Postkids. Film Julian Pawelzik. Triste Wuppertal. 8/10

Temps de lecture : 3 minutes

Intéressant court métrage de 2021. Du très beau noir et blanc. Plusieurs scènes sont de véritables clichés, au sens photographique du terme. La découpe est réussie également.

Alors que pas mal de films rament pour trouver de quoi passionner les spectateurs pendant 90 minutes, quelques jeunes surdoués du format court, concentrent leurs trouvailles sur la moitié du temps. Un petit shoot comme cela de temps en temps, cela fait du bien.

Dans son film de fin d’études au KHM, Julian Pawelzik met en scène des jeunes filles qui se cherchent. Elles s’ennuient et sillonnent Wuppertal en voiture, en long et en large.

  • Qui n’a pas tué le temps ainsi ? A part quelques écolos enracinés comme leurs légumes.

Une sorte de road-movie désespéré, dans cette ville tristounette de la Ruhr.

De par leur radicalité, elles n’ont rien à envier aux James Dean de Rebel Without a Cause. A présent l’égalité hommes / femmes est pleinement assurée.

L’une d’entre-elles va faire le coup de poing sur un parking, sur une équivoque. Un vieux qui n’a rien demandé va être sévèrement frappé. Elle pense éponger ainsi son surcroit de frustration et passer pour une héroïne auprès de ses consoeurs.

Les copines doivent se positionner vis à vis de ça. A priori elles ne doivent rien à personne. Et finalement, on voit, qu’après quelques ruminations, cela leur reste quand même en travers de la gorge. Même si elles jouent les affranchies, leur positionnement moral en prend un coup. Il y a danger dans les profondeurs du moi.

Au fond d’elles-mêmes, elles ont compris qu’elles doivent choisir ; virer délinquantes avec cette aura libertaire, ou s’aligner “comme des grandes” sans plus jamais laisser libre cours à leurs pulsions. Et la forte amitié qui les lie va être sérieusement ébranlée.

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Certains qualifieront cette crise existentielle fondamentale, de “sortie de l’adolescence“, “d’entrée dans l’âge adulte” ou de “Coming-of-age“. C’est répété de critique en critique, comme si nos paresseux blasés avaient trouvé la martingale. Mais en réalité, ce n’est que du vocabulaire de Pom-pom girl. Un artifice qui tend à consacrer une sorte de trajet linéaire obligatoire dans la vie. C’est bêtement réducteur.

L’american way of life, que tant de navets US nous vendent, a tout prévu pour eux/nous, de la naissance à la mort, en passant par ses pesants rites du mariage. L’ossature repose sur la sacro-sainte cellule familiale, sur laquelle se greffe la bagnole, le pavillon de banlieue, et une multitude d’enfants…

La révolte est strictement interdite. On ne tolère qu’un Le Lauréat par décennie.

La moraline qui en découle, a tout balisé, pour qu’on ne tombe pas dans l’asocial. Y compris la récurrente marche du compagnon, qui permet des pas de côtés, sous réserve qu’on retourne dans le bon chemin in fine. Comme dans Sept Ans de réflexion et tant d’autres films.

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Peu de mots significatifs dans le script, mais des attitudes qui en disent long. Peu de pathos, mais du très factuel. J’aime bien cette nouvelle manière, qu’on retrouve maintenant dans beaucoup de réalisations européennes. Sauf dans cette pauvre France, au cinéma étouffé par les subventions et le copinage.

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  • Maj-Britt KLENKE est un brin timide et tente de comprendre la situation afin de déterminer sa conduite (Luka)
  • La toute mignonne Luise von Finckh (Aleks) est la cause du tourment.
  • Romina Küper (Freya)
  • Helen Woigk (Tasnim)
  • Lou Strenger (Isabell)
Envoi
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