Keith Jesperson, rigolo du crime en série – Baby Huey, Igor Frankenstein 8/10

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Ce géant avait un sérieux complexe d’infériorité. Sa grande taille associée à une petite cervelle faisait de lui un objet de moquerie, dès son plus jeune âge. On se foutait de lui en le comparant au personnage de dessin animé Baby Huey ; une sorte de canard géant et débile qui cherche maladroitement à s’intégrer. L’animal et Keith étaient unanimement rejetés.

Sa propre fratrie le surnommait Igor comme dans Le Fils de Frankenstein (1939) et surtout dans la parodie géniale Frankenstein Junior (1974)

Sa famille était toxique. Père alcoolique, abus divers. Grand père violent…

Gamin il faisait un tas de « bêtises ». Comme le veut la saga des tueurs en série, il aimait torturer des animaux. Il aurait menacé de mort des enfants qui lui cherchait des noises. On pense qu’il a violé quand il avait 14 ans.

Ce chauffeur routier avait bien des problèmes dans sa petite vie ; en particulier avec les femmes. Mais il a tenu le coup, malgré les frustrations, pendant des années. Il a même fondé une famille et eu des enfants.

Un jour, il a découvert qu’il était plus simple d’étrangler avec ses grandes paluches que d’affronter certaines difficultés. Sa première victime fut une prostituée qui selon lui aurait exigé le double de ce qui était convenu. Excédé il a mis un terme au débat à sa manière.

Plus étrange a été le meurtre de Taunja Bennett. Pas dans le mode opératoire mais dans les conséquences. Un couple a trinqué à sa place. Laverne Pavlinac s’est faussement accusée d’avoir participé à l’assassinat pour pouvoir faire enfermer son ex compagnon. Lequel a « avoué » pour échapper à la peine de mort. Les deux “innocents” ont été bouclés.

C’est une histoire folle, qui une fois de plus met en cause la sentence capitale !

Keith Jesperson a été si déçu de ne pas être en vedette, qu’il a écrit ici et là pour dénoncer l’erreur judiciaire et s’incriminer en tant que tueur au smiley. Il ne s’agissait pas bien sûr de se faire attraper pour autant. Personne ne l’a écouté vraiment.

« In a lot of opinions I should be killed and I feel I deserve it. My resposiblity [sic] is mine and God will be my judge wben I die. I am telling you this because I will be responsibil [sic] for these crimes and no one else. It all started when I wondered what it would be like to kill someone. And I found out. What a nightmare it has been. »

Plus tard le “Happy Face Killer” a réussi à convaincre la justice et les enquêteurs de sa culpabilité, car lui seul savait où était le sac de la victime, qui n’avait pas été retrouvé jusque là. Il n’était pas loin d’ailleurs !

Les faux meurtriers avaient déjà passé quatre ans en prison.

On lui reconnaît 8 meurtres dans le Nebraska, la Californie, la Floride, Washington, l’Oregon et le Wyoming. Mais dans ses fanfaronnades, il en a revendiqué 185 !

Au début c’était des cas isolés sans lien sérieux avec lui mais la dernière victime était une relation suivie. Il en était venu à faire quasiment n’importe quoi.

Lippit montre l’addiction au crime de ces étranges personnages : “comme à chaque épisode d’un film en série, l’achèvement de chaque meurtre en série jette les bases de l’acte suivant qui à son tour précipite les actes futurs, laissant le sujet en série toujours en vouloir plus, jamais rassasié, accro

Il était en effet assez bête, mais pas au point de laisser trop de traces. Et de par son métier, il pouvait disperser les objets incriminants. Mais son dernier méfait était vraiment mal ficelé. La police n’a pas eu de difficultés à le coffrer. Il a quand même réussi à négocier ses aveux pour ne pas encourir la peine de mort.

On est dans une nouvelle ère médiatique. Le criminel a donné des interviews quasiment à qui en voulait. Il se complaisait dans son récit. Ce qui est le cas de tous ces pervers narcissiques.

Sa fille a pris le relais et on la voit fréquemment sur les plateaux.

Le « cas » est assez bien raconté, dans cette série policière sur Investigation Discovery. Les interventions “live” sont nombreuses. On entend le limiers, les ayant droits et les principaux protagonistes.

Un grand semi-remorque parcourt le film. Il est là pour nous donner des frissons comme dans le film Duel de Steven Spielberg.

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