Avis. Barbe Bleue. Mauvais film 2009. Breillat, Créton, Baiwir, cinéma-désastre. 3/10

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En 2009, année du film, Catherine Breillat n’allait déjà pas très bien. Et quand elle parle de gamines dont le destin est massacré, à la mort de leur père ruiné, cela doit raisonner en elle.

La même année elle a révélé être victime de l’escroc Christophe Rocancourt. Il a profité de son handicap et de sa faiblesse, comme l’a reconnu le tribunal. Elle ne sera jamais réellement remboursée.

Le film réalisé et scénarisé par Catherine Breillat commence bien. En ce sens qu’un long métrage fait en français, de cette manière et avec cette prise de vue, est alléchant. On s’est tellement habitué à l’abâtardissement du doublage, qu’on est réveillé par tant de sens, quand les mimiques et le langage matchent parfaitement. Bien, bien, bien…

Mais rapidement, on doit se rendre à l’évidence, que le scénario est concombre et que les plus jeunes actrices ne jouent pas très bien. Lorsqu’elles deviennent des adolescentes « consommables », en tant que Lola Créton et Daphné Baiwir, elles ne font guère mieux.

Et puis le Barbe bleue vient avec ses gros sabots. Ou plutôt les déshéritées veulent à tout prix s’approcher de ce riche châtelain, malgré le danger connu.

On connaît bien l’histoire et ses avatars depuis Charles Perrault. Celui-ci n’apporte pas grand-chose.

L’intrigue éventée, qui dénonce une certaine forme de curiosité féminine, se réfugie dans une défense féministe parfaitement anachronique. Autant le dire, tout cela devient vite pénible… j’ai du zapper pour ne pas subir cette crétinisation visqueuse et rampante.

  • Brigitte Le Juez se charge de nous dire, au sein d’une critique logorrhéique brouillonne, que « Le conditionnement moral et social et le traitement des femmes, en particulier, sont évidemment au cœur des réécritures de Barbe-Bleue. »
  • Vous n’avez donc plus le droit désormais de penser autrement.

Qu’importe que Lola obtienne la tête barbue ou non.

Le principe de Barbe bleue comme de le Loup y es-tu ? est avant tout de cacher un fort interdit sexuel et de montrer l’excitation des petites à son approche. La clef tachée faisant référence à la perte de virginité. « Petite, résistez au désir, n’outrepassez pas cette limite ! ». C’était le grand sujet de ces époques où les filles mères étaient rejetées sans égard.

La morale ordinaire commande que le satire soit châtié, en tout cas pour la sœur Anne qui ne voit que « le soleil qui poudroie et l’herbe qui verdoie ». Le loup gagne lui. Une vraie innovation consisterait à montrer qu’il s’en sort et qu’il reparte à la recherche de nouvelles proies.

Le film fut un des plus grands désastres du cinéma français, avec des gains d’environ 60 fois moins que les investissements. Avec une telle équation, il y aura bien des critiques couillons pour avancer la théorie du « génie incompris ».

Jack Zipes n’est sans doute pas un nul, mais je le trouve tout de même encore bien gentil et trop verbeux dans ce résumé :

L’appropriation cinématographique par Catherine Breillat de « Barbe Bleue » de Perrault en 2009 est extrêmement significative pour ce qu’elle révèle sur l’évolution historique du conte de fées, depuis la tradition orale en passant par l’imprimé jusqu’à notre époque actuelle de représentation cinématographique et numérique. L’effacement de Perrault — et éventuellement le nom de Breillat — indique à quel point les contes eux-mêmes et la narration dépendent grandement de la résonance qu’ils trouvent dans de grands groupes de personnes et dans leurs processus culturels. Les contes de Barbe Bleue et leurs variantes dans d’autres domaines de la production culturelle tels que le cinéma agissent comme des mèmes avec des stimuli supranormaux et font partie d’un processus discursif singulier de remakes au sein du genre plus large du conte de fées. Cet essai analyse Barbe Bleue de Breillat comme un remake filmique avec un oeil visant à comprendre comment les contes oraux et littéraires ont interagi avec les nouveaux médias dans une longue tradition historique pour former un discours de conte de fées qui aborde les changements de manières, d’attitudes et de valeurs.

La cinémathèque est étrangement neutre, et donc bienveillante, avec ce navet. On peut dire qu’en ne critiquant pas vertement ce qui doit l’être, ils échappent à leur rôle de guide :

« Le conte de Perrault revisité par Catherine Breillat, qui instille des éléments autobiographiques dans une atmosphère doucement surréaliste. Une parabole sur la jeunesse, ses aspirations et ses pulsions rebelles, et sur l’affirmation du pouvoir des femmes. »

https://fr.wikipedia.org/wiki/Barbe_bleue_(film,_2009)

https://fr.wikipedia.org/wiki/Catherine_Breillat

https://fr.wikipedia.org/wiki/Loup_y_es-tu_%3F_(chanson)

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