Frances – film (1982) 4/10 Jessica Lange au service d’une malade menteuse

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Le lien suivant est un texte plus centré sur Frances elle-même : Avis. Frances Farmer – Biopic – film (1982) Jessica Lange menteuse pathologique 4/10

Frances Farmer fut un moment, une très belle et talentueuse actrice, mais rapidement sa vie est devenue de plus en plus chaotique. A un point que vous n’imaginez pas ! Encore faut-il démêler le vrai du faux, ce que le film se garde bien de faire.

Voilà un mélodrame autocentré, à faire pleurer dans les chaumières, comme les aiment tant les studios de cinéma.

Cette comédienne est devenue une sorte d’icône de la contre-culture antipsychiatrique. Elle passe pour un esprit libre qu’on a voulu enfermé à tort, dans tous les sens du terme. En tout cas c’est la thèse romantique, qui est fortement véhiculée par le film … et ses mémoires.. et bientôt les féministes les plus virulentes.

Son problème viendrait du fait que sa mère lui a imposé de réussir, là où elle-même était bridée et rejetée dans l’anonymat. La vieille aurait cherché à s’accomplir par procuration.

  • La cause est entendue, et il nous est interdit de voir simplement une mère qui souhaitait juste une bonne carrière pour sa fille et qui a été déçu par ses immenses failles. Elle a pourtant toujours été derrière elle. “Trop”, vont nous dire les esprits tortueux.

Et donc si on croit cette version, en poussant sa fille dans une voie que la petite aurait détestée, elle aurait occasionné de lourds troubles dans sa petite personnalité .

Tout cela a du se passer je ne sais où, au fond de ce pauvre petit être, car elle aimait quand même se montrer sur les planches, dans les plus grands théâtres. Ce qui n’est pas trop compatible avec l’idée qu’elle ait voulu restée anonyme et donc protégée.

On peut donc voir ici à nouveau ce psychologisme binaire qui parcourt tant de biopics. Et qui est singulièrement bâclé ici.

Suite à cela, les choses auraient empiré parce qu’elle serait tombée dans les filets d’une psychiatrie officielle coercitive, qui lui aurait fait bien plus de mal que de bien.

Faut quand même dire qu’elle avait fait de sérieuses et énigmatiques sorties de rails (dérailler?).

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On n’avait pas besoin de nous la montrer en pasionaria des « enfermés à tort » et qui lance des vibrants «  je refuse d’être la femme que vous voulez faire de moi » et « je ne suis pas un malade exemplaire ». Soit, et alors ?

Par contre, si comme on le voit en filigrane, elle a eu, comme adolescente et toute jeune femme, des bizarreries de caractère, des troubles du comportement, il aurait pu être intéressant de creuser plus avant. Cela peut être annonciateurs de problèmes bien plus graves. Surtout quand on parle de dementia praecox.

Le film laisse filtrer un peu de ses insolences, de sa curieuse vulgarité, de sa tendance à s’isoler, de son absence de scrupule qui voisine la psychopathie, de son infantilisme, de ses passages à l’acte de type fureur clastique. Sommet de l’iceberg ? Mais ça, c’est juste ce que nous laisse voir le scénario bien borné.

De jeter un encrier à la tête du juge « innocent », d’attaquer un policier, posent question. Même si on a une dent contre eux. Difficile d’y voir juste un geste libérateur.

On peut s’interroger, quand untel n’arrive plus à se contrôler et qu’il se tire des balles dans le pied. Geste d’insubordination comportant une certaine logique ou acte gratuit « un peu fou » ?

Son alcoolisme, comme toutes les addictions, peut aussi être un symptôme à éclaircir… et à corriger.

Est-ce que sa rigidité dans ses convictions, associé à une sérieuse étroitesse de vue, ne cachent pas une certaine psychorigidité sous-jacente ? Il n’y a pas aussi de la mythomanie comme semble l’indiquer se mensonges dans ses autobiographies. Voilà encore une piste potentielle, mais en aucun cas un élément de diagnostic, pris comme cela isolément.

Si on s’y intéresse, c’est pour son bien. D’ailleurs le verdict officiel est plus grave.

