Jugjugg Jeeyo. Bollywood, idéologie du mariage. Kapoor, Varun Dhawan, Kiara Advani. 5/10

Temps de lecture : 4 minutes

Bollywood, usine à films confortables.

Vu d’ici, on peut sourire de ces films répétitifs et résolument « feel good » et ou « happy end », aux mélodies entraînantes.

  • Ces scénarios se ressemblent tellement qu’ils finissent par faire l’objet de poursuite en plagiat (c’est le cas avec Jugjugg Jeeyo qui se serait inspiré de Punny Rani).

Ici, les protagonistes sont des membres de la upper middle class. Ils sont bien assis dans leur position. Ils possèdent tout le nécessaire et pas mal du superflu. Ils n’ont pas besoin d’en rajouter, les images luxueuses parlent d’elle même.

Ici on roule en belles voitures allemandes et on ne semble jamais travailler pour être riche. Les jeunes font des études en Europe ou aux USA. Les gens sont beaux. Les parents n’ont qu’un rêve. Il faut que les jeunes s’unissent croissent et se multiplient.

Les maisons sont cossues. A priori tout est bien dans le meilleur des mondes. Mais il faut quelques grains de sable pour qu’il y ait une histoire présentable. A vaincre sans périls, un film triompherait sans gloire ou ferait un bide.

Ces longs métrages ne se préoccupent pas des difficultés du pays ou de quoi que ce soit qui fâche.

Les seules préoccupations concernent le mariage des jeunes générations et les crises de couples. Parfois on y introduit le divorce pour mieux se remarier ensuite.

L’alcool coule à flot. Et le “binge drinking” fait plus sourire qu’il n’alarme. C’est une autre époque. Pensez à l’alcoolisation forcenée d’Un singe en hiver ou la scène emblématique dans Les Tontons flingueurs. On était pas mieux lotis.

De toute façon tout se termine par des danses et des chansons. Et c’est bien comme cela. A noter que les acteurs principaux se doivent d’être d’excellents danseurs. Ce qui n’est pas donné à tout le monde. Sur ce plan nos films européens font pauvres à part quelques comédies musicales à la Jacques Demy.

C’est toujours peu ou prou la même gamme qui nous est proposé. L’horizon est assez restreint. Et toutes les combinaisons d’unions, désunions, tromperies, pardons semblent avoir été explorés. Et comme les acteurs sont le plus souvent les mêmes, on n’est jamais dépaysés. Ce martelage cérébral très artificiel est tellement puissant, qu’il est fort possible qu’il en devienne une sorte de vérité à laquelle les Indiens doivent se conformer.

Nous avons connu cela aussi en occident. Avec moins de démonstrations scénographiques et sans doute un peu plus d’humour. C’est une sorte de rite imposé après des périodes difficiles. Les spectateurs veulent voir ce paradis qu’on leur promet sur terre, sans prises de tête exagérées.

Jugjugg Jeeyo qui date de 2022 ne déroge pas à ces saintes règles. Pourtant le style Bollywood ne date pas d’hier. Comment se fait-il qu’il évolue si peu ?

Le veut-on vraiment nous aussi ? Je suis un fan de Devdas (film, 2002), au point d’assommer mes semblables avec cela. Et je peux vous assurer que tous ne partagent pas mon enthousiasme. Il s’en faut de beaucoup.

Le couple Shahrukh Khan et Aishwarya Rai y est pour pas mal. Comment ne pas être amoureux de cette Miss Monde de 1994 ?

La nostalgie des valeurs traditionnelles y est aussi pour beaucoup. La virilité et la féminité y sont bien délimitées. Et les couples ne sont pas réduits à de stupides rapports de force à la Sardine Ruisseau (Sandrine Rousseau).

Cette version VOD hindi sous-titrée met en relief la problématique du divorce sous un double angle. Les deux en question sont Varun Dhawan et Kiara Advani. Dont on nous dit, pour augmenter la pression légendaire de la prédestination, qu’ils s’aiment depuis l’enfance. La fille n’est pas mal, mais elle tellement occidentalisée et passe partout, qu’elle n’arrive pas à la cheville de Aishwarya Rai. J’ai dit.

Quand il s’agit du divorce d’un jeune couple sans enfant, qui n’a plus aucune passion amoureuse, cela paraît aller de soi. Mais mis en perspective avec le divorce possible du père et de la mère du marié, cela relativise le propos. Le jeune qui veut la séparation pour lui-même a du mal à projeter la rupture de ses parents. Cela peut faire réfléchir en soi.

Je ne suis pas sûr que cela soit la seule justification possible. Il y a aussi l’argument des divorces par manque de résistance dans les orages. Le coup des unions jetables comme des Kleenex. Mais là encore on est dans l’argumentation morale.

En réalité c’est le conflit classique entre mariage de raison et mariage d’amour.

On ne va pas refaire le monde.

Chacun peut y aller de sa thèse. Et de toute façon cela ne nous regarde pas.

Il y a une histoire B ou plutôt C avec une sœur qui est en train de convoler mais qui suit plus la raison que la passion. Son amour de toujours, ou présumé tel, reste sur la touche.

Les images UHD sont belles. Les danses collectives ne sont pas assez riches et nombreuses à mon goût. Il y a plus de 30 minutes de séquences musicales.

Les Kapoor une dynastie familiale du cinéma. Neetu KapoorAnil Kapoor.

https://en.wikipedia.org/wiki/Jugjugg_Jeeyo

https://en.wikipedia.org/wiki/Anil_Kapoor

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