L’Acropole d’Athènes, je connais. Cela fait partie des émerveillements possibles, quand on voit cela dans les meilleures conditions. Mais aussi une visite pensum quand il y a trop de monde et qu’il règne une de ces canicules, dont la Grèce a désormais le secret.
Sur place, on n’a pas tout le recul historique, on se contente de la résultante d’années de travaux, suite à des désastres divers, dont des guerres, des catastrophes naturelles et des réfections loupées et en voie de correction.
Le documentaire nous resitue bien cela. Et ces nouvelles « perspectives » tiennent compte aussi des classiques remarques sur la non linéarité du Parthénon, l’édifice principal. Des modifications horizontales et verticales qui ont été voulues par les architectes du début, pour corriger le mauvais effet d’un trop strict alignement. On connaît ces corrections « physiologiques » que n’importe quel guide s’empressera de mentionner… comme s’il n’y avait pas grand-chose d’autre à dire.
<digression>
J’ai eu la chance enfant d’avoir pour guide un père de culture helléniste qui s’émerveillait de voir en vrai tout ce qu’il avait appris jeune dans des livres scolaires. Lesquels étaient encore dépourvus d’illustrations.
Lui qui avait appris le grec avec des curés, était aussi étonné par la « vraie » prononciation de l’avatar moderne.
Plutôt qu’une leçon bien conforme qu’il aurait pu nous administre comme un potion amère, son attention augmentée devant telle ou telle œuvre devait nous mettre sur la voie. Un regard qui s’ouvre était une indication suffisante ; pas besoin de ces longs discours, que nous n’aurions pas compris. Il devait nous prendre pour des béotiens ; terme qui s’impose ici.
Et ce voyage en Grèce a été bien plus vaste, avec des séjours allant de la grouillante Thessalonique où j’ai mangé mes premiers épis de mais grillés, vendus en pleine rue, jusqu’au palais de Cnossos (on pouvait encore s’asseoir sur le trône, ce que j’ai fait.
Passage également à Delphes avec cette remémoration obligatoire de la Pythie (celle qui vient en mangeant selon Goscinny) et en surplomb du canal de Corinthe. Salutaire replis à Nauplie pour de vraies vacances, au sens farniente du concept.
Visite à marche forcée du musée des antiquités d’Athènes, dont j’ai fait un rapport distancié, insistant sur le calvaire de voir tant de poteries. Ce qui m’a valu les remarques irritées de l’enseignant commanditaire de ces souvenirs de vacances.
Mycènes était vraiment enthousiasmant. Les architectures cyclopéennes fascinent les enfants et sans doute les peuples simples d’alors. Ce marqueur civilisationnel était fait pour.
Le périple aquatique dans les Cyclades avec cette montée à dos d’ânes du Santorin, était bien plaisant et finalement assez reposant.
Il y eu aussi d’impressionnantes manifestations de juste avant le règne des colonels.
J’en oublie beaucoup je suis sûr, mais je m’arrête là pour ne pas vous embêter.
</Fin de digression>
Revenons à L’Acropole. Son développement est bien raconté. On parle des techniques de jadis. Toujours cette “magie” du soulèvement d’immenses pierres.
Chaque partie de ce vaste ensemble est décrite avec soin. La 3D en couleur nous montre comment ces édifices étaient colorés ; on savait déjà que c’était le cas, mais des précisions sur des pigments résiduels planqués permettre plus d’authenticité dans ces illustrations. Curieux, car on s’était habitué à ces antiquités monochromes.
Les phases marquantes sont bien précisées. Et on comprend mieux la réutilisation de certains blocs. D’ailleurs ce capharnaüm relativise les prétentions à des reconstitutions fidèles, ici comme ailleurs. Les reliques étant à chaque époque des combinaisons plus en plus hétéroclites et souvent stratifiées.
On a ce problème d’authenticité avec la Cathédrale Notre-Dame de Paris (la pointe), le Château du Haut-Koenigsbourg (Viollet-le-Duc), mais aussi la Cité de Carcassonne (une bonne émission souligne la question des toits disparates et tout le reste), pour ne parler que de ce que je connais un peu. Les exemples qui prônent la coexistence pacifique du vieux et du moins vieux, sont tellement nombreux que cela en devient une règle.
Mais de là à remettre la mosquée disparue au centre du Parthénon !
***
Il y a des experts anglais dans les intervenants. D’où l’étrange silence sur le fait que Londres refuse toujours de rendre les frises du Parthénon à la Grèce ?
***
Mon cri de Cassandre habituel, quant au devenir du Web :
– Détalez, si le libellé accrocheur d’un site bien placé commence ainsi :
« Au cœur d’Athènes, perchés en haut d’une imposante colline rocheuse, les vestiges d’une cité antique surplombent la ville depuis plus de deux millénaires … »
C’est du toc répété par des robots. Ils ne se donnent même plus la peine d’en faire une paraphrase, sans bien sûr avoir vu l’émission. Pire encore, ces sites demandent à ce que vous payiez pour voir. Et Google ne s’émeut pas de cela !
– Ce n’est pas mieux quand des obscurs égrènent stupidement les superlatifs :
« Grâce à des reconstitutions 3D et des prises de vue époustouflantes, cette série expose les théories scientifiques et archéologiques les plus pointues pour … »
https://fr.wikipedia.org/wiki/Acropole_d%27Ath%C3%A8nes
.
.