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Je ne développe pas tout ce qu’elle nous dit avoir subi à l’asile. Même si cela occupe une bonne partie du film. Une bonne partie est discutable.

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Je ne m’arrête pas non plus sur cet exposé d’un Hollywood conservateur, qui joue de temps à temps à se croire dans le sillon du cinéma indépendant.

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Les positions politiques de Frances ne me passionnent pas vraiment plus. Ses prétentions « révolutionnaires » intégristes, ne sont qu’un nouveau conservatisme para-chrétien, très classiques à l’époque.

Et même si elle soutient la cause de la gauche espagnole avec son « no passaran » et les allusions à «l’artiste soldat  » qu’elle croit être, je ne vois pas l’intérêt dans faire en plus une victime du maccarthysme.

Frances peut se rendre dans la Moscou soviétique, pactiser avec les artistes communistes de son pays, ceci n’a aucun intérêt en soi pour un diagnostic psychiatrique.

Il en est de même dans ce message qu’on lui prète dans le film, contre « l’avilissement qu’engendre le profit ». On reconnaît l’intransigeance de nos donneurs de leçon, pas plus.

La coupe est déjà bien assez pleine comme cela.

Il est très difficile de se faire ici une vraie image de Frances Farmer (1913-1970).

  • Déjà, parce que dans ce procès cinématographique en réhabilitation, on ne met pratiquement que des éléments qui lui sont favorables. Le récit est incroyablement simpliste et univoque.
  • Ses problèmes, son enfer, c’est les autres. Et ça y va :
    • Sa mère coupable, son père coupable aussi
    • Hollywood cette Mecque du mensonge et de la duplicité.
    • L’institution psychiatrique est fautive dans toutes ses composantes habituelles, mais pas seulement. Par exemple il y a cette actioncriminelle de ses gardiens, qui l’auraient prostitué dans l’institution. L’accusation est grave, mais là il semblerait que cela ne soit pas vrai.
  • Ensuite parce que c’est la gentille Jessica Lange qui porte le flambeau .
    • Comment avoir une opinion défavorable alors qu’elle est un ange de toute évidence – La vraie a la tête de l’emploi aussi.
    • Jessica/Frances nous fait le numéro de combattante de la liberté, de femme écrasée par le système…
    • Elle a quand même su amadouer King Kong, elle ne peut interpréter une mauvaise femme !
    • Et on marche dans ce chantage aux bons sentiments.
    • Et comme actrice elle est capable d’opérer des rétablissements complets, comme de rien. Elle n’a pas de mal à nous jouer l’absolue normalité, juste après la folie caricaturale. Oui mais cela c’est de la triche.
  • Et bien entendu quand le vaillant Sam Shepard arrive à la faire échapper à l’asile, elle redevient tout à fait équilibrée hors ce milieu hospitalier « pathogène ». Elle nous lance même un « je n’ai jamais été malade ». CQFD.
    • Il faut quand même porter à votre connaissance qu’il y a eu un diagnostic de schizophrénie paranoïde, qu’il est impossible de signifier à la légère et qui colle avec certains éléments dont on a connaissance.
    • Quand elle était encore au firmament du cinéma elle s’est fait lourder pour « binge drinking », qui sont des saouleries à mort, et en raison de sa profonde dépression, qu’on pourrait qualifier d’endogène.
  • On ne trouve traces d’abus sexuels, dont elle aurait fait l’objet, que dans ses très discutables autobiographies.
  • Elle a reconnu devant un tribunal avoir inventé qu’elle ait été lobotomisée.

Ce film est un désastre idéologique, qui dure plus de 2h20, et qui en profite pour nous glisser plein de poncifs éculés.

Cette mascarade pouvait peut être prendre en son temps. Mais maintenant, où sont les critiques qui se sont réveillés ?

Je développe un peu plus ce thème ici : Psychiatrie au cinéma. Clichés et poncifs.

Ici c’est l’avis complet
Le lien suivant est un texte plus centré sur Frances elle-même : Avis. Frances Farmer – Biopic – film (1982) Jessica Lange menteuse pathologique 4/10

https://en.wikipedia.org/wiki/Frances_Farmer

https://fr.wikipedia.org/wiki/Frances_(film)

Jessica Lange
Kim Stanley
Sam Shepard

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