Le Casse-noisette (2017) 8.5/10 Tchaikovsky, Vainonen, Mariinsky

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Jusqu’à présent, le ballet ne m’avait jamais bien intéressé. Et quand je tombais dessus à la télé, je zappais rapidement et sans état d’âme.

  • Soit il était inutilement avant-gardiste et ne paraissait être qu’un faire valoir de metteur en scène, en mal de notoriété.
    • Ces œuvres confisquées et enfermées dans la fuite en avant de la modernité, finissent par n’avoir plus aucun sens. Le formalisme stérile est barbant et bien sûr sans issue.
    • On sait cela depuis plus de 100 ans. La révolution Dada puis surréaliste, c’est maintenant du passé.
    • Mais ces gens là se contrefichent de faire fuir le spectateur. Pour eux, moins il y a de fous pour les regarder, plus ils se sentent faire partie de l’élite.
  • Soit il était désespérément académique, avec toujours les mêmes figures imposées.
    • Ce qui me semblait tenir de ces lassantes compétitions de danses de salon.
    • Je voyais en filigrane un maître de ballet austère et sévère, qui passait son temps à gronder les petits rats et les étoiles, et qui exigeait un rendement stakhanoviste.
    • Il aurait même fini par utiliser son fouet contre les spectateurs inattentifs. Autant fermer le poste.

Mais là franchement j’ai été attrapé. Ce ballet est si intelligemment porté par la troupe du Théâtre Mariinsky de Saint-Pétersbourg, qu’il m’a fait réviser totalement mon jugement.

Voilà une excellente « traduction » du ballet de Tchaikovsky, sur le Livret de Marius_Petipa, ce Français qui a travaillé au Mariinsky, et d’après un des contes d’Hoffmann (Offenbach)

La générosité est flagrante. Ces artistes nous font le cadeau d’un spectacle total. Ils en rajoutent même à la fin, alors qu’ils ne peuvent être qu’épuisés.

Ici tout n’est qu’ordre et beauté. Ils ne nous font jamais sentir ces leurs galères, ces milliers d’heures de préparation, les doutes, la compétition, les rivalités, les difficultés physiques, la fatigue, les douleurs, les blessures…

Il n’est pas question de leur faire l’injure de dire qu’on en a pour notre argent. On est ici bien loin d’un projet bassement matériel. C’est une Œuvre et ce qui compte c’est le dépassement, s’affranchir de la pesanteur, au propre comme au figuré.

Quand on regarde de près ces surdoués sur scène, on ne peut que constater leur sourire impersonnel, modeste et de bon ton. Compte tenu de leurs prestations surhumaines, ils pourraient nous regarder de haut. Il est vrai qu’ils ne sont alors que des poupées animées, aux yeux de leur créateur.

Les danseurs étoiles sont Alina Somova et Vladimir Shklyarov. Mais la composition en tableaux indépendants donnent une large place aux autres artistes. Ils sont tous très bons et débordent d’enthousiasme.

Le metteur en scène Vasily Vainonen a mis la pédale douce, pas question de séduire avec des effets marionnettes faciles, comme on le fait habituellement avec cette composition.

Il évite les deux écueils qui me faisaient détaler en courant. Il ne cherche pas à provoquer inutilement et il n’est pas figé dans un classicisme scolaire et répétitif.

Ici le ballet est un rituel sacré qui peut nous propulser dans un niveau de conscience supérieur. Laissez-vous faire, c’est sans danger !

Marius_Petipa

Voir plus loin : Ballet, Musique, microcosme et macrocosme.

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