L’horloger de Saint Paul (1974) aperçu – Noiret Tavernier 8/10 – Résumé.

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Résumé histoire. Scènes

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C’est le premier long-métrage réalisé par l’ami Tavernier.

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Le fils de l’horloger a tué le contremaître de sa copine ouvrière. Un membre d’une milice patronale. Ça on le sait rapidement. Il est en fuite avec sa compagne, mais ils vont vite être rattrapés.

Le pourquoi de ce meurtre ne sera jamais parfaitement clair, ni pour nous, ni pour le tribunal, ni même pour son père.

On saura juste que la victime aimait à exercer son pouvoir sur les travailleuses et qu’il profitait de leurs fautes, pour avoir des compensations pas très propres, en échange de son silence. Ça c’est presque certain.

Mais a-t-il fait quelque chose spécifiquement à la jeune femme ? Le fils a-t-il tué pour punir ce personnage pour son mauvais comportement en général ou en raison de quelque chose qui le touche intimement ?

Il est d’ailleurs possible que dans ce contexte politique des années soixante-dix, à l’époque des Lip, le jeune se soit cru investi d’une mission purificatrice générale. Il y a des allusions à cela. En tout cas le jeune refuse qu’on le défende dans un contexte de crime passionnel, qui pourtant lui serait plus favorable.

Pourquoi s’enferme-t-il dans cette impasse de la non-explication de son geste ?

Il y a principalement deux hypothèses. Soit sa compagne n’est pas touchée personnellement et donc en effet son attitude est juste honnête, car il n’y a rien de passionnel là dedans. Soit elle est concernée et il veut la protéger afin qu’on ne la salisse au tribunal, en révélant un viol ou quelque chose comme cela. De toute façon son absence de défense, n’est pas très logique. Et dans un premier temps, cela surprend son géniteur.

Le suspense, si l’on peut parler ainsi, c’est de savoir si le fils va parler à son père. Il déclare qu’il n’est pas prêt à cela. Il confiera à un tiers : « mon père a été trop gentil avec moi ». Les deux n’ont jamais eu une communication profonde, et la mère a disparu. Ces embarras tiennent de la pudeur entre père et fils, surtout en ces circonstances. Mais l’un et l’autre sont demandeurs, mais ils ne savent pas trop de quoi.

Une scène montrera Noiret qui s’endort épuisé dans le lit de son fils. Cela en dit long.

Et le contact ne s’établira qu’à la fin, après le procès, au parloir de la prison.

Le fils semble avoir apprécié que son père ne l’ait pas accablé et qu’il lui reconnaisse le droit de prendre sa décision comme il l’entend, et qu’il soit allé jusqu’à déclarer publiquement qu’il était parfaitement solidaire.

Cette nouvelle connivence qui les rapproche énormément consacre le fait que le jeune est devenu une personne autonome, et qu’il n’a pas à s’expliquer. En tout cas on peut le voir comme cela. Mais cela a été au prix d’une très lourde sanction de 20 ans de prison ferme.

Grâce à une réalisation de haut niveau, de bons dialogues, d’une approche subtile, de beaucoup de mesure en dépit de tant de malheur, de la tension nécessaire mais aussi de respirations bienvenues, ce film difficile est une réussite totale.

On peut compter sur l’excellent travail de Philippe Noiret, l’horloger aimé de tous, et qui avance de manière posée dans ces sables mouvants. Sans qu’il y ait besoin de beaucoup dire, on perçoit nettement les efforts d’un père dans une telle tourmente. Et quand il se recueille dans une église, c’est devant un vaste mécanisme d’horlogerie.

On sent de l’humanité derrière ces personnages et une belle connivence entre ces acteurs. On très loin des pénibles et réfrigérants films policiers de Chabrol (la plupart).

  • PS : Pendant longtemps je pensais déjà avoir vu ce long-métrage. En fait je me trompais car je confondais avec Les Fantômes du chapelier (1982). Sans doute une confusion entre ces deux métiers en voie d’extinction.

Voir l’avis à présent sur : L’horloger de Saint Paul (1974) avis Tavernier – 8/10

https://fr.wikipedia.org/wiki/L%27Horloger_de_Saint-Paul

Philippe Noiret
Jean Rochefort
Jacques Denis

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