Tanks rois des champs de bataille. Série 3D World of Tanks. Serge Tignères. 8/10

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Que cette série est bien faite ! Elle pourrait même enthousiasmer des pacifistes obstinés.

Ce qui est mis en avant ici, c’est l’ingéniosité des concepteurs. On sait bien que la guerre est propice à l’invention et qu’elle suscite donc l’apparition de nouvelles technologies.

Rassurons-nous, le conflit à l’échelle mondiale, n’est pourtant pas indispensable. Ce qui doit être découvert, le sera de toute façon, n’en déplaise à nos décroissants bêbêtes.

L’autre intérêt d’étudier ces concentrations inventives des guerres, c’est l’observation des luttes au sein des états-majors. La dynamique des équipes et la pesanteur des hiérarchies valent le détour historique.

Il en faut pour abolir l’inertie. L’ancien éprouvé et les habitudes qu’il suscite, ont bien du mal à tolérer le nouveau révolutionnaire, qui certes n’est pas toujours bien finalisé. On a là un combat éternel, qui dépasse d’ailleurs celui interne aux décideurs de l’armée. Ainsi pour faire sortir le design automobile du pesant héritage des carrosses, il en a fallu du temps.

Le tank en soi était un pari. Seuls quelques personnalités clairvoyantes anticipaient son essor. On cite souvent Charles de Gaulle.

Pour le reste, on voyait surtout ces monstres, comme des concurrents des chevaux et donc de l’essence même de la cavalerie. Au mieux, on se permettait de penser qu’ils puissent venir en appui d’autres forces, mais pas comme une arme relativement indépendante. Ce sont aussi des conflits de territorialités entre les diverses branches des armées.

Certains les voulaient légers et très mobiles et d’autres au contraire les souhaitaient fortement blindés et donc forcément lourds. Ces chamailleries n’ont pas été sans conséquences sur les retards de développement. A partir du moment où l’on privilégiait un char de compromis, l’intérêt retombait, pour ce qui devenait un mouton à 5 pattes.

Ces atermoiements ont plombé ces monstres de fer.

La France a été d’un grand secours à plusieurs reprises, compte tenu de son avance technologique. Comme par exemple en vendant des licences aux USA de ses Char Renault FT de la WWII. Mais aussi en exportant des ingénieurs bien de chez nous aux States.


Le retard des Américains était étrangement constant, pour une grande partie du vingtième siècle. Par contre ils ont su remplacer la qualité par la quantité lors de la WW II. En tout cas vers la fin.

Les Allemands avaient fait d’énormes progrès et leurs réalisations les plus avancées pouvaient tenir tête à n’importe qui. Mais la logistique n’a pas suivi. Malgré leurs efforts et l’emploi d’esclaves, ils produisaient trop peu.

Le documentaire utilise intelligemment la 3D pour nous montrer les avantages et les inconvénients de telle ou telle configuration, dont la taille, le blindage et le poids, la vitesse et la motorisation, la suspension, le type de chenilles ou de pneus, le nombre de personnes à bord, l’orientation des panneaux pour faire glisser les obus, la complexité des tourelles, type et calibre des canons…

Cette excellence dans le rendu vient d’une alliance avec un éditeur de jeu vidéo, Wargamingqui a conçu «World of Tanks». Ce Serge Tignères n’est pas un imbécile woke. Tout comme les tanks auxquels on a laissé une chance, il a su progresser. C’est méritant dans une France où on fait tout pour ralentir le progrès des autres pour ne pas paraître distancé. Alors qu’au contraire il faudrait aller de l’avant, en acceptant la novation et en cherchant à s’ériger sur ses épaules, plutôt que de s’abaisser à faire des croche-pieds.

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https://www.cairn.info/revue-strategique-2015-2-page-211.htm

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