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Claude Chabrol est capable du meilleur comme du pire. Mais il n’est jamais aussi bon que quand il traite d’atmosphères bourgeoises confinées. Il aurait pu être un Nabi des intérieurs, à l’instar d’Édouard Vuillard. Paresse ? Manque de travail ? Tant pis pour lui.

Inspecteur Lavardin est un coup de génie qui frappe de plein fouet ce besogneux du cinéma. Il nous terrasse aussi.

Quand on a sous la main Jean Poiret, Jean-Claude Brialy, Bernadette Lafont et Jean-Luc Bideau, on se doit d’être à la hauteur. Et là, Chabrol le fut vraiment. Chacun de ces brillants artistes développe ici un talent peu commun.

Poiret nous fait un flic électron libre plus que crédible.
Brialy joue de ses principaux registres et s’amuse de son homosexualité.
Voilà une Lafont toute en savante retenue, ce qui est assez fort quand on connaît la bienheureuse folie qui la traverse si souvent. Bravo à notre « petite fiancée » de la Nouvelle Vague, qui a su devenir une tragédienne.
Bideau est un caméléon qui a toujours su s’adapter. Ici il a la carrure pour être patron.

Les jeunes comédiens Hermine Clair et Florent Gibassier ont une participation moins significative, mais ils sont à leur place. Ils savent se rendre indispensables, dans ces manifestations conjointes de sobre ébriété de l’esprit.

Bien sûr l’intrigue est bonne et cela aide. Mais un tel scénario pourrait ne faire qu’un thriller classique. Il faut donc autre chose.

Les dialogues sont parfaitement adaptés aux personnages et aux spécificités des acteurs. Ce sont de petits miracles que l’on doit à Chabrol. Je ne lui connaissait pas ces talents de dialoguiste.

La morale ne sort pas indemne du film. C’est une coupable indulgence qui prend le relai. Et c’est bien comme cela.

C’est le premier film de Chabrol auquel j’attribue une si bonne note.

Le film est en couleur mais il m’a donné une furieuse envie de le transformer en noir et blanc (cf photos).