Du Rififi à Paname (1966) 4/10 Gabin vieilli, Patellière peu inspiré

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Objectivement, que reste-t-il de ce film que d’aucuns considèrent comme culte ?

J’ose dire : pas grand-chose.

C’est un cinéma de genre, en ce sens que les protagonistes se donnent un genre bien visible. ici il s’agit de conventions, dont le but est de permettre distinguer instantanément à l’écran, la pègre du tout venant.

C’est clairement codé ainsi, en ce qui concerne les habits, les figures, les bagnoles, les façons de se mouvoir, la boisson, le comportement méprisant avec les femmes et le reste du monde, la manière de se parler.

Et comme si cela ne suffisait pas, on insiste encore par de petites scènes qui montrent la franche démarcation entre les affranchis et les caves.

  • On voit cela à l’écran, avec ce pigeon qui se fait plumer par une entraîneuse et qui bien sûr n’a aucun recours possible auprès des protecteurs de ces belles. C’est comme cela quand ces dames vont aux asperges. Sacrée Mireille Darc, elle n’a vraiment pas peur de voir sa carrière compromise.

Les malfrats de base se doivent d’être reconnaissables au premier coup d’oeil et pas que par leur sale gueule. Ce qui n’est pas sans poser de problème. Et même Gabin finit par demander à ce qu’on planque son immense Mercedes 600 papale, parce qu’il est repéré. On est effaré qu’il est même penser à l’acheter !

  • A noter qu’on fait passer Gabin pour un nonagénaire alors qu’il n’a là que 62 ans ?

De la même manière, l’imperméable, le regard confiant et autres accessoires, identifient instantanément les policiers.

Les caïds ont une place à part. Ils peuvent s’affranchir de certaines règles. C’est à leur capacité à louvoyer dans cette jungle qu’on les reconnaît. Et donc Gabin, Gert Fröbe et quelques autres jouent leur propre partition.

Mais là aussi, leur comportement indépendant, respectent des conventions cinématographiques. C’est même tellement criant que les films parodiques s’en sont donnés à coeur joie.

On moque leurs marottes ; untel fera de l’antiquaille, un autre aimera son chien plus que ses hommes. Leur sentimentalisme en privé sera en parfaite opposition avec leur cruauté froide dans le milieu. Et tout un tas d’autres choses. Il doit y avoir un bréviaire pour cela.

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Après une mise en place si fastidieuse, on espère quand même pouvoir se dérider avec une intrigue palpitante et des dialogues de qualité.

Un problème majeur vient du fait que les dialogues d’Alphonse Boudard n’arrivent pas à la cheville de ceux d’Audiard. S’en est presque déprimant. On sent que la route va être longuette sans pouvoir allumer cette radio là.

Et il faut bien dire que cette histoire George Raft du FBI qui fait la taupe, est bien peu crédible et désespérément plate. Il infiltre sans difficulté la mafia et profite des rivalités dans le milieu.

  • Gabin, tel un père de famille souche, incorporera le « petit » à la grande tribu. Il ne va pas apprécier la trahison de son protégé. Ce mauvais fils aura droit à une claque à la fin.

Les uns et les autres ont beau s’agiter, prendre des postures, se menacer mutuellement, tirer à tout va, poser des bombes, on s’ennuie ferme. Le scénario n’est pas intelligent.

Pour tout dire, il n’y a que le feeling et la violence qui font avancer les choses. Les vieux rusés « sentent » ce qu’ils doivent faire. Curieuse manière de diriger de si grandes entreprises. Ils vont s’aider de quelques tortures pour qu’untel s’allonge. Ce ne sont pas les ressorts le plus convaincants quand on traite de combines de haut niveau. J’y vois plutôt la paresse des gribouilleurs (dont Auguste Le Breton?).

Reste les voyages à Paris, Tokyo, Munich. Mais pour cela on aurait préféré un bon reportage.

Fin d’un mythe.

https://fr.wikipedia.org/wiki/Du_rififi_%C3%A0_Paname

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