Le titre n’est pas tout à fait exact. Ce n’est pas une étude exhaustive sur une résistance classique dans le camp. Il n’y a pas de révolte proprement dite.
Il s’agit plutôt ici du témoignage de Francisco Boix, un antifasciste espagnol, sur les conditions de survie et de mort dans un des camps les plus durs. On est là à Mauthausen, le premier camp autrichien. Un des plus sévères. Tout le monde a entendu ce nom.
On apprend que l’univers concentrationnaire était classé en trois catégories. Ici c’est la troisième, la plus dure, celle réservée aux irréductibles.
Les Espagnols présents ici, étaient unis dans le communisme. Cela leur a permis de s’organiser et d’aider autant que faire se peut leurs prochains. Plus de la moitié des ibériques sont morts. Les rescapés ont fini par être plus ou moins tolérés et se sont faits une place dans l’encadrement. Ils ont survécu grâce à de petites combines. S’ils épluchaient 14 carottes, ils restituaient 14 carottes, mais chacune était légèrement amputée.
Boix était un jeune photographe, il a assisté l’équipe nazie chargée des fiches anthropométriques. Les photos étaient également des mises en scène pour donne une bonne image du camp. Certaines sont parues dans des publications destinées au public. Une autre fonction de la photo consistait à étayer le dossier des morts « non naturels » afin de disculper les cadres nazis.
Mais Boix a fait la lumière à Nuremberg sur pas mal de points.
- Il a pu prouver, document à l’appui, que Kaltenbrunner et Speer ont bien visité au moins ce camp, alors qu’ils prétendaient n’en rien savoir.
- Il a expliqué comment les gardiens empochaient des primes en faisant des simulacres d’évasion.
- D’autres horreurs sont expliquées dans le documentaire, comme les sauts dans le vide de juifs pour le seul plaisir des spectateurs SS.
- Et bien entendu il raconte, comme bien d’autres, le déroulé des funestes ascensions de l’escalier de la mort, avec des poids impossibles à transporter sur le dos.
On est confondu par une telle force de caractère.
Ce cas de témoignage photo est très original. La plupart des autres camps n’ont pas eu cette opportunité d’élucidation. Et bien des tortionnaires ont été épargnés de ce fait.
On a encore de nos jours cette puissance dénonciatrice des images. Des affaires ne sortiraient pas sans ces prises de vue ou ces videos. C’est dire tout ce qui peut encore resté caché.
Ce qui est peu raconté également, c’est la responsabilité de Vichy et d’une partie de la France. Boix s’était réfugié en France en 1939 suite à la répression de Franco. Il a donc été livré aux Allemands depuis notre territoire. Ce n’est pas glorieux ! C’est même criminel.
Ce documentaire de Barbara Necek est très instructif et on se demande pourquoi il a fallu attendre si longtemps pour bénéficier de cette intelligente reconstitution du puzzle.
https://fr.wikipedia.org/wiki/Francisco_Boix
