Marie-Ève de Grave, Dora Maar : documentaire avis négatif. Entre ombre et lumière 2/10 Sous culture.

Temps de lecture : 3 minutes

Je n’ai aucun respect pour ces réalisateurs / documentaristes qui tentent de se faire mousser en grappillant aussi stupidement dans l’oeuvre magistrale de grands personnages. Et qui de plus sont payés par notre redevance pour cela.

Je m’étonne d’être à nouveau un des seuls à oser le dire.

Ces prédateurs incultes, colporteurs d’une pseudo-culture, sont de plus en plus nombreux dans ces réseaux télévisés protégés du service public. Ils s’y reproduisent en toute consanguinité idéologique.

Ce « travail » là sur Dora Maar est particulièrement simpliste et prétentieux. Les commentaires omniprésents de Marie-Ève de Grave atteignent des niveaux de bêtise rarement égalés.

Parlons d’abord du fond.

Dora Maar est une bonne photographe certes, mais un peintre assez moyenne. En tout cas, elle n’arrive pas à la cheville de Picasso. L’histoire a jugé, il n’y a pas “photo”.

Elle a vécu avec Pablo et l’a surtout imité dans ses procédés picturaux. Ce qui artistiquement parlant est un contresens, puisque le Maître et sans doute l’Art en général, c’est avant tout la surprise, le renouvellement profond, l’exploration suprême et l’inventivité permanente.

Pourtant notre commentatrice Marie-Ève, rond de cuir de la pensée et peu visionnaire, s’obstine dans la légende facile d’une femme peintre méconnue. Mais passons.

Marie-Ève de Grave est assez suffisante pour oser nous imposer des « explications » à sa façon.

Son laïus est dans l’air du temps. C’est à dire du blabla populacier et pourtant pédant, du niveau d’une revue de type « Femme +».

Il y a donc le postulat d’une Dora Maar spoliée dans sa relation avec le grand homme. Et pour cela Mme de Grave, comme un seul homme, nous impose la classique thèse féministe revancharde. Il faut réhabiliter cette artiste, vu le préjudice de notoriété qu’elle aurait subi, du fait de l’affreux macho espagnol.

Notre apprentie intello donne le coup de psychologisme fatal : « c’est Picasso qui la fera basculer dans l’ombre »

Elle instille son venin, dans une sorte d’obscurantisme niais. Dora Maar aurait subi d’infâmes électrochocs et autres « mauvais » traitements, pour une pseudo folie qui ne serait en fait que l’expression de sa frustration dans feu son couple. J’adore cette proposition réductrice qui fait de Picasso le mâle dominateur et coupable en chef et de sa victime, une femme qui serait devenue folle par les excès psychiatriques.

  • Quel anachronisme et quel conformisme bêta, quand on en est réduit à brandir l’épouvantail électro-choc ! Pour mémoire, ce procédé a été très efficace dans les troubles dépressifs endogènes, à une époque on avait peu de moyens. Mais notre navrante touriste du savoir n’en sait visiblement rien.

On peut considérer les 500 portraits de Dora par Pablo, comme un immense signe de reconnaissance. Mais notre donneuse de leçons nous dit que cela a nuit à Dora, cela n’a fait qu’« emporter sa peau et sa raison », cela a « scellé son destin », « qu’elle s’en est remis à lui au point de perdre son identité ». C’est sibyllin mais on voit l’intention culpabilisante.

Elle s’y connaît en phrases toutes faites : Dora a été « consumée par sa quête d’absolu ». Elle nous en fait d’autres avec sa “théorie” du double escalier. On est dans l’almanach Vermot de la pensée.

Dans la forme, tout est du même tonneau. Les commentaires incessants sont insupportables. “The torture never stops“.

J’ai enduré cela pour vous !

Pour qualifier ce “style”, on pourrait parler de « superficialité prétentieuse » – Ce ne sont que de phrases bâteaux, mises bout à bout, sans queue ni tête. Mais qui se donnent l’air. Un cadavre loin d’être exquis.

Elles sont débitées dans un ton lugubre. C’est de la prose insignifiante, des locutions vides et lues comme on lirait l’annuaire téléphonique. Juste du remplissage qui révèle immédiatement le navrant manque de réflexion, l’absence totale de profondeur de la réalisatrice. C’est vraiment frappant.

Une fois de plus les médiocres profitent bassement de la notoriété de leur sujet.

Dans ce tsunami d’imbécilités, les seuls îlots de respiration, sont les rares propos de quelques spécialistes.

Pour parfaire le tout, Marie-Ève de Grave se lance dans les mantras qui feront glousser d’aise les situationnistes qui tiennent le service public. Il s’agit d’allégeance et hop le moulin à prière est lancé : Dora est une portraitiste des « inégalités sociales » alors qu’il s’agit de camper des Freaks qui répondent aux monstres qui la tourmentent intérieurement.

Et pour être dans le ton “service public”, elle nous balance toutes les conneries habituelles les plus hors de propos : « précarité » « société aliénante » « hypocrisie bourgeoise » « front populaire »

Mon dieu, qu’ils se taisent donc, qu’ils s’éloignent de notre soleil.

Il y a du bon et du très bon dans l’oeuvre de Dora Maar. Une femme que je respecte infiniment. Mais pour découvrir cela, il faut vraiment voyager en meilleure compagnie.

https://www.tv5monde.com/programmes/fr/programme-tv-dora-maar-entre-ombre-et-lumiere/118390/

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