Claude Dornier, pionnier de l’aviation (Pionier der Luftfahrt) (2018) 6.5/10

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Une nouvelle tendance filmo-biographique tend à dresser un portrait plaisant d’un personnage célèbre, avec la complicité des familles.

Soit que le projet soit directement porté par les proches, soit que leurs interventions soient « négociées » contre quelques accommodements avec la réalité. L’image, toujours l’image !

Ce regard plus intime est souvent plaisant et instructif. Mais ces belles histoires doivent quand même être prises avec des pincettes.

Le « Français » Dornier né en Allemagne, a du se battre tôt pour soutenir sa famille. Il a bouclé dans la précipitation ses études d’ingénieur. Après un parcours chaotique et peu reluisant, il a fini par s’imposer comme technicien chez le Graf Zeppelin. Lequel a vraiment été son ami et protecteur.

Il a eu des errances et des projets irréalistes. Mais aussi quelques coups de génie. Comme pour l’utilisation nouvelle de profilés en alu, dans les plus légers que l’air, puis dans les plus lourds.

Selon la légende propagée par le « documentaire », il aurait eu de « visions » d’avenir. Au sens propre. Et en particulier pour ce à quoi on l’associe le plus souvent, les hydravions.

On lui doit l’emblématique Dornier Wal de 1922. Un avion très novateur mais un concept économique discutable.

Il en fut de même avec le plus grand avion du monde de son époque, le Do X. Un projet abouti mais financièrement désastreux. Vu sa lourdeur, on ne pouvait embarquer que peu de fret ou de passagers et donc le prix du transport au kilo était rédhibitoire.

Pourtant tout se doit être édifiant dans ce récit linéaire. On n’a cependant pas toujours le choix, il faut aussi parler de sa collaboration à l’effort de guerre allemand. Mais on s’empresse de minimiser.

Il a certes utilisé des travailleurs forcés… mais pas autant que les autres constructeurs. Et puis comme son usine a été précocement bombardée, il n’a pas eu le temps de se servir dans les camps de concentrations comme ses collègues. Cette belle âme qui a adhéré au Parti national-socialiste a été blanchie à la fin de la guerre. On avait encore besoin de lui.

Suit un raccourci saisissant. Après d’autres tentatives infructueuses dans l’aviation, qui auraient du le mettre à terre, on le voit subitement à la tête d’une entreprise de hautes technologies qui brasse dans toutes les directions, et qui emploie 12.000 personnes ! Une sorte de pépinière de talents à la Google, ou Menlo Park, qui a inventé entre autre la lithotritie (ils insistent là dessus).

On ne tait pas non plus les questions d’héritage après sa mort. Il faut dire que tout le monde est au courant en Allemagne. Les enfants issus des deux femmes que l’inventeur a épousé, ont été souvent en bisbilles.

L’histoire commence et se termine par une sorte de vente forcée de l’entreprise florissante. L’État voulait un regroupement des ces fleurons nationaux. Et le plus offrant était Daimler-Benz.

Le deal est encore secret mais on parle d’un milliard de deutschemarks. La descendance n’est donc pas dans le besoin.

C’est là qu’interviennent enfants et petits enfants du patriarche. Ils se montrent sous leur meilleur jour. Certains font valoir leur petite musique en montrant leurs créations présentes. Lesquelles ne semblent que de copies modernisées des avions du passé.

Mais bon, comme ils ont ouvert leurs archives et fait profiter de leurs commentaires, on leur doit bien ces intermèdes publicitaires.

Reste qu’il y a de belles images de l’époque et un récit facilement palatable.

https://www.arte.tv/fr/videos/073456-000-A/claude-dornier-pionnier-de-l-aviation/

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