Que la fête commence ! (1975) 8/10 Noiret, Rochefort, Marielle

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Bertrand Tavernier l’iconoclaste, nous gratifie d’un film libertin sur la Régence du sulfureux duc d’Orléans. Cela se passe entre Louis XIV et Louis XV.

On y retrouve avec plaisir, le trio fameux du cinéma français d’alors : Philippe Noiret, Jean Rochefort et Jean-Pierre Marielle.

Des personnalités récurrentes, qui profitant de la petite lucarne, sont entrées chez nous tellement souvent.

Et franchement, ils étaient drôles et sympathiques. Ils ont su se faire aimer. On n’a pas eu envie de les chasser. Ils ont trouvé en nous, des familles d’adoption. Ils se sont incrustés. Et qui oserait renier sa famille ?

Résultat, on montrera parfois une indulgence coupable. Et on ne pourra plus jamais les chasser de nos têtes. Tout au plus on mélangera leurs noms des décennies après.

Parmi leurs indéniables qualités, du talent, une certaine liberté de jeu, un esprit taquin, une aisance voire une élégance à la française. Tout cela fait, que nous sommes encore sensibles à leurs éternels « numéros ».

Jean-Pierre Marielle incarne ici un Don Quichotte breton. Un noble exalté, qui a pour dessein de faire une république régionale indépendante. Il n’est accompagné dans sa quête que de quelques tondus et quelques pelés. Un bel exercice d’acteur.

Il finira exécuté. Le dirigeant du royaume ne lui accordera pas sa grâce.

Philippe Noiret est un régent libéral, qui est taquiné en permanence par sa libido. Il aime les sauteries collectives. On appelait ça alors les « fêtes galantes » , d’où le titre. Ici, les orgies sont organisées par Marina Vlady, actrice maquerelle encore craquante, malgré une certaine prise de poids.

Le faisant fonction de monarque met dans son lit de jolies prostituées de 16 ans et un peu plus.

Noiret ne fait pas ça comme un Weinstein, la bave aux lèvres, mais avec une certaine élégance et un brin d’empathie paternaliste.

Il dit aimer toutes celles qui veulent vraiment de lui. Comme c’est mignon !

Mais je ne sais pas si on peut encore émettre ce type de jugement clément, dans notre période de rigueur morale frigorifique.

La pétillante Christine Pascal a 23 ans au moment du tournage. Elle est la favorite du régent.

Elle est un peu trop maigre, on le voit bien dans la scène où elle s’expose nue. Mais dans les années 70, on ne s’en offusquait pas. Au contraire, on les voulait comme cela. Yves St Laurent qui n’aimait pas trop les femmes, était parvenu à nous imposer cet idéal mortifère de mannequins pâles et anorexiques (*). Bien entendu, il n’a pas été le seul responsable.

Rochefort est l’éminence grise. Un second rôle qui lui colle bien à la peau. Il conseille et oriente le régent. Mais il l’accompagne aussi dans ses aventures sexuelles. De loin cependant, car ce n’est pas son truc. Lui, est grisé par la mitre. Alors que l’on se demande même s’il est baptisé. En une journée, il sera propulsé de simple abbé à archevêque, pour services rendus. A chacun sa drogue ! Je ne demande qu’à croire. Mais dans le fond, cela me dépasse qu’il puisse exister des gens comme cela.

Tavernier a manifestement de la sympathie pour ses acteurs et cette histoire. Il n’oublie pas pour autant son mégaphone de gauchiste.

Ainsi, il nous gratifie d’un final pré-révolutionnaire assez convenu. Des paysans spoliés et de ce fait haineux, vont brûler symboliquement un carrosse royal. Et la pasionaria du moment, les yeux fixés sur l’horizon lointain de 1789, promet au monde entier qu’il y en aura bien d’autres à détruire.

Ce film garde des atouts. Grâce à un Tavernier inventif, il a bien moins vieilli que d’autres pellicules de cette époque.

Césars 1976 :

César du meilleur acteur dans un second rôle à Jean Rochefort (bien mérité!)

César du meilleur scénario original ou adaptation à Bertrand Tavernier et Jean Aurenche (bien mérité!)

César du meilleur réalisateur à Bertrand Tavernier (c’est bien pour un deuxième film!)

(*) La malheureuse Christine Pascal, qui selon sa sœur aurait fait une sorte d’anorexie dès l’âge de 13 ans, se suicidera à 44 ans, en sautant de la fenêtre d’un établissement psy.

https://fr.wikipedia.org/wiki/Que_la_f%C3%AAte_commence…

Philippe Noiret
Jean Rochefort
Jean-Pierre Marielle

Marina Vlady

Christine Pascal

Les acteurs sont en effet en fête…

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