La Cinquième Victime (While the City Sleeps) (1956) 6.5/10

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Fritz Lang nous fait là un exercice de style qu’on pourrait appeler un triple thriller inversé. Mais ce n’est pas si bien réalisé que cela. On en attendait plus du Maître.

C’est d’abord le récit d’une compétition entre journalistes. Leur nouveau patron de presse est le fils de l’ancien tycoon. Le jeune n’arrive pas à la cheville de son géniteur.

  • Ce viveur oisif n’est pas forcément un bon DRH et surtout il ne sait pas très bien où il met les pieds. Il pense ruser en décidant ouvertement de promouvoir celui qui aura le scoop. C’est l’émulation par le combat à mort. Et même si cela tend à détruire l’ambiance au boulot, au final ce n’est pas un si mauvais procédé que cela.

Ensuite c’est une lutte sentimentale plus classique. Deux femmes se battent pour le héros de cette histoire. L’angélique blonde aura du fil à retordre avec la brune diabolique. L’une sera honnête, l’autre sera perfide, question de coloration. Les deux seront attaquées par l’assassin démoniaque. Il embrasse large.

Enfin, c’est l’histoire de la capture d’un tueur en série, le « tueur au rouge à lèvres » (en noir et blanc quand même). Un serial killer qui a quand même vraiment sévi dans les années 40 à Chicago. Et à mon avis ceci n’est qu’en troisième position. Ce qui est surprenant pour le réalisateur de M le Maudit. Autant Peter Lorre a porté ce film mythique au sommet, autant cet acteur de deuxième zone nous fait ici une prestation au ras des pâquerettes.

Ce qui est profondément déprimant, c’est l’imbibition alcoolique permanente des hommes, dans les films de cette époque.

  • Et tout particulièrement ici. Cela boit en permanence et surtout du lourd, whisky, cognac… Et on nous montre avec complaisance des protagonistes saouls. Je n’en comprends pas bien la raison. La fin de la prohibition, c’est déjà très loin et puis on est sorti aussi de la période de carence de la guerre.
  • Il y a pourtant une clef à cela, l’acteur principal Dana Andrews, celui qui nous fait du Bogart, était réellement désespérément alcoolique (et archi-tabagique) lors du tournage. Ce qui a vraiment compliqué les choses. Et peut-être que Lang a voulu en tirer un petit profit – contre mauvaise fortune bon cœur – et qu’il a embrayé sur une sorte de cinéma vérité.

Dans l’Histoire du cinéma de Bardèche et Brasillach (*), il est fait le constat que le Fritz lang de cette époque est déjà en perte de vitesse. Il n’a pourtant que 66 ans. Mais il est en désamour avec cette Amérique de la chasse aux sorcières. Ce ne sera pas plus brillant avec son retour en Europe.

  • Je pioche cette phrase du livre qui me convient bien  : « La cinquième victime n’est que le mélange d’une comédie sur le journalisme, comme on en a déjà vu beaucoup, avec un honnête roman policier, comme il en traîne un peu partout. »

(*) Brasillach exécuté en 1945, n’est évidemment pour rien dans cette remarque.

https://fr.wikipedia.org/wiki/La_Cinqui%C3%A8me_Victime

Dana Andrews
Rhonda Fleming
George Sanders

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