Maigret, Vente à la bougie. Simenon collaboration, épuration. Cremer. Granier-Deferre. 7/10

Temps de lecture : 2 minutes

Ce n’est sans doute pas la meilleure histoire de Georges Simenon. L’intrigue est un peu trop tarabiscoté à mon goût. On frise les facilités à la Agatha Christie, avec ces fastidieuses mises en cause des personnages les uns après les autres et la résolution incriminant les moins probables de ces derniers.

Mais le téléfilm de 1995, Maigret et la Vente à la bougie, que l’on doit à Pierre Granier-Deferre est brillant. Bruno Cremer est comme un poisson dans l’eau avec ces ambiances délicieusement glauques.

Dans l’ensemble, les caractères avec leur mesquinerie ou leur franche méchanceté, nous font douter de l’humanité. Mais le bon commissaire Maigret est chargé de réhabiliter cette fille perdue. Il sait que l’homme peut être mauvais, et ce depuis la libération des tous les maux de la Boîte de Pandore. Mais lui aussi a eu soin d’écouter la fin de l’histoire. Il a compris qu’au fond de la boite, il y a un petit espoir qui ne demande qu’à s’envoler. David Suchet en tant qu’Hercule Poirot est sur la même longueur d’onde de la lutte individuelle contre le mal avec pour corollaire la défense des petits, des sans grade.

Étienne Chicot en tant que tenancier de l’estaminet où tout se passe, nous fait le gars fruste qui a beaucoup vécu et qui connaît ses semblables. Il a une tête de coupable mais c’est son passé de mauvais garçon qui veut cela. Ces protagonistes qui se sont amendés, sont récurrents dans les Maigret. Certes ils participent à de très prévisibles rebondissements. Mais plus encore, on sent aussi que cette faune attendrit Simenon. Il aurait lui même un ancêtre qui a fait pas mal de frasques et qui pourrait avoir fini pendu. Et lui même n’a pas été un parfait ange, idéologiquement parlant, pendant l’occupation, dit-on.

Michèle Moretti est la patronne derrière le comptoir. Et elle aussi semble burinée par le temps et les expériences. Son demi-sourire en dit long. On a l’impression de la connaître, mais peu sont capables de donner son vrai nom ; y compris moi bien sûr.

Avec les autres personnages les raisons de désespérer sont multiples. Et finalement le ou les coupables sont décevants.

Et puis il y a cette histoire de « clef des chiottes » supposée être la clef de l’histoire. Ce n’est pas une enquête d’une immense finesse. Reste l’ambiance lourde de chez ces gens-là. Elle plaît et agace comme une douleur exquise.

… Et puis, il y a l’autre des carottes dans les cheveux
Qu’a jamais vu un peigne, qu’est méchant comme une teigne
Même qu’il donnerait sa chemise à des pauvres gens heureux
Qui a marié la Denise, une fille de la ville
Enfin d’une autre ville et que c’est pas fini
Qui fait ses petites affaires avec son petit chapeau
Avec son petit manteau, avec sa petite auto
Qu’aimerait bien avoir l’air mais qui n’a pas l’air du tout
Faut pas jouer les riches quand on n’a pas le sou
Faut vous dire Monsieur que chez ces gens-là
On ne vit pas Monsieur, on ne vit pas, on triche…

https://fr.wikipedia.org/wiki/Vente_%C3%A0_la_bougie_(Simenon)

https://fr.wikipedia.org/wiki/Georges_Simenon

https://fr.wikipedia.org/wiki/Pierre_Granier-Deferre

Envoi
User Review
0% (0 votes)

Laisser un commentaire