(S)ex list (2011) 4/10 Anna Farris

Temps de lecture : 3 minutes

Le titre US joue sur le double sens : What’s Your Number? C’est quoi ton numéro? Numéro de téléphone ou numéro dans la liste des amants.

Le cul ne suffit pas à abuser les cinéphiles.

Serait-ce l’ultime soubresaut, du genre totalement épuisé, qu’est la comédie matrimoniale américaine ? Ah, si seulement !

A chaque fois que l’on voit ce genre de daube, on est consterné. Qu’on en finisse une bonne fois pour toutes ! Malheureusement, la gueuse ne veut pas mourir.

Je serais quand même intéressé de savoir qui regarde cela. En dehors des anthropologues.

La recette de base semble immuable. Une célibataire est à la recherche d’un mari. C’est l’inconsistante Anna Farris qui s’y colle.

La base axiomatique du genre proclame, que l’union conjugale contractuelle est l’objectif obligatoire d’une vie. Tout cela est bien codifié dans les règles d’airain de la bien-pensance, outre atlantique. Tout au long de l’histoire du cinéma US, on nous a refait le coup. Mais ce qui il y a cent ans avait une certaine raison d’être, paraît bien désuet à présent.

Le diktat du mariage devient encore plus impérieux, quand on a laissé passer le temps, façon cigale, et que les ovules se font de plus en plus rares (texto dans le film)

La donzelle fait méthodiquement une liste de ses ex, l’histoire de voir s’il n’y en a pas un à repêcher sur les 19. Elle enquête et en retrouve certains. Les ex-prétendants se succèdent, et souvent ils ne sont pas intéressés. Par ailleurs, ils ne sont plus ce qu’ils étaient, en bien comme en mal.

Pendant ce temps, l’homme le plus improbable, et qui n’est pas sur la liste, croise son chemin. Certes, il est beau et désirable. Mais c’est un dragueur impénitent. Il enchaîne les conquêtes, sans scrupules. Des coups d’un soir jetables, pas plus importants que des kleenex. Et pourtant chacune d’entre elles n’aspire qu’à s’incruster. Il lui faut ruser, il se planque chez la voisine Farris, le temps qu’elles décampent.

Les bonnes copines préviennent l’aspirante. Surtout pas lui ! Elle se méfie, elle le rejette.

Et pourtant, bien entendu, on s’en doute dès qu’on le voit, ce sera lui l’élu. Pas besoin d’être devin, c’est toujours comme cela.

L’essentiel pour le réalisateur, c’est de caser dans l’histoire, certains jalons obligatoires. Il a une check-list pour ça.

De belles personnes sont montrées sous toutes les coutures. On ne lésine pas sur les décors luxueux. Il faut faire envie.

La jeune femme en chasse porte soit une robe totalement rouge soit totalement bleue et toutes les copines s’extasient forcément. Mon dieu, que les américains ont mauvais goût en matière de vêtement !

Les demoiselles d’honneur ou apparentées, valident en groupe la tenue de mariée. Le mariage, c’est un sport collectif.

On n’évite pas non plus, les beuveries, les beaux-parents bizarres, une pseudo lutte des classes, les quiproquos, les faux-pas, l’erreur d’aiguillage rattrapée au tout dernier moment, la course éperdue vers l’élu(e), la déclaration publique… tiens, ils ont oublié la scène de la bague !

Le coup consistant à revisiter la liste des anciens mecs de la prétendante, permet un paresseux comique de répétition. A chaque fois qu’elle revoit un ex, la pauvre Farris fait son abominable moue faussement étonnée. Une tronche pas bien différente ce qu’elle montrait lors de l’ apparition d’un monstre dans un Scary Movie. Franchement, ici c’est déprimant.

Pour faire effronté, les filles n’hésitent pas à parler crûment de sexe, en long (« bite » dixit) et en large (« vagin » dixit). Mais cela ne change pas grand-chose. L’histoire reste incroyablement conformiste et ennuyeuse.

Il y a même une discussion scolastique, pour savoir si en ne mettant qu’un tiers ou la moitié du pénis, on peut compter cela comme une relation sexuelle. Faut-il y voir un lointain avatar du « sucer n’est pas tromper » ou bien certaines « difficultés » ? Je tombe des nues d’apprendre que des «collègues » ne feraient les choses qu’à moitié, voire n’assumeraient que le tiers du « job ». Ceci explique sans doute cela. Désolé pour cette vulgarité, mais c’est dit comme cela dans le film.

Au final, et cela fait bien entendu parti des conventions, la jeune fille choisira selon son cœur, pas selon son intérêt. Elle préférera le bel artiste local, mais certes prometteur et en voie de rédemption, au beau riche brillant et mondialisé. Le premier embrasse mieux, nous suggère-t-on.

Traduit dans le langage des chaumières, cela veut sans doute dire cela : « il vaut mieux ton gentil petit bonhomme, que de folles espérances ». Ou bien : « reste à ta place, contente-toi de peu». Les couples « feel-good » peuvent se serrer l’un l’autre au sortir du cinéma. Tout va pour le mieux dans le meilleur des mondes.

Le scénario finit dans un terne exercice de numérologie, c’est dire. 20 ou 21 amants, that is the question ?… le tour du monde en 81 jours s’était fait en réalité en 80, la terre peut continuer à tourner.

https://fr.wikipedia.org/wiki/Sex_List

Anna Faris
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