Avis. 37°2 le matin (1986) Psychiatrie. Djian enfer lucide. Beineix paradis naïf. 7/10

Temps de lecture : 4 minutes

Une “histoire con“, c’est Philippe Djian  qui le dit !

“Une belle enflure” ? Là c’est le journal Le Monde qui se venge.

Pour avoir le rapport complet, voir ce lien : 37°2 le matin (1986) Beineix paradis naïf, Djian enfer lucide. 7/10

Vous trouverez ici un avis général + pschiatrique.

Djian est cet écrivain reconnu qui est à la base du livre du même nom et du récit filmé. C’est un amateur éclairé de Céline. Comme lui, il joue des rythmes de phrases, des sonorités des expressions, du sens des mots et de l’Impressionnisme de sa propre palette. Sa « petite musique », posée sur ces belles images, est à même de faire un bel opéra.

Le réalisateur et co-scénariste Jean-Jacques Beineix a su préserver une bonne partie de ces atmosphères, sans se contraindre à respecter tout le plan initial.

Un film plus cul que culte.

Le début de ce film fortement sexué est mouvementé et étonnant. La prise de vue respire à plein poumons. La vie de ces jeunes sans fortes contraintes, paraît belle et même enviable.

Non, la passion amoureuse ne sauve pas de la folie.

C’est souvent comme cela dans la vraie vie. Les proches ont du mal à voir les pathologies mentales et leur étendue. De plus tous ces protagonistes, réalisateur compris, doivent être dans cette mouvance, si commune, qui ne croit pas trop à la psychiatrie.

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Quand on voit la façon dont sont traités les questions psychiatriques au cinéma, il y a souvent de quoi se taper la tête contre les murs (hum).

Ici le point de vue adopté au début, lors du développement de la maladie, n’est pas si mal. On ne sait pas trop de quoi il s’agit au juste et on laisse faire. C’est souvent comme cela. C’est bien de montrer ces errances.

Ce qui est plus embarrassant, c’est cette attitude anti-psychiatrique très convenue, telle qu’elle est exposée par la suite.

S’il s’agit ici, comme on peut sérieusement le penser, d’une évolution schizophrénique, il est bien dommage que les signaux alarmants n’aient pas été l’occasion d’une prise en charge plus précoce.

On n’aide pas les familles non plus, en rejetant sans aucun fondement l’aide réelle que peut apporter la médecine.

Que faire de ce nihilisme désabusé où la folie est la norme : « N’empêche que par moments la vie vous offrait un spectacle abominable et où que vous posiez les yeux, c’était la fureur et la folie. C’était charmant, c’était ce qu’il fallait vivre en attendant qu’arrivent la mort, la vieillesse, la maladie, c’était carrément marcher vers l’orage, faire à chaque fois un pas vers la nuit. »

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Je me doute bien qu’en assenant un constat « médical » aussi glaçant, je vais faire échapper toute la poésie immédiatement. Et ce faisant, les nostalgiques de l’époque verront en moi un vieux con, tueur de rêves.

Je sens qu’il existe une troisième voie, à distance égale de la froide observation clinique et de l’anti-romantisme charnel et naïf du film. J’ai la nette impression qu’il y avait quelque chose de mieux à faire avec de telles bases de scénario. Mais il aurait fallu se débarrasser de tout un fatras idéologique. Ce qui était difficile à l’époque.

Ces deux là semblent nous dire : nous sommes plus libres que vous. Laissez nous nous aimer tranquille. Notre vie doit être un magnifique feu de paille. A nous de choisir aussi notre fin. Mais ce manifeste des années 80, montre à présent ses limites. Cette rébellion n’est pas aussi intemporelle qu’on le croyait.

Nos deux tourtereaux ne sont pas très malins et au fond ils se sont torpillés eux-mêmes. Leur belle liberté a été un sinistre enfermement. Mais il y a encore peu de monde de nos jours pour oser leur dire. C’est dire à quel point l’idéologie relativiste est encore prégnante.

Djian qui a écrit le livre éponyme est sans doute plus lucide : « ce qui m’intéressait était de raconter une histoire con, mais de l’écrire bien »

Il existe une version plus longue d’une heure (3 heures en tout). Je suis inquiet.

(*) Leurs attributs sont montrés en long et en large, ce qui devient parfois gênant. Ce n’est pas une question de pruderie, mais de lassantes répétitions. On n’a pas toujours envie d’avoir un balancier flasque et poilu au beau milieu de l’écran.

Pour avoir le rapport complet, voir ce lien : 37°2 le matin (1986) Beineix paradis naïf, Djian enfer lucide. 7/10

https://fr.wikipedia.org/wiki/Gruissan

https://www.lemonde.fr/vous/article/2009/07/18/37-2-le-matin_1220253_3238.html (une critique assassine et un règlement de compte)

https://fr.wikipedia.org/wiki/Louis-Ferdinand_C%C3%A9line

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