Avis. Résumé. Chungking Express (1994) Wong Kar-wai choc des images, délicatesse des sentiments 8/10

Temps de lecture : 3 minutes

Wong Kar-wai au top et ce dès 1994 !

Cette une double histoire sentimentale, qui n’est pas niaise du tout, et dont l’une devient très belle à la fin.

Des protagonistes qui pourraient se lier à l’avenir, se côtoient sans encore se voir, alors qu’ils sont à une distance « d’une seul millimètre ».

C’est donc d’abord un brouhaha relationnel, qui part dans tous les sens, et où dominent les stratégies utilitaires. L’opposé d’une prédestination des êtres et c’est bien comme cela.

On commence par une sorte de glaise pas très claire, avec des poursuites, des coups de feu, de la violence, des relations tendues et précaires. C’est le premier volet où les sentiments ont du mal à poindre tant ils sont écrasés par les circonstances. Un flic et une femme de la pègre vont finir par passer une nuit ensemble, sans se toucher et sans connaître l’histoire l’un de l’autre. Ce qui n’empêche pas certains sentiments.

Mais qui peut manger 30 boîtes d’ananas !

La deuxième partie n’est pas moins sauvage. En tout cas au début. On change de couple et on oblique vers la nonchalance amoureuse.

Et on finit par voir apparaître à partir de cette matière informe, une très élégante fleur de verre, finement ouvragée et multicolore, comme savent les faire les grands artistes chinois. Sa fragilité en fait le prix et la force. La romance se double alors d’une vraie poésie. Un choix est fait, mais cela pourrait en être un autre. Cela n’enlève rien à sa force. D’ailleurs rien n’est encore gagné.

L’ouest et l’est sont rapprochés en permanence, déjà parce qu’il s’agit du Hong-Kong libre et cosmopolite de l’époque… on y voit outre la faune classiques, des moyen-orientaux et des oiseaux de nuit divers. Il y a même un fast-food appelé Midnight Express .

Cette fusion des contraires s’observent dans les choix musicaux. California_Dreamin’ et autres standards US alternent fort à propos avec autant de belles chansons chinoises. La chanson fétiche de l’un s’intègre dans la bande musicale récursive du film.

La dernière partie est la remarquable envolée de ce couple timide, très attentif, quasi félin. Lui a un semblant de solidité terrienne et elle est franchement aérienne. Un petit oiseau plutôt à l’Ouest.

Ils se cherchent, se trouvent, se perdent et se retrouvent. Mais sans que cela soit prévisible et convenu. Le travail de Faye Wong et Tony Leung Chiu-wai est remarquable.

Nous autres spectateurs européens, pouvons perdre un peu le contrôle, car il nous est difficile de distinguer tout le monde du premier coup, comme par exemple entre le policier Matricule 663 et le 223. D’ailleurs ce n’est pas un mal puisque cela renforce encore le côté énigmatique de cette double intrigue.

La prise de vue est parfois de niveau amateur, mais ce serait du à un problème de financement du film. Le côté lumière naturelle ne gène pas trop finalement.

https://fr.wikipedia.org/wiki/Chungking_Express

https://fr.wikipedia.org/wiki/Wong_Kar-wai

Brigitte Lin
Takeshi Kaneshiro
Tony Leung Chiu-wai
Faye Wong

https://www.institut-lumiere.org/manifestations/chungking-express.html

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