Liliane Paolone, prostitution Suisse, crime France. Faites entrer l’accusé. Moser et Belle de jour. 8/10

Temps de lecture : 4 minutes

Une « drôle » d’histoire, si je peux me permettre de m’exprimer ainsi.

Liliane Paolone a une personnalité on ne peut plus bizarre, décrite par les experts comme infantile et égocentrée. Un cocktail qui serait détonnant.

Elle a arrêté très tôt les études, avec des résultats scolaires médiocres. A un moment de sa vie, elle a cru bon suivre l’exemple d’une amie qui s’est prostituée en Suisse. Ce n’était pas par goût mais par des obligations financières.

Ce manège « occasionnel » mais répété, se passait discrètement grâce l’aile mercantile et bienveillante de Monsieur Claude. Ce gaillard d’apparence inoffensive et sympathique, servait de « secrétaire ». Ses deux sites principaux permettaient soit l’accès direct aux clients, soit l’accès protégé ou M Claude était un transmetteur (proxénète?), protégeant ainsi l’identité et les coordonnées de ses « belles ». La dame qui est au centre de l’affaire était appréciée mais se conduisait étrangement. Elle posait des lapins et tentait de se faire passe pour une totale occasionnel, qui pourrait même se poser avec un de ses clients, une fois l’orage pécuniaire passé. Des promesses qui n’étaient que des duperies mais qui avaient le mérite de faire rêver le client. L’un d’entre eux a calé pourtant quand il s’est agi de trouver un appartement à notre dame aux camélias. Cela allait trop loin.

L’important pour Liliane était qu’il ne fallait absolument pas que cela s’ébruite, elle devait conserver l’anonymat, en particulier pour que sa fille ne soit pas au courant. Ce qui pour elle aurait été la pire des choses. >D’où son nom de guerre. Officiellement elle était femme de ménage quelque part de l’autre côté de la frontière.

Et si quelqu’un d’informé lui mettait la pression, elle était virtuellement capable de tout. C’est d’ailleurs la motivation la plus probable de son crime. L’innocent, éperdument amoureux, qui lui courrait après depuis fort longtemps, aurait été sur le point de révéler l’affaire, en désespoir de cause. Il aurait été plus loin que la classique phase de dépit avec repli sur soi, et aurait entamé la très dangereuse phase de rancune avec ses possibilités de passage à l’acte.

Maître Moser, que je connais bien, s’est occupé des intérêts de la famille de la victime. Il n’aime pas cette Liliane qui a assassiné M Christophe Millet de 18 coups de couteau. Il la trouve arrogante et tout et tout. Il faut dire que Mme Paolone a eu l’imprudence de se murer dans une défense peu crédible, en invoquant la légitime défense. Elle a donc cherché à enfoncer la victime, ce qui est habituel mais très déplaisant.

Selon elle, cet homme vigoureux aurait voulu être son proxénète et aurait fait partie de tout un réseau. Au final pour des raisons obscures et conspirationnistes, il voulait la supprimer.

Elle se serait simplement défendue. Dans le véhicule exigu stationné dans le grand parking souterrain (que je connais bien lui aussi) de Saint-Louis, elle se serait emparée du couteau qui la menaçait et aurait riposté violemment sans se contrôler.

Sans doute parce qu’il est un bon chrétien (*), une fois la « Belle » emprisonnée pour un très long moment, M Moser implore la famille meurtrie d’aller au-delà et de ne pas se torturer inutilement dans les rancunes et le ressentiment.

Et lorsqu’il parle du parcours ultime de Christophe, qu’il mentionne par son prénom tel un bon pasteur, il parle de déchéance… parce qu’il se faisait mener par le bout du nez par les mauvaises Marie-Madeleine.

Faut dire qu’il payait des chambres d’hôtel où la femme fatale se prostituait et qu’il faisait le guet dans sa voiture pendant la passe. Ce qui n’est pas reluisant selon nos critères moraux traditionnels.

  • En étant moi-même sur le front pour chercher la vérité quant à un assassinat d’une personne on ne peut plus proche, j’ai pâti de l’incompétence d’un certain système judiciaire, dans une grande affaire pénale qui n’a jamais été résolue. Je n’ai pas non plus une très bonne opinion pour certains des avocats d’alors.
  • Pourtant je suis admiratif pour le sérieux de nos magistrats loco-régionaux actuels, pour la qualité de l’investigation policière et pour certains défenseurs. Pas tous. L’enquête qui a fait l’objet de ce documentaire a été méthodique et efficace.

Dans la même inspiration œcuménique, Sainte Frédérique Lantieri nous rassure, Mme Paolone a gardé un contact rapproché avec sa fille malgré sa détention et son acte. Ce qui paraissait l’espoir le plus important de la criminelle.

A noter cependant que lors de sa détention « la belle » manipulatrice a fauté en entretenant une idylle intéressée et prohibée avec un gardien ! Perseverare diabolicum !

***

Voici le topo repris tel quel ou légèrement amendé, et que l’on retrouve retranscrit par de nombreux sites, qui ne se sont pas donnés la peine de visionner l’émission – la seule chose qui importe pour eux, c’est de se positionner. Et c’est le cas, puisque moyennant finance, ils sont situés tout en haut de la pyramide Google :

« Le 12 mai 2005 dans un parking du centre ville de Saint-Louis, près de la frontière suisse, Liliane Paolone, 25 ans a été agressée par un homme qui l’a prise en stop alors qu’elle revenait de Suisse où elle travaille. Mais elle est parvenue à se défendre. Elle a désarmé son agresseur et a retourné le couteau contre lui avant de prendre la fuite. Les policiers retrouvent en effet le corps d’un certain Christophe Millet, tué de 18 coups de couteau et égorgé. La police commence à douter des déclarations de la jeune femme : le sang sur le siège du conducteur qui prouve que Christophe Millet a été égorgé alors qu’il tournait le dos à Liliane Paolone. Il s’avère que celle-ci a menti aux enquêteurs mais aussi à ses proches, au sujet de son agression, mais aussi de son véritable métier. »

(*) Confer cette « révélation » dans un documentaire télévisé quasi psychanalytique, inspiré du divan de feu Henry Chapier où notre pointure du barreau mulhousien, sans doute troublée par cette ambiance de confessionnal de l’esprit, s’y est présenté presque comme un enfant (de chœur?), plutôt émotif et avec la larme à l’œil.

Mme Daphné Roulier a visiblement un bon ouvre-boîte crânienne. A moins que notre ténor n’ait été plus rusé qu’elle et ait servi dans cette émission juste ce qu’on attendait de lui.

.

.

Envoi
User Review
0% (0 votes)

Laisser un commentaire