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Les documentaires se spécialisent. Et le filon historique tend à se répartir en diverses niches. Dans bon nombre de cas, il peut s’agir là d’une démarche de Pré carré, voulue par les producteurs ; chacun revendiquant son territoire. Mais fort heureusement, cette volonté d’affinage correspond, chez les plus honnêtes, à une nécessaire spécialisation. Avec tant d’informations désormais, fini le temps « journalistique » touche à tout. Bienvenue aux véritables experts, les moins idéologues possibles.

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On parlait dans le temps de la question « juive ». Avec cet effrayant Commissariat général aux questions juives. Mais le terme en soit ne doit pas nous affoler. Même Sartre a rédigé ses Réflexions sur la question juive. Mais voilà à présent le questionnement qui nous intéresse La question « catholique » du temps des fascismes.

Le « reportage » traite avec pas mal de talent, de cette épineuse question. Qu’a fait l’église de France (très majoritairement catholique) pour alerter l’opinion et protéger l’humanité juive menacée par le nazisme, sur notre territoire.

On connaît la « divine surprise » maurrassienne qui voyait dans le maréchal collaborationniste, l’avènement de ses idées. Mais ce mouvement réactionnaire, qui visait l’abolition de tout ce qu’avait permis d’émancipation la Révolution française, avait besoin de l’appui constant de l’église ; son « bras armé » spirituel. Une sorte de césaro-papisme avec au frontispice, Dieu, travail, famille, patrie. Mais seuls les trois derniers termes, moins connotés, sont restés.

A noter que Pétain, qui se montrait priant dans les édifices religieux, n’était pas croyant. Son objectif à lui, pauvre vieillard sénile, était de dynamiter ce qu’il considérait comme les origines de la défaite. En clair la perte de dynamisme conquérant, l’extinction des idéaux supérieurs et mobilisateurs à la Jeanne d’Arc, l’avachissement et la paresse généralisée, le communisme, qu’il mettait sur le dos de la gauche…

Dans un premier temps, cette religion qui avait perdu pas mal de terrain, a vu d’un très bon œil sa profonde réhabilitation. Elle pouvait enfin reprendre le pouvoir, au moins celui qui lui permettait de canaliser les âmes. Les hommes d’église se baladaient à nouveau dans leurs ostensibles accoutrements, que leur avait interdit la République. Tout l’ordre « ancien » était remis en cause. Elle applaudissait des deux mains le nouvel esprit et ne craignait pas de vilipender l’origine judéo-maçonnique du « mal ». C’était devenu officiel. Le statut des juifs de 1940, est passé sans trop d’encombre.

Et tant que le « juif » et/ou le « maçon » restait des concepts théoriques, peu d’ouailles trouvaient à redire. L’antisémitisme théorique était courant. Mais avec l’étoile jaune, c’est devenu tangible et bien plus lourd à supporter. La vérité se rapprochait. Le bon voisin, sa femme, ses enfants tout mignon, étaient ostracisés, voire clairement violentés, ce qui pour un bon nombre de Français ordinaires était incompréhensible.

Mais que faisait donc l’église, en théorie si humaniste, si universelle et si généreuse, pour ces pauvres victimes indiscutablement innocentes.

Et quelques prélats égarés et/ou carriéristes devenaient des tribuns audibles et visibles ? Comme ceux qui ont encouragé la LVF et s’habillant comme de nouveaux croisés au service des « boches ». Là cela coinçait un peu plus.

Enfin les rafles ont eu lieu, et cela ne pouvait plus être masqué. La fibre chrétienne de l’amour universel, devait reprendre le dessus. Faute d’y perdre son âme, ce qui aurait été paradoxal.

Des dignitaires religieux se sont heurtés à leur hiérarchie aveugle et ont progressivement réussi à faire passer leur message de tolérance et de bienveillance. C’était très audacieux et vraiment risqué.

Mais grâce à leur abnégation et leur travaux de sape, leur indignation a fini par être entendu en haut lieu. Ils n’ont pas fait cesser les convois mortels mais ils ont grandement contribué à leur diminution. Israël en a fait des Juste(s) parmi les nations, preuve de leur efficacité.

