Le film fait vraiment vieux pour son âge.
L’action se passe environ 100 ans avant le long métrage, mais cela n’excuse rien. Cette lenteur tient plus des fiacres que Stephen Frears a dans la tête, que des sautillants débuts de l’automobile. Il est clair qu’il ne l’a pas fait exprès (*)
Cet éléphant somnolent s’attaque sur le tard, à ce joli morceau de littérature. Il réussit à mettre pas mal de pesanteur dans cette troublante histoire romantique. Est ce que c’était ce qu’il fallait ? Franchement je ne pense pas qu’il ait bien traité le bouquin de Colette.
Michelle Pfeiffer a ici la cinquantaine. C’est une actrice, qui a été une des plus belles femmes du monde. Elle se met ici clairement en danger. On la voit quasi vieille, en particulier lors de l’explication finale avec son très jeune amant. Là c’est voulu et cela colle parfaitement avec le texte.
Rupert Friend joue bien ce giton inconséquent, qui a été dorloté des années par cette maîtresse, plus âgée.
Au début, il était enthousiaste. Il était flatté que cette grande courtisane devienne sa maîtresse attitrée. Il profitait de son expérience, de ses qualités amoureuses, de sa réelle affection, de son intelligence et de toutes ses qualités mondaines.
Et elle savait bien qu’elle donnait tout son amour, dans ces derniers feux. Une démarche très sincère pour une demi-mondaine, dont le « métier » consiste à bien mentir sur ces vrais sentiments.
Vers la fin, elle s’excusera de l’avoir couvé pour son propre plaisir, de l’avoir empêché de grandir, en quelque sorte. En raison de cette parenthèse enchantée, ce beau jeune homme n’a pas été confronté aux réalités de la vie.
Dans le scénario, c’est le fils d’une ancienne collègue cocotte, incarnée par une assez repoussante Kathy Bates. Bien qu’elle connaisse sa liaison durable avec Michelle, elle a décidé de le sortir de l’impasse en le mariant avec une jeune, belle et riche jeune fille. Elle y a mis les formes, pour ne pas trop heurter son amie.
Mais les deux amants sont solidement attachés l’un à l’autre. Les deux souffrent quand même beaucoup. Ils se retrouvent en cachette, ils se séparent à nouveau, et ainsi de suite.
La jeune épouse est délaissée. Personne n’est vraiment gagnant dans ce manège.
Il faut revenir à la raison. On va vers la rupture définitive pour ces amants de coeur, à grande différence d’âge.
Elle entamera franchement son hiver.
Lui est parti pour souffrir, compte tenu de son impréparation à la vie normale. Bien qu’il prenne ses distances, il persiste à l’aimer profondément. Elle lui explique qu’il devra apprendre à assumer sa charge, en tant qu’homme responsable.
Étaient-ils l’un pour l’autre, l’amour d’une vie ?
Cela pourrait être très fin et autrement profond et émouvant. Michelle Pfeiffer et Kathy Bates réussissent à nous faire oublier leur origine américaine, ce qui n’était pas gagné d’avance. Et l’anglais Rupert Friend ne se débrouille pas si mal que cela, chez les mangeurs de grenouilles. Dommage que ces trois là, se soient compromis avec ce lourdaud de metteur en scène.
(*) Ce mastodonte a toujours été un drôle de réalisateur. Il a donné le plus souvent dans le curieux, le moyen ou le moins bon. Des films que j’ai vu, il n’a jamais jamais monté dans mon estime au dessus du 6/10. Bien que les sujets aient été audacieux, il manquait toujours quelque chose.
Voir librecritique.fr/?s=frears
cheri-les-noces-improbables-et-emouvantes-de-stephen-frears-et-de-colette
https://fr.wikipedia.org/wiki/Ch%C3%A9ri_(film,_2009)
Michelle Pfeiffer
Rupert Friend
Kathy Bates