Maris et Femmes. Woody Allen, Mia Farrow, Sydney Pollack, Judy Davis, Juliette Lewis. Fin du mariage. 7/10

Temps de lecture : 5 minutes

En 1992, Woody Allen explore ce que j’appelle la fin du mariage, en ce sens que de nouveaux types de relation pointent leur nez et que l’ancienne formule perd du terrain. Certains vont saisir cette chance, alors que d’autres vont y laisser leur chemise.

Le film met en scène deux couples dans la cinquantaine et qui subissent chacun une crise existentielle. L’une des désunions contaminant l’autre.

Ils sont mariés légitimement, mais déjà dans les années 90, chez les citadins new-yorkais évolués, le mariage n’est plus tant une institution que cela. On pourrait déjà lui substituer le terme d’union durable.

Alors qu’est ce qu’il se passe ? Judy Davis et Sydney Pollack viennent annoncer à Woody Allen et
Mia Farrow, qu’ils se séparent tout en restant en bonne entente et qu’il ne faut surtout pas en faire un plat.

Peine perdue, Mia Farrow disjoncte devant ce qui lui paraît totalement inconcevable. Ces intellectuels n’arrivent pas à admettre une démarche si froidement rationnelle chez leurs chaleureux amis de toujours.

Le questionnement inquisiteur est classique. Il y a-t-il là dessous une faute, qui ne serait pas si insurmontable que cela ? Serait-ce juste un coup de tête réversible ? Il y a-t-il moyen de les aider à se rabibocher ? Rien n’y fait… pour l’instant. La décision paraît irrévocable et le Show Must Go On.

  • A mes yeux Judy Davis est une chieuse type, pire encore que Mia Farrow, mais bien entendu nos cerbères féministes ne le verront pas ainsi.

Il est fort curieux que ces amis ne puissent pas comprendre cette séparation. Sans doute ne veulent-ils pas glisser sur la même pente savonneuse. Ce qui témoigne d’un coupable manque de confiance.

C’est comme s’ils risquaient de perdre un puissant repère, occasionnant une déroute, qui pourrait aussi les fragiliser en tant que couple. La faille des premiers, engendrant des lézardes chez les autres.

Et en effet, quelque chose va se déliter aussi dans le couple Woody Allen et Mia Farrow. On assiste à une prise de conscience du train-train, de la fin de la passion, de la sexualité en panne, de la baisse de charme de l’un et l’autre, des activités qui ne laissent plus le temps, et de divers problèmes non résolus.

Les hommes « libérés » semblent plus volages. Et comme toujours, ils vont privilégier les relations amoureuses avec de très jeunes femmes.

Woody va se laisser charmer par son étudiante Juliette Lewis. L’approche est mi-littéraire mi-sensuelle. C’est le chemin du tendre, mais la petite chaudasse sait ce qu’elle veut. Elle n’en est pas à son premier coup chez les « vieux ».

Pollack tombe sur une bombasse écervelée, mais cela lui convient à merveille. Cette sexualité printanière le subjugue, il ne voit pas le mal. Il pense renaître et ne craint pas d’afficher son nouveau bonheur. Son entourage « conservateur » ne comprend pas qu’on puisse laisser tomber une femme de qualité comme Judy Davis pour une coach aux idées très limitées. La pauvre dénote dans ce milieu d’intellectuels, ce qui ne l’empêche pas de vouloir faire entendre ses messages idéologiques fumeux. Pollack qui la fait sortir de force d’une party, se rend compte du boulet qu’il trimbale. Il va préférer sauver sa tête et sa réputation, qu’importe le bon sexe avec Lysette Anthony finalement.

  • Cette vedette Lysette a fait de nombreux films, mais n’a pas laissé de souvenirs durables. Elle s’attaquera à Harvey Weinstein. Elle l’accuse de l’avoir violé.

Le beau Liam Neeson sera approché par Mia Farrow, pour qu’il s’intéresse à la laissée-pour-compte Judy Davis. Une petite histoire sera engagée. Mais la frigorifique Judy n’y adhérera pas complètement.

La fin de l’histoire révélera qu’en fait Liam convolera avec Mia Farrow. Et Judy Davis se remettra avec son Sydney Pollack bien aimé (platoniquement). Cela ne se fera pas sans mal. Il aura fallu que Sydney fasse une crise et fasse un sort au pauvre Liam. Judy se débattra maladroitement en prétextant qu’elle veut rester avec le bien bâti Liam. Mais Sydney est une forte tête qui obtient ce qu’il veut.

Le seul qui restera solitaire sera donc Woody Allen, les trois autres ayant soit repris leurs pantoufles, soit trouvé des nouvelles chaussures à leurs pieds. Il ne faut pas le considérer comme un « perdant », comme on l’aurait fait dans les récits d’avant. Si « perdant » il y a, il s’agit de Sydney Pollack qui devra désormais se résigner. Dur à avaler pour un gaillard comme celui-ci.

Ces « nouveaux » couples vieillissants explorent d’autres pistes. A l’époque, c’était à peine toléré. Ils ne veulent plus être enfermés dans les débats rigides sur la fidélité et l’infidélité, la relation kleenex ou l’amour inoxydable, la morale et l’immoralité, passion contre raison, les interdits d’âge…

Il s’agit à présent d’exploiter de nouvelles tranches de vie, permises par les prolongations de l’existence qui se comptent en décennies, la libération de la femme, l’homme qui s’autorise à nouveau d’être un conquérant…

La néfaste « réaction » viendra bien plus tard, avec les nouvelles moralines du XXIème siècle. Des assauts woke qui viennent étonnamment de la gauche, jadis libérale voire libertaire.

Husbands and Wives fut un bide au box office mais un succès auprès des critiques intelligents et sans doute concernés. Cette production n’arrive à faire rentrer que la moitié des fonds engagés.

Mais rien n’est perdu pour notre Woody car tous ces thèmes complexes sont ou seront développés dans d’autres films.

  • Pour compliquer le tout, il faut se figurer que Woody Allen vivait alors avec Mia Farrow. Et que la liaison de Woody avec la fille adoptive de Mia, Soon-Yi Previn venait d’être révélé. La réalité du couple en péril, égale la fiction, en quelque sorte.

A ne voir qu’en VO. Le doublage français étant pathétique.

https://fr.wikipedia.org/wiki/Maris_et_Femmes

https://en.wikipedia.org/wiki/Husbands_and_Wives

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