Le documentaire s’intéresse aussi au rôle de deux papes successifs pendant la guerre. Ce qui suscite le même embarras. Sous couvert de neutralité et du laisser-faire aux instances nationales, c’est bel et bien une honteuse inertie qui a été la règle. Ils savaient. A l’ouverture des archives, cela est démontré. Cela à même fait l’objet de diverses repentances publiques.

Repentances : à noter celles, tardives, des dignitaires de l’église catholique. Ce qui surprend d’ailleurs Serge Klarsfeld, pour qui c’était inutile de faire un mea culpa, vu que l’église après s’être perdue en 40, s’est bien reprise en 42, en pleine guerre, et a su laver son honneur en sauvant très concrètement de très nombreux juifs, avec un effort particulier pour les enfants, plus faciles à cacher que les familles entières. Il minimise par ailleurs le manque d’intérêt des Français pour le sort des juifs d’alors. Ils auraient eu d’autres sujets de préoccupation dont ces nombreux travailleurs forcés et/ou volontaires en Allemagne. Etonnant ce relativisme de Klarsfeld. Mais finalement pas si insensé que cela. On était pas encore totalement dans le registre nazi et un nombre non négligeable de Français, ont tenté de dangereux sauvetages une fois qu’ils “savaient”.

Les exploits des premiers révoltés que furent Edmond Michelet ou le père Chaillet méritent un immense coup de chapeau. Déjà par leur courage, mais aussi car la religion est plus habituée à la soumission qu’à la révolte. Il faut un saut quantique pour se satelliser hors de la pensée ordinaire. Rien que de faire des faux papiers était un tabou très difficile à surmonter.

Ils ont été inquiétés très sérieusement. Edmond Michelet est un catholique qui vit activement sa religion. Il sera ministre par la suite. On le retrouve à la libération du camp de Dachau où dans un interview sur place il dit qu’il doit son salut à la Providence, plutôt que de saluer directement ses libérateurs.

Le père Pierre Chaillet est un autre saint à sa manière. Nonobstant les incroyables oppositions, il fut un des premiers à hausser le ton. Il a fini par se faire entendre suite à un combat où il s’est engagé totalement. On lit sa profonde bonté sur son visage. Il est à l’origine des très subversifs « Cahiers du Témoignage chrétien », dont l’audience fut considérable. Des publications qui ont grandement contribué à faire valoir la cause. Il a été capturé mais a réussi à s’échapper. Plus tard il fut en résidence surveillée, un sort qu’il dit lui-même bien plus doux que celui des autres internés.

On se doit de signaler aussi le courage de Mgr Jules Saliège, un des rares archevêques à critiquer ouvertement et précocement les exactions en cours.

D’autres qui ont mal commencé ont fini par comprendre et à s’amender. Le cardinal Gerlier, Primat des Gaules a eu une solide formation d’avocat, cela aide dans l’expression publique. Mais il a mis sa verve au service du plus mauvais Pétain. Il redressera la barre plus tard en s’intéressant sérieusement au sort des juifs. Son action a été reconnue, ce ne fut pas un résistant de la dernière heure. Il a été proclamé Juste parmi les nations ; le grand pardon en somme.

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Place aux sites payants, soi-disant informatifs mais qui sont en réalité d’authentiques vecteurs de stupidité sur le Net. Ils répètent tous la même chose mot à mot, ou bien en paraphrasant le texte initial, sans même s’être donné la peine de voir le documentaire :

« Comment la France catholique a-t-elle pris la mesure du drame de la Shoah ? Quelle fut l’influence de l’Église sur la politique de Vichy et le sort des juifs ? En s’appuyant sur des archives récemment ouvertes ainsi que sur les analyses d’historiens et sur les travaux les plus récents de la recherche historique, ce film dévoile et analyse les réactions de la France catholique face à la Shoah, du sommet de l’épiscopat à la base des croyants. »

https://fr.wikipedia.org/wiki/Juste_parmi_les_nations