Avis. The WHO. Wight 2004. Pete Townshend, Roger Daltrey 8/10

Temps de lecture : 4 minutes

Ce concert de 2004 est précieux, surtout dans son mixage DVD de 2017. On est passé dans l’univers visuel HD / blu-ray, avec des images léchées et un son 5.1 bien compris. De quoi restituer avec une haute fidélité ce grand évènement. Le public est totalement monopolisé par le spectacle. On voit leur bras au dessus des têtes qui vibrent à l’unisson. Tout le monde est conscient de l’importance de cet happening.

Deux heures de pur bonheur pour quand même deux heures vingt de prestations hyper-énergétiques. J’ai soustrait 20 minutes, car il y a forcément quelques passages que l’on apprécie moins.


Ce qui dépasse l’entendement, c’est l’incroyable engagement/implication (commitment).

Pete Townshend, 57 ans, a beau nous dire publiquement qu’il est souffrant (« I am ill »), son tonus est celui d’un jeune homme. Déjà pour les prouesses articulaires. Il se plaint même que le son diffusé n’est pas assez puissant, comme s’il avait l’objet d’une restriction par les habitants pantouflards de l’Île. Il paraît cependant qu’il souffrirait réellement de troubles auditifs.

  • Le magazine Rolling Stone en a fait le dixième meilleur guitariste de tous les temps.

Roger Daltrey, 58 ans, a moins de cheveux blancs, mais il ressemble davantage à un homme de son âge. Sa voix a un peu perdu de puissance, mais sa force de conviction nous emporte toujours comme avant.


Ce couple est indissociable.

Leur musique comportait déjà à l’origine des contrastes saisissants.

Avec le plus souvent un fond de musique énorme, voire assourdissante qui ne faisait pas bon ménage avec de mauvaises salles (j’ai connu cela en son temps, dans un hall de l’est de la France). Il y avait – et il y a toujours – de la rage entraînante, quasi à l’état pur là dedans. Et l’on sait bien que l’on se doit d’être révolté à l’aube de la vie active. C’est plus inquiétant chez les pépés du rock, sauf s’ils sont redevenus créatifs comme ici ou s’ils savent magner l’humour, comme dans d’autres brillants rescapés de la pop (Pink Floyd, Jethro Tull…)

Ce déferlement étant temporellement modéré par des séquences douces, voire de la guitare sèche toute nue et frémissante. On attend de rejoindre ces îlots calmes avec plaisir.

  • Je n’étais pas convaincu dans les années 70 que leurs œuvres donnaient dans le subtil. On avait plutôt à faire à des petits démons de l’enfer qui trituraient du magma brut. Mais là, avec les rajouts et les belles fioritures, cela engendre nettement plus de respect.

De nombreux musiciens complémentent le duo : Simon Townshend (guitars, vocals), Pino Palladino (bass), Zak Starkey (drums) and John “Rabbit” Bundrick (keyboards, piano). Je suis toujours impressionné par la capacité de ces « jeunes » d’incorporer parfaitement le répertoire. Ce n’est pas leurs chansons et pourtant il n’y a pas une fausse note.

C’est avant tout une sorte de « tribute » au passé. Ils étaient là en 1970 devant … 600.000 personnes. A cette époque la simple évocation de l’île de Wight et de son festival faisait bouger toute la jeune Europe. Il n’y avait pas besoin d’aller vérifier sur Internet, le bouche à oreille de quelques wanderers suffisait à nous mobiliser.

  • Malheureusement j’ai raté l’évènement. Mais j’ai de bonnes excuses, ayant été dans des lieux tout aussi mythiques au fin fond de l’Asie dans les contreforts de l’Himalaya.

Cette affaire, si bien menée, c’est du lourd. En particulier pour les chansons emblématiques revisitées. Les fans espèrent toujours le vieux répertoire, dans lequel ils ont leurs habitudes. Ce travers qui n’en est pas vraiment un, vient du fait que nous écoutons désormais 100 fois les mêmes œuvres. Et donc que la moindre variation pourrait passer pour une trahison.

Mais là, nos deux larrons se permettent de hisser les productions anciennes iconiques encore plus haut. Ils jouent avec nos repères et propulsent des ellipses stratosphériques à partir de là. A tel point qu’on pourrait parler de recréations. C’est aussi le propre de la musique qui joue aussi sur notre mémoire de fixation. Les artistes les plus doués s’échappent, quand il le faut, suffisamment loin des lignes principales originales, mais sans prendre le risque de se satelliser complètement ailleurs. Cela devient un jeu d’esprit qui nous comble. On voit cela dans les savantes improvisations du jazz. Et bien entendu, c’est profondément médité et construit avant. Mais le charme opère chez nous, car pour nos oreilles, c’est à présent une découverte. En tout cas lors de la première audition. Par la suite, si vous avez le streaming facile ou les DVD, vous retomber dans l’hypothèse 1 de la mémoire à long terme.

Les bis du final avec See Me, Feel Me et Magic Bus, sont à tomber par terre.

  • Et bien que j’aurais du me coucher depuis longtemps, n’ayant voulu qu’effleurer le streaming pour y revenir plus tard, j’ai suivi cela de bout en bout.

DISC ONE

I Can’t Explain

Substitute

Anyway, Anyhow, Anywhere

Who Are You

Behind Blue Eyes

Bargain

Baba O’Riley

The Punk And The Godfather

5:15

Love Reign O’er Me

Eminence Front

Drowned

DISC TWO

Naked Eye

Real Good-Looking Boy

You Better You Bet

My Generation

Old Red Wine

Won’t Get Fooled Again

Pinball Wizard

Amazing Journey

Sparks

See Me, Feel Me / Listening To You

Magic Bus

https://en.wikipedia.org/wiki/Isle_of_Wight_Festival_2004

https://fr.wikipedia.org/wiki/Jethro_Tull_(groupe)

https://fr.wikipedia.org/wiki/The_Who

https://fr.wikipedia.org/wiki/Pete_Townshend

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