Avis. Sing street. Film (2016) 7/10 Ferdia Walsh-Peelo

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Voilà une petite histoire bien racontée.

Elle concerne d’abord un jeune lycéen qui va créer à partir de rien, un groupe musical.

Cela se passe dans les années 80.

L’intérêt principal, c’est qu’il se lance dans cette aventure, sans en connaître le moindre rudiment. C’est joué avec talent, par le tout mignon Ferdia Walsh-Peelo.

Il s’est piégé lui-même, en se fabriquant de toute pièce, un rôle de chanteur, juste parce qu’il a échangé quelques mots avec une jeune fille charmante, qui lui a tapé dans l’œil. Il fallait impressionner.

Le but étant de la capter dans le groupe, d’intégrer sa plastique dans les vidéos, et donc passer le plus de temps possible avec elle.

Lui, est un lycéen de 15 ans, bien sous tous rapports, qui a fraîchement débarqué dans un établissement difficile, et qui n’en maîtrise pas les codes. Il fait petit jeunot quand même. Ses parents sont en train de divorcer. La situation financière n’est pas brillante, d’où le déclassement scolaire.

Elle, elle n’a qu’un an de plus que lui. Bien maquillée et sûre d’elle, elle paraît pourtant déjà une jeune femme accomplie. Presque orpheline, hébergée en foyer, hors du circuit scolaire, elle rêve d’être mannequin. Elle en jette, on peut croire à son projet fou. Elle prendra une gamelle. Lucy Boynton interprète cette personne à multiples facettes.

Pour eux, Dublin c’est la cambrousse. Ils rêvent de la grande Angleterre.

La constitution du groupe est en soi un poème.

Les participants sont trouvés ici ou là parmi les collégiens. Les personnalités très diverses et les styles opposés, se combinent plus ou moins bien. Mais on fait avec. Et cela contribuera d’une manière ou d’une autre à un métissage original.

Tout en maintenant un bel enthousiasme de façade, chacun progresse au sein du groupe à sa manière.

Cette construction, somme toute guidée par le hasard, repose davantage sur la bonne volonté que le talent. C’est très bien raconté. On marche à fond.

Ceci d’autant plus que le film ne va pas mener nécessairement à un avenir radieux du groupe. Cette savante indétermination, on la retrouve à tous les étages. Et c’est ce qui fait le sel du long métrage.

Bien entendu, on échappera pas au rapprochement du mannequin et de l’enfant. Cela passera par des transformations qui feront d’elle une fille plus en phase avec son âge réel et de lui un garçon plus mature et qui s’affirmera.

Le grand frère joue un rôle important pour orienter le devenir de l’équipe. Ce personnage très bien interprété par Jack Reynor, est habillement dessiné. Ces interventions sont constructives. Il s’implique d’autant plus à fond – mais à distance – qu’il pense avoir lui raté le coche de l’émancipation.

Le groupe passe par de nombreuses phases de mimétisme approximatif. Les principaux courants de l’époque sont représentés. The Cure, Duran Duran, Depeche Mode, Bowie…

Un beau travail de costumes, de coiffure et de maquillage.

Ces gamins se heurtent en permanence à une hiérarchie catholique étriquée. Mais dans un élan salutaire, ils lui feront un sort. Un peu comme dans le film « If », I presume.

Les acteurs sont frais et charmants. Le scénario intègre de vraies séquences musicales et d’émouvants clips vidéo artisanaux. Bien !

Les dernières images, alliant liberté et périls, montrent clairement que tout n’est pas gagné d’avance. Et c’est mieux comme cela. Cela signe les films de maintenant. Ceux qui choisissent de laisser la porte ouverte en sortant.

L’ambiance de ces années est bien rendue. Un beau travail, un poil nostalgique je suppose, de l’Irlandais John Carney.

Les films qui font référence à nos années 60-70, sont bien dépassés à présent. Voilà la saine relève, celle des années 80.

https://fr.wikipedia.org/wiki/Sing_Street

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