Témoin muet. Poirot Suchet, pèlerin Pat’Apouf, Milou. 7/10

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Ah, ces enquêteurs légendaires ! En ce qui concerne leur adaptation à télé, il y a un sacré créneau. Les épisodes du détective, free-lance et ouvert d’esprit, sont bons. Même si je trouve qu’on en a soupé des Poirot, Miss Marple, Maigret et Columbo… David Suchet en tant qu’Hercule Poirot, Bruno Cremer nous fait un commissaire Maigret détaché qui n’a pas d’a priori et qui semble attendre que les faits s’éclairent d’eux-mêmes. L’un avec sa pipe l’autre avec son frichti de petites cellules grises. Mais dans le fond, ce Poirot est un mauvais détective, puisque généralement il ne peut pas contrer le crime annoncé ou empêcher les suivants. Pourquoi lui pardonne t’on ? Parce que dans ce monde cruel, il apporte avec lui de la psychologie et de l’empathie.

Je suis un mauvais coucheur. Plutôt que de prendre ces Agatha Christie pour ce qu’ils sont – une simple distraction – je me plains sans arrêt que les intrigues sont trop fabriquées et peu crédibles. Ce qui est vrai, mais n’est pas forcément l’essentiel. Certains diront qu’il vaut mieux un mauvais Agatha Christie qu’un policier moyen écrit par un autre.

Le Témoin muet (téléfilm) est basé sur le Témoin muet (roman). Cela va de soit. Mais notez bien que j’ai mentionné roman. C’est un travail de 320 pages (first edition). Ce qui est déjà mieux que ces scénarios étirés qui proviennent d’une simple petite nouvelle. On peut espérer que l’histoire sera mieux bâtie.

Ann Morrish incarne cette digne veuve du nom de Miss Emily Arundell. Autour d’elle se pressent les futurs héritiers pour obtenir quelques fonds d’elle. Cela la navre. Et puis elle a le pressentiment qu’on en veut à sa vie. « Miss Emily Arundell must die ! ». Hercule qui passe par là prend cela au sérieux, comme s’il avait vu tout le scénario. Son intuition à lui, est conforté par une curieuse chute dans l’escalier de la vieille. Un câble a été tendu. Le fox-terrier Bob et sa balle est hors de cause. Lui ramène toujours son jouet dans son couffin au bas de l’escalier. La balle à l’étage c’est une scène maquillée. Et puis il y a ce constat d’un crochet bizarrement placé… et qu’on a enlevé après de surcroît.

La deuxième tentative est la bonne. Miss Emily Arundell sera empoisonnée. Son âme partira dans une fumée verte. Le Chien des Baskerville n’est pas loin et ce n’est pas Bob.

Cette fumée étrange n’attire pas l’attention, car l’intrigue est compliquée par deux femmes très liées qui font du spiritisme. L’évasion de l’âme est un classique pour ces crédules là. Elles ne pensent même pas à relever ce fait étrange.

Le mobile est clair et « comme de bien entendu » tout le monde ici présent pourrait être coupable. Ce qui donne un bon nombre de chapitres. Il y a la les limites de la moulinette combinatoire de Mme Christie. Aucun génie là dedans. C’est juste un travail d’artisan tâcheron. Peu de critiques me suivent sur ce terrain.

Il faut à un moment que Poirot se traite d’imbécile, alors même qu’il entrevoit la solution. En fait, c’est Agatha qui nous insulte pour ne pas avoir encore compris. Nous serions tous des Hugh Fraser / Capitaine Arthur Hastings. Rassurez-vous, elle ne nous a pas donné assez d’éléments pour décrypter l’énigme.

Ici il pourrait l’être une deuxième fois. On peut le considérer comme imbécile pour avoir conseillé à la veuve de déshériter sa famille tout entière. Le but étant qu’ils n’aient plus de raison de l’assassiner.

Le nouveau testament ne va pas la protéger et il sèmera un sacré souk. Dans le film, au final, les ayants droits traditionnels ne verront pas le retour des fonds d’ailleurs. Ce qui est curieux dans des bouquins où règnent une telle justice immanente.

Les initiales vues dans le miroir sont trompeuses, au lieu de TA il faut lire AT. C’est du niveau des bandes dessinées sur une page, qu’on lisait dans le temps en fin de magazine comme avec ce fin limier Pat’Apouf, dans le Pèlerin (chez nos grands parents!)

Ah les Tanios ! On pourrait facilement croire que le grec Jacob Tanios joué par Paul Herzberg a toutes les tares. Ce « coupable idéal » serait-il vraiment le criminel. Notre Cluedo mental qui à l’habitude des romans policiers, nous susurre que non. Et madame Bella Tanios / Julia St John, cette femme « persécutée » par son mari, est une insoupçonnable mater dolorosa… notre Cluedo mental…. (hum)

Le téléfilm permet à Poirot / Suchet, l’incrédule, de jouer la partition pensée-magique et “au-delà”. Cet exercice est de type de para-zététique. Ce contrepied fait toujours du bien dans ce monde plein d’obscurité et de croyances débiles.

Pour ceux qui s’ennuient, il y a toujours une bombasse. Potiche c’est un peu fort, disons autre centre d’intérêt. Mais avec la prognathe Kate Buffery, ce n’est pas vraiment cela. En tout cas pour un public plus latin.

https://fr.wikipedia.org/wiki/T%C3%A9moin_muet_(t%C3%A9l%C3%A9film)

https://fr.wikipedia.org/wiki/Le_Chien_des_Baskerville

https://www.lepelerin.com/patrimoine/le-pelerin-depuis-1873/50-ans-denquetes-avec-la-bande-dessinee-patapouf-7563

https://fr.wikipedia.org/wiki/Z%C3%A9t%C3%A9tique

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