bien. Le scénario peut semble simple à priori, mais il est bien plus futé qu’il n’y paraît. Et puis il y a cette bonne humeur communicative que j’aime bien retrouver dans ce cinéma nordique, quelles que soient les périodes de création.

Avec ce film suédois, nous voilà dans un exercice nouveau et acrobatique, que j’ose appeler « la parodie de la parodie ». Ce dynamitage habile des « films d’humour de science-fiction » est un méta-exercice nouveau. C’est un jeu difficile, mais qui me semble réussi, en ayant porté ainsi l’humour au carré.

Les concepteurs se doivent de garder les commandes, pour ne pas sombrer dans le n’importe quoi, tout en maintenant un haut niveau d’absurdité. Il faut quand même que l’ensemble ressemble à quelque chose et que le produit final résonne avec la sensibilité surprise des spectateurs.

Les aspects bric et broc ne correspondent pas à du cinéma pauvre. Ils sont vraiment là, pour amplifier encore cette parodie de parodie. Il n’y a rien d’économique dans ce film. Surtout pas l’esprit.

La tension humoristique viens du fait qu’on est toujours à cheval entre le grotesque et ce qui pourrait paraître comme « réaliste » dans un authentique film de science-fiction. Mais ici le grotesque est doublé d’une fine couche de pensée plus profonde. Juste ce qu’il faut pour ne pas nous ennuyer en nous faisant la leçon. A vous de découvrir ce qui est parfois de l’ordre du subliminal.

Le suédois est bien une langue extra-terrestre.

D’abord il faut de bonnes images, de bons trucages et des acteurs qui tiennent la route. L’extraterrestre principal Johan Rheborg est bien évidemment suédois. Ce faisant, pour nous, cela rajoute encore à l’étrangeté. Avec ces tirades « Ikea », il finit en effet par paraître venir encore plus d’un autre monde. Ce dernier point est évidemment involontaire. Ça n’a pas été fait sciemment pour troubler le public non suédois. Mais l’effet est bien là. Cette langue étrange devient la langue d’un autre monde pour nous. À l’intérieur de cette nouvelle linguistique, il y a deux expressions propre à cette planète inconnue. Dont le « Woolie boolie » qui est le « bonjour » de ce côté de la galaxie.

Cancre de l’espace.

Le cancre de l’espace est bien interprété par Johan Rheborg. Il est à la fois un Papageno, un Sancho pensa et tous ces personnages à la fois terre à terre mais attachants. Leur fonction a priori est de mettre en valeur les vrais héros, ici le couple de jeunes.

Ce personnage très ordinaire, n’est vraiment pas malin. Un sous-doué qui n’est vraiment pas fait pour les études.

Mais la chance pourrait bien lui sourire. Alors qu’il craint d’être obligé de choisir la carrière de coiffeur, il souhaiterait lui être un héros de l’espace. Le film lui donne sa chance.

Rassurez-vous, il ne sera pas un simple « marinero » mais un capitaine. Il atteindra ainsi très largement son niveau de profonde incompétence (Peter).

Heureux les faibles d’esprit car ils gagneront quand même à la fin. Voilà de quoi rassurer quant à la part de stupidité qu’il y a dans chacun d’entre nous.

C’est souvent comme ça dans les blockbusters, mais alors cela relève tout simplement de la démagogie. Ici c’est une autre dimension. On est au stade charmant de l’enfant qui ne comprend pas très bien ce qu’on lui raconte. il n’a pas bien écouté son cours et pour lui le trou noir c’est une poubelle. Voilà ce qu’il retient. Et quand on lui demande une solution dans un domaine qu’il a pourtant étudié, il élude. Il est quand même franc. Il transpose cela dans la sagesse de celui qui sait qu’il ne sait pas tout.

Nain à grosse tête. Au secours Ricky Gervais !

Brasse Brännström, le méchant principal, est un nain doté d’une grosse tête à circonvolutions bien apparentes. Ce chef suprême est très malfaisant. Comme il se doit.

Comme tous ces caractères infernaux, depuis James Bond (?), il n’arrête pas d’avoir un rire sardonique. Il se moque, tout en se réjouissant du malheur de ses victimes. Les trois mercenaires qu’il va employer pour retrouver son « mojo » (?), font peur, bien que dotés d’armes étranges et familières à la fois. L’un est du type « four », l’autre « ventilateur » etc. Ils sont à la fois risibles mais aussi assez conformes à ce que des super anti-héros doivent être. Vue de loin, ils ne devraient pas dénoter dans un film de science-fiction de type space odyssey ordinaire.

Handicap. Au secours Ricky Gervais !

Le jeune héros Bill Skarsgård est un handicapé à qui on fait un tas de misères. En particulier dans son environnement scolaire, où même la directrice se moque ouvertement de ses difficultés. C’est assez révoltant. Personne ne s’apitoie sur son sort. Et on est bien content qu’il redevienne normal, grâce à la pierre magique.

On n’est donc pas dans le larmoiement du workisme habituel. On se débarrasse de l’handicapé en supprimant son handicap. C’est très étonnant et cela ne pas pas plaire aux lobbies des « disabled ».

Et une fois « sain » il n’a pas de mal à convoiter et obtenir la plus jolie fille de l’école Carla Abrahamsen. C’est toujours comme cela. Le plus moche « un temps » se tapera la plus belle. Et on continue à marcher.

Conclusion et éloge de la Suède, des Suédoises (si si) et de leur production cinématographique.

Il ne manque plus qu’un Ricky Gervais pour assaisonner ce film. Décidément le cinéma suédois prend de l’avance et c’est très bien comme ça. Il y a chez eux à la fois une gaieté de vivre et une lucidité qui sont assez confondantes

Les acteurs sont bons et les rôles sont bien remplis ce qui donne l’ensemble beaucoup de consistance même si le sujet de Kenny Begins est barjot.

Le temps passe vite on ne s’ennuie pas. Bien sûr il ne s’agit pas d’un chef-d’œuvre stricto sensu mais d’une distraction assumée et bien réalisée. On sent qu’il y a du travail là derrière et sans doute que les concepteurs ne sont pas nés de la dernière pluie.

Dans ce film, on a bien campé les personnages. Et on n’a pas omis de nous mettre de bien jolies Suédoises… de l’espace ou non.

Je vais faire mon naïf : je ne sais pas si c’est fait exprès et il serait très facile d’envisager une suite, maintenant que cet univers nous est familier. Mais bien entendu il faudrait savoir poursuivre dans cette nouvelle voie de l’humour. L’ensemble de l’équipe en a les moyens. Le veut-elle ou veut-elle rester sur ce one-shot magistral. On n’en sait rien ?

Bon d’accord, je savais que ce travail de 2008 était basé sur la série télévisée Kenny Starfighter de 1997, où jouait déjà Johan Rheborg. Et donc à défaut d’une suite, on aura les épisodes précédents !

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