Avis. Planes para Mañana. Wokisme narcissique. Destins croisés de vieilles. Cinéma facile. 4.5/10

Temps de lecture : 4 minutes

Planes para mañana a été nommé pour deux prix Goya. Mais même avec une coupable indulgence chauvine du jury, il raté les deux marches.

Certains réalisateurs se croient malins, en nous refourguant le maximum de pathos sur un fond de situations plus dramatiques les unes que les autres. Qu’ils sachent que ce fond dépressif doit être utilisé avec plus de modération qu’ici, sous peine de manque de crédibilité.

Les mêmes ressortent ce truc facile des multiples situations apparemment distinctes, et concernant chaque fois d’autres protagonistes. C’est un remugle des anciens films à sketches.

Pour corser le tout et paraître malin, ils finissent par trouver des points de convergence au final. Et ce qui était épars, devient lié ; au prix de pas mal de contorsions et avec là encore une sérieuse perte de réalisme.

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Ainsi, lors d’une des scènes, on assiste à une grave collision en pleine ville, touchant deux voitures. L’accident sert le récit en cours. Mais « comme de bien entendu », on retrouvera le choc violent sous un autre angle, pour une autre histoire. Les passagers de l’autre voiture ayant aussi leur destinée bouleversée

Ce coup-là est tellement banal, qu’on le voit venir de loin. Je n’aime pas trop cette façon de faire . C’est un truc facile à mettre en place sur le papier. Il n’y a aucun génie là-dedans. J’attends toujours de voir le récit multiple, résultant de la collision avec trois bagnoles et plus… et la complexité cinématographique qui ressort de cette situation (c’est sûr qu’on y a déjà pensé!). Oui, les scénaristes sont en panne bien souvent.

On ouvre un tiroir puis un autre, pour qu’on se rende compte enfin, qu’ils appartiennent tous à la même commode.

On sait bien que toutes nos histoires sont liées de près ou de loin (y compris le battement d’ailes du papillon en Amazonie. Pas de quoi en faire un plat ou une Bibliothèque de Babel matricielle à la Jorge Luis Borges.

C’est devenu tellement routinier qu’on a trouvé un nom les « destins croisés ».

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Ils disent :

« Trois histoires qui se déroulent dans une même journée s’entremêlent. Le jour où Inés (Goya Toledo) découvre qu’elle est enceinte, Antonia (Carme Elias) décide de quitter sa famille et Marian (Ana Labordeta) réalise qu’elle va mourir. Le film est un portrait urbain de la vie quotidienne. Un moment extraordinaire où les personnages découvrent qu’ils sont capables de revivre leur vie. »

« le portrait de 3 femmes qui ont obtenu le droit de choisir comment elles veulent vivre leur vie et qui doivent prendre leurs propres décisions et en assumant leurs propres risques. »

Je dis :

“C’est un film fait par une de ces femmes, Juana Maciás, qui s’obstinent à dépeindre les hommes comme de sombres crétins, qui les empêcheraient des s’épanouir. Alors que les femmes entre 40 et 50… 60, comme elle, seraient de courageuses victimes, de mâles plus ou moins toxiques. On nage dans le wokisme narcissique classique”.

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Carme Elías, qui est dans un mariage stable, est sollicitée par une vieille relation. Elle hésite, puis s’organise pour quitter le jour même sa famille. Cette décision étonnante serait à la fois passionnelle (à 59 ans!) et raisonnée (?). Je ne crois pas une seconde à ce récit hyperbolique.

Goya Toledo incarne Inés, qui cherche la dernière opportunité d’être mère. Cette actrice de 43 ans voit son âge rabaissée à 39 pour les besoins du film. Elle sera cabossée, mais résistera aux « conseils » pressants, visant à avorter. La réalisatrice nous fait le coup de l’héroïne moderne, seule contre tous, doublée d’un mère courage (potentielle).

Ana Labordeta, 43 ans est cette femme qui a un mal fou à se débarrasser de son mari insistant.

Sa fille Aura Garrido est cette adolescente, jolie mais un tantinet débile qui se charge de repousser les assauts du père. La petite mignonne dénote dans cette ambiance nombriliste, qui flatte les autres femmes toutes « vieilles ».

Elle a tout d’une adolescente de son temps (2010), alors que l’actrice a déjà 21 ans. C’est devenu obligatoire pour un metteur en scène, de coller avec sa « modernité », dans les films d’aujourd’hui, comme ceux d’hier, et de fournir de la « fesse » pour tenter de réveiller le spectateur (question de quota aguicheur).

La fille transporte donc avec elle tous les ustensiles de la « mode » : portable, chat sur ordinateur… Et la moue rebelle qui va avec.

Elle ne voudrait pas que sa mère se remette avec son père toxique. Elle est franchement agaçante, comme le sont la plupart des représentations des adolescentes modernes, dans ce cinéma à la Netflix. On prend cette insoumission et cette hargne permanente, pour une émancipation, alors que ces attitudes hostiles en permanence, témoignent plutôt d’une très commune crétinisation.

Elle est hautaine et cassante et se prévaut d’un savoir qu’elle n’a pas. Elle est figée sur sa prémonition, que la relation entre sa mère et son père finira mal. Elle défend à sa mère la moindre communication avec ce mâle bien trop insistant.

Et bien entendu, par la magie du cinéma, l’oracle malheureux sera accompli. Mais il le sera de façon curieuse, avec cet accident de voiture, dont on a déjà parlé (ici la deuxième voiture, avec le deuxième angle). Et il est vrai que son père joue un rôle néfaste là-dedans, mais pas celui qu’elle croit. Ce n’est pas lui qui conduisait, mais c’est lui quand même, qui par son assistance à brouiller le cerveau de sa femme au volant, l’a amené à moins de vigilance, d’où la responsabilité de l’accident. C’est donc un peu torturé tout ça.

Alors qu’elle était tellement impliquée par l’histoire de ses parents, et que son père elle s’en remettra quasi instantanément, grâce à un contact de son âge sur Internet. Crédibilité, où es-tu passée ?

https://fr.wikipedia.org/wiki/La_Biblioth%C3%A8que_de_Babel

https://es.wikipedia.org/wiki/Juana_Mac%C3%ADas

https://es.wikipedia.org/wiki/Planes_para_ma%C3%B1ana

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