Babi Yar, contexte. Témoignages filmés sans commentaires. 8/10

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Sobriété du titre et sobriété du contenu.


La réalisation a décidé de s’effacer devant les témoignages filmés d’époque, qui se suffisent à eux-mêmes. Et là les séquences inédites sont légions.

Pas de voix off, contrairement à tous les autres documentaires sur la guerre. Juste quelques panneaux, comme à l’époque du muet. On peut penser par soi-même.

Le résultat est étonnant. Pour une fois on laisse parler sans censure, les séquences prises par les deux camps.

D’abord c’est l’avancée « triomphale » des Allemands dans le cadre de l’opération Barbarossa. Les soldats et les prisonniers sont innombrables.

Et là, de nombreux Ukrainiens des villes considèrent imprudemment que ce sont justes des libérateurs du joug soviétique. La ritournelle des ennemis des ennemis qui seraient des amis, en a piégé plus d’un.

Et le climat se gâte rapidement, puisque en tant que slaves, ils sont considérés comme des moins que rien, corvéables à merci. Des attentats ont lieu contre le nouvel occupant. La répression sera ciblée sur les juifs. Ils doivent tous disparaître. C’est dit sur les affiches officielles où ils sont traités de youpins.

Les pogroms et autres exactions sont multiples. Cela commence à Lviv dès 1941, où le « bon » peuple participe.

C’est après cela qu’on introduit le massacre organisé de Babi Yar. Ce drame considérable, organisé par les Einsatzgruppen se situe à Kiev. Il ne prend que peu de place dans le film en tant que tel, puisque bien sûr aucun des éventuels documents filmés n’est ressorti.

Et le récit se poursuit, à coup d’extraits de films d’époque, avec la mise en scène lors du retour des soviétiques en 1943. Et c’est bien Khrouchtchev qui fait un discours.

Le « contexte » Babi Yar ne s’arrête pas là. Les nouveaux occupants communistes, ont organisé un procès. Les témoignages retranscrits largement sont glaçants. Un vieil homme a entendu les cris déchirants d’une persécutée. Les témoins sont aussi de rares rescapés, qui ont feint d’être mort dans ces fosses. Mais un soldat allemand décrit aussi la tuerie qu’il a lui même faite.

Une pendaison publique sera organisée. La foule est énorme, mais sans doute moindre que celle qui applaudissait les Allemands jadis.

Le film de deux heures, se termine par le colmatage du lieu de mémoire Babi Yar, puisqu’il faut désormais laisser la place à l’expansion des vivants. Je comprends mieux qu’à Kiev, j’ai eu tellement de mal à le localiser.

https://fr.wikipedia.org/wiki/Babi_Yar._Contexte

https://fr.wikipedia.org/wiki/Pogroms_de_Lviv_de_1941

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