Un ovni cinématographique de Terence Malik. Une œuvre d’art au sens premier du terme.
En préambule du film, il est indiqué qu’il faut mettre le son fort !
On voit des scénettes à la forte beauté plastique, qui s’enchaînent dans une musique répétitive, lente et obsédante. De la musique classique de qualité et de la musique d’auteur.
On assiste à un constant monologue ou des dialogues, mais qui s’estompent au gré des plans, comme pour rendre la trame volontairement à moitié inintelligible. La musique reprend alors le dessus et souligne le climat onirique du spectacle.
Une multitude de vastes plans cinéma dans la beauté californienne avec toujours souvent ce mouvement lent qui accompagne l’acteur principal.
Le frère, le père, les très très jolies maîtresses, les très très riches, les très très pauvres, tous ces êtres sont transformés en feux d’artifice esthétiques. Des statues vivantes dans de décors de rêve ou de joli cauchemar.
Même les rapports avec les gens, la conquête, le vivre avec, la séparation… tendent vers l’archétype, la mythologie.
Mais autant que les personnes, ce sont les choses, les habitations, les paysages, qui crèvent l’écran.
C’est incroyablement raffiné et/ou parfois spectaculairement kitch (comme la maison de Banderas)
L’écriture du film est tellement particulière qu’elle est difficile à suivre pour un spectateur qui attend plus de conventions.
Le film lui même pourrait être une sorte de magnifique « fond d’écran » animé, s’il n’y avait que la musique et les scènes, sans les paroles. Pour vous dire que le concept est spécial.
Il y a une sorte de colonne vertébrale au film mais cela n’a pas plus d’importance que cela. On peut « lire » le film comme un recueil de « nouvelles » plus ou moins liées les unes aux autres.
C’est avant tout une esthétique très actuelle, très détachée finalement, et très élitiste. Même la pauvreté et la laideur sont mises en scène, comme c’est le cas dans certains tableaux modernes. Le tout avec juste un minimum de précautions.
On a le sentiment qu’il se passe quelque chose de très profond. Et pourtant on se sent un peu coupable de cette satisfaction des yeux et de oreilles, centrée sur soi, sans claire morale, sans début et sans fin. Peut-être que l’auteur s’est volontairement contenu, qu’il aurait pu aller encore plus loin dans le détachement, ne faire une œuvre que pour lui-même et insulter à sa guise les Dieux, nos mythes, nos héros, dans cette intense érotisation de l’esthétique. Don Juan et Prométhée à la fois.
Mais il nous fait partager cela, et donc il nous questionne encore…
https://fr.wikipedia.org/wiki/Knight_of_Cups
Christian Bale
Natalie Portman
Cate Blanchett
Antonio Banderas