Adolf et Eva. Amour et Guerre. Nous Deux et nazisme. Ben Reid. 4/10

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A mince, voilà une histoire à la Nous deux, à laquelle il est interdit de s’identifier. Le reportage nous en défend en insistant largement sur la non-innocence de Eva. Il y avait un diable et voilà maintenant deux amants maudits.

Les concepteurs ont bien raison de nous mettre en garde, mais comme par ailleurs le documentaire est ultra conformiste, que nous reste-t-il ? Ben Reid nous à fait ce coup là en 2016.

On connaît déjà bien l’histoire de l’assistante du photographe d’Hitler, qui a été rabâché de multiples fois déjà. Cela va du quasi berceau, au bunker fatal. A noter en passant, que le tyran avec la crainte du suicide de ses proches.

Les prises de vue et les films d’époque sont toujours les mêmes. Et les commentaires ne varient que peu. Il y a juste des doses différentes d’indignation.

Mais le docu-fiction s’embarrasse d’acteurs contemporains, pour essayer de nous faire revivre cette époque. Et le moustachu buveur de lait qu’ils ont trouvé pour figurer Hitler est franchement à côté du rôle. Il fait presque rire tant il semble une caricature de Charlot dictateur. Autre démonstration d’une profonde incurie de cette entreprise.

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Et voilà ce que les soi-disant sites d’information ressassent tous de la même manière :

«L’histoire et le parcours d’Eva Braun, de son amour d’adolescence, à son mariage et son suicide avec Adolf Hitler, dans un bunker de Berlin. »

Il y a une version bis, moins neutre, mais qui est visiblement issue du même moule :

« Adolf & Eva révèle l’histoire choquante d’Eva Braun, de son amour d’adolescence, à son mariage et son suicide avec Hitler, dans un bunker de Berlin. Découvrez comment Braun a participé à la montée au pouvoir du Führer et comment elle a orchestré dans l’ombre, aux côtés des autres architectes, l’Holocauste »

Et dire que Google leur fait la courte échelle à tous ces sites là ! Bon d’accord, ils payent pour sur-occuper le haut des charts. Mais quand même.

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Où sont les bonnes questions ? Pas celles de que sussure la moraline actuelle avec la différence d’âge dans le couple, ou de l’emprise supposée ou réelle, ou du désir des femmes de se rapprocher des hommes de pouvoir. Mais le reste.

Il faudrait se débarrasser de la vision manichéenne consistant à ne voir que la part haineuse et violente du nazisme. La fascination pour sa modernité (Mal et ModernitéJorge Semprún) ou la compréhension du concept de banalité du mal (Hannah Arendt), sont des approches autrement plus intéressantes, car elles seules sont à même de nous prémunir d’un retour de ces thèses. N’attendez pas à ce que cette idéologie revienne bien visible avec des croix gammées au bras.

Vu l’abondance des travaux historiques, désormais il n’y a plus de prime pour ces réalisations. On peut se permettre de sabrer énergiquement dans la mauvaise production.

https://fr.wikipedia.org/wiki/Mal_et_Modernit%C3%A9

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