Femmes disciples de Jésus. Helen Bond, révisionnisme féministe de salon. 4/10.

Temps de lecture : 3 minutes

En anglais : « Jesus’ Female Disciples: The New Evidence » et l’on doit cette réalisation à Anna Cox.

***

D’après ce que j’entends, il y aurait des grosses sympa « des bonnes grosses » et des grosses désagréables et envahissantes qui brillent par leur suffisance et leur insolence. Mais a-t-on le droit de dire cela de nos jours ?

La massive Helen Bond et son faire-valoir Joan Taylor, se disent historiennes de la Bible. Dans ce numéro à la Laurel et Hardy, elles occupent tout l’écran et ne le lâchent pas. Le sujet est soit bâclé soit totalement survolé.

Le plus important étant que ces dondons triomphantes s’affichent. Leurs ratiocinations ne tiennent guère la route.

***

Elles voient dans cette antiquité biblique, des maîtresses femmes partout, au point que l’on peut se demander, ce que fait le pauvre Jésus dans cette galère. Ce systématisme est suspect. Dans l’ensemble on est dans une franche vulgarisation tout venant et sans contrôle ; peu à voir avec une approche scientifique.

Ce Jésus là serait financé par de riches bonnes femmes. Sans elles, il ne serait rien du tout. Qu’on accorde ou non de l’importance à l’historicité de ce personnage, cette vision est juste bébête et basé sur trois fois rien. Elle présentent cela comme « les nouvelles preuves » alors que c’est écrit dans un évangile et que cela n’a pas l’ampleur qu’elles leur prêtent : « Des femmes les accompagnaient et les servaient en prenant sur leurs ressources » (Lc 8, 1-3). Jésus ne travaillant pas il a bien fallu qu’il bénéficie d’aides et celles-ci n’étaient le seul fait des femmes et encore moins de toutes les femmes de l’entourage.

Des disciples femmes, il y en aurait des tas. Peu importe que les apôtres officiels soient des hommes. C’est bien évidemment la résultante d’une conspiration de mâles toxiques des premières églises.

Ce révisionnisme ultra-bancal, issu de leçons mal apprises de la branche extrémiste du féminisme de salon, est consternant.

La seule incise non débile aurait consisté à remettre en selle Marie-Madeleine, dont Jésus ne dit pas qu’elle est son meilleur disciple… mais meilleure que tous ses disciples. Elle est donc hors compétition mais avec un statut flatteur. Bon d’accord, c’était quand même la femme du prophète.

En 2020 le Pr australien Paul Georges avait déjà pointé de grosses incohérence dans ces ramassis de sottises :

« À bien des égards, Helen Bond se trompe. Sa théorie des origines chrétiennes est bâtie sur du sable. Whittaker avait raison. La religion du christianisme a été instituée comme une conséquence involontaire de la guerre juive romaine de 66 à 70 CE. Jésus est un personnage littéraire dont l’existence a été déduite d’événements traumatisants et des livres saints des Juifs. Les évangiles tentent d’expliquer d’où vient la religion. Les évangiles du Nouveau Testament ne sont pas uniquement vrais ou même à moitié vrais. Ils font partie d’un ensemble plus large de contrefaçons pieuses qui ont été créées par les premiers chrétiens pour étayer la foi et persuader les païens de la véracité de leurs affirmations. »

Il y va fort quand même. Mais c’est de bonne guerre.

***

Bon, en ce qui concerne la critique télé en général, ce n’est pas brillant. On dirait qu’ils ont toujours la pétoche de critiquer un documentaire ; comme si tout ce qui se prétendait « culturel » était recevable. Alors que c’est tout le contraire c’est la matière destinée aux esprits critiques. C’est ça la démarche scientifique.

Et les sites motorisés qui font le service minimum et qui utilisent ce que produit une autre machine, se contentent d’ânonner ceci :

« Helen Bond et Joan Taylor, historiennes de la Bible, proposent une version alternative des Evangiles qui met les femmes au centre des origines du christianisme. »

.

Envoi
User Review
0% (0 votes)

Laisser un commentaire