Les amants du Capricorne (1949) 5/10 Ingrid Bergman

Temps de lecture : 3 minutes

Un improbable Hitchcock sentimental qui se passe sous les Tropiques en 1835. Ici c’est en Australie, qui est alors une sorte de colonie pénitentiaire.

C’est long, lent et lourd.

La psychologie est sommaire. Mais ce n’est pas la première fois que le Maître du suspense tombe dans ce travers.

Il y a souvent chez lui, la volonté de démontrer une sorte de déterminisme absolu, dans le devenir de ses personnages. Tout doit s’expliquer par leur passé. En particulier par un sinistre évènement fondateur. C’est bien pratique pour créer une histoire.

Cela correspond aussi à l’attirance du réalisateur pour la psychanalyse. Une marotte qui s’est beaucoup démodée depuis.

La pauvre Ingrid Bergman est chargée d’interpréter une Lady déchue, qui a épousé un roturier, tout en bas de l’échelle. Ce mari attentionné lui permet quand même de vivre dans une belle et grande maison, avec une armée de domestiques.

Elle souffre. Elle est clouée au lit avec ses démons.

En suivant à Sydney, son conjoint ex-bagnard et condamné à tort, elle a cherché à expier une grande faute. En réalité, c’était elle la coupable. Et lui s’est sacrifié pour elle, en faisant 7 années de bagne à sa place.

Là, elle est fanée, mélancolique et alcoolique. On ne comprend pas tout de suite clairement de quoi il retourne. Certes, elle semble totalement à côté de la plaque, mais elle n’a pas du tout le comportement de son addiction. Elle fait plutôt névrotique et diminuée.

Et quand on découvre ses 7 ou 8 bouteilles d’alcool quotidiennes, on se dit que Hitch pousse le « bouchon » un peu loin.

Un rôle mal cerné et/ou mal joué ?

En tout cas, Alfred qui est tombé très amoureux de son actrice héroïne, ne lui fait pas un cadeau ici. Ce sera leur dernière collaboration. Cela ne se serait pas bien passé.

  • Elle apparaît dans 3 de ses films : La Maison du docteur Edwardes, Les Enchaînés et ici Les Amants du Capricorne.
  • A mon humble avis, la notoriété de cette actrice suédoise aux trois Oscar est un peu surfaite. Plus une mère de famille sainte-nitouche, qu’une légende de cinéma. Chacun ses goûts.

Lui, est l’ancien palefrenier qui a détourné la belle d’alors.

Après avoir purgé sa peine sous les tropiques, il est devenu très rapidement un riche homme. Ces affaires sont un peu louches. Il n’est pas en grâce dans la colonie.

Et bien entendu, il est plus noble qu’il n’y paraît. Pourtant, il n’arrive pas être aussi rude qu’il le devrait. Il n’est pas non plus le gentleman qu’il espère. Ce n’est pas l’homme de la situation.

Il lui manque sans doute cette animalité qui pourrait faire comprendre pourquoi Ingrid a basculé, et cette grâce qui expliquerait pourquoi elle est restée à ses côtés.

C’est Joseph Cotten qui tient ce rôle mal dessiné.

  • Tout s’explique quand on prend en considération que c’était Burt Lancaster ou éventuellement Marlon Brando, qui était pressenti pour ce film. Je n’ai appris cela qu’après avoir mis en doute le choix de Joseph Cotten.

L’acteur Michael Wilding joue un fils de famille un peu insouciant, qui est venu faire fortune. Ce sera le seul Anglais repartant les poches vides.

Faut dire qu’il n’est pas très sérieux, avec son perpétuel sourire et son humeur joyeuse. Il tombera plus ou moins amoureux d’Ingrid. Mais surtout, il se sentira obligé de faire tout son possible pour la remettre en selle. D’abord en connivence avec son mari, puis en opposition.

Cette histoire d’amour est tarabiscotée.

Hitch songe à mettre un peu de suspense dans ce film plat. La gouvernante amoureuse de son patron, fait tout pour que son épouse ne s’en sorte pas. Elle va l’inciter à boire. Puis provoquer son délire en glissant une tête réduite façon Jivaro dans son lit. Et enfin tenter de l’empoisonner. Toute cette séquence ne dure pas très longtemps, et c’est une fantaisie du réalisateur qui a peu d’intérêt.

Dès le début, ce Sydney apparaît comme fait de toiles peintes et de carton pâte. Il en est de même de la maison du parvenu. C’est vraiment mal fait.

Devant le désastre en salle, Hitch se gardera bien de refaire un tel mélo sentimental. Il aura honte de son film.

Il y a bien quelques critiques qui ont tenté de nous faire le coup du « chef d’œuvre méconnu », ça ne prend pas.

https://fr.wikipedia.org/wiki/Les_Amants_du_Capricorne

Ingrid Bergman
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Margaret Leighton
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