Avis. Résumé. Mon ami Maigret. Depardieu, Jean Richard, Bruno Cremer 8/10 Rembob’INA

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Georges Simenon a écrit un roman policier qui se prête bien à l’adaptation cinématographique.

On connaît bien la version Bruno Cremer qui est très réussie.

La version Jean Richard la précède et est assez bien tournée. A noter que Gérard Depardieu est ici le peintre faussaire de l’histoire.

C’est fou d’ailleurs comme ces deux visions se ressemblent. L’ambiance vacances sur l’Ile de Porquerolles. rend l’affaire moins sombre que d’habitude. En plus l’assassinat précède le début du film. Pas de cadavre, pas de crime…

La proximité de l’inspecteur de Scotland-Yard et du commissaire parisien assure un autre amortisseur de tensions.

L’Anglais se baigne décontracté dans la Méditerranée. Alors que le Français qui ne veut sans doute pas se montrer dénudé, proclame qu’il « déteste l’eau ». On est quasiment dans l’intime. C’est nouveau.

Et puis il y a cette « Ginette » qu’il a connu dans une autre affaire et qu’il a protégé. Là encore cela devient dangereusement personnel.

Les différences selon les versions sont surtout dans les paroles et les attitudes. Mais le fond et une partie de la forme restent les mêmes.

Et en superposant Cremer et Richard, on se rend compte que l’épine dorsal et l’intérêt premier, tiennent en fait dans le déroulé du scénario. C’est à dire la façon dont l’intrigue finit par se révéler. C’est donc un art de conteur et de psychologue.

Si on prend l’histoire à l’envers, il n’y a pas trop à se fatiguer pour trouver le coupable.

Marcellin, « l’ami de Maigret » en savait trop et a cherché à en tirer profit. On l’a éliminé pour cela. Il avait découvert une affaire d’arnaque aux faux tableaux de maîtres. Ginette l’a aidé en évaluant les sommes en jeu, à l’aide du Larousse (page Corot).

La vieille rombière qui entretient des jeunes hommes, avait fini par se laisser piéger dans l’achat de faux tableaux à prix réduit.

La combine consistait à associer les talents de copiste du peintre hollandais, avec ceux du secrétaire influenceur qui batifolait avec la riche veuve.

Dès qu’on comprend que Depardieu (par exemple) peint des tableaux et a un passé trouble… puis qu’il cherche à s’enfuir en bateau… et que le secrétaire va planquer une importante somme d’argent à la banque de Saint-Tropez, on comprend que les carottes sont déjà bien cuites.

Il n’y a absolument pas de suspense ou d’autres suspects par ici.

L’enquête du Français est paresseuse et peu organisée. C’est comme si Maigret attendait tranquillement que le poisson morde. D’ailleurs le Français s’en excusera presque auprès de son homologue britannique, qui est là justement pour observer les « méthodes » du célèbre limier.

L’Anglais par contre est actif et avance bien de son côté. Cela en devient presque irritant pour Maigret. Mais dans la version Jean Richard, ils profitent l’un de l’autre et s’en portent bien.

Jean Richard ne s’en sort pas trop mal en Maigret. La tache est rude pour lui, puisqu’on le connaît surtout en comique et/ou en patron de cirque.

  • Les antécédents de drôlerie chez les acteurs font de curieux mélanges, comme ce Mister Bean / Atkinson en improbable Maigret. Un bide absolu.

Bruno Cremer, qui sait montrer qu’il porte tout le poids des péchés du monde sur ses épaules, est un grand Maigret. Comme le fut Gabin par exemple.

Micheline Luccioni (version Jean Richard) est crédible en Ginette, comme le sera Annie Sinigalia. Cette dernière est cependant plus mélodramatique, plus consistante.

Marie Daëms (version Jean Richard) nous fait une Mrs Wilcox un peu trop jeune. Je préfère Anna Korwin qui rend le rôle plus pathétique et plus touchant.

Colin Mann (version Jean Richard) et Michaël Morris se valent en inspecteur Pyke.

Gérard Depardieu (version Jean Richard) est imposant en jeune peintre copiste assorti d’une jolie fan et qui se la coule douce. Il était jeune alors et déjà incroyablement doué. Le dialogue fait qu’il affronte Maigret sur un registre de conflit de génération. Nous sommes au milieu des années 70, la jeunesse rejette le vieux monde.

Ce Rembob’INA débute par la projection de Mon ami Maigret avec Jean Richard. C’est un téléfilm français de François Villiers. Cette base permet à Patrice_Leconte d’analyser les interprétations anciennes, tout en promouvant sa propre version d’un Maigret de 2022 (Maigret et la jeune morte), où Depardieu est cette fois le commissaire. Sincèrement on a vraiment envie de voir cela. Serons nous enchantés ? Serons nous déçus ?

https://fr.wikipedia.org/wiki/Mon_ami_Maigret

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