Avis : Coffee and Cigarettes. Jarmusch, Benigni, Iggy Pop, Cate Blanchett, Bill Murray… 8/10

Temps de lecture : 3 minutes

Masochisme ?

De nos jours, on est facilement rebuté par l’association cigarettes et mauvais cafés, surtout quand il s’agit de ces lieux pas trop propres, malodorants et saturés de fumée. Il faut donc qu’en nous brutalisant ainsi, on puisse espérer que cela en vaille le coup.

Sachez que tout cela n’est qu’un prétexte.

Cette expérience cinématographique a débuté en 1986, avec le premier sketch jubilatoire de Roberto Benigni. Et comme c’était en noir et blanc, Jim Jarmusch a continué sur cette lancée jusqu’en 2003. Bien lui a pris car ce dépouillement voulu sert très bien tous les épisodes sans exception.

Il y a quelque chose de déroutant dans ces multiples scénettes, toutes impliquantes et toutes traitées différemment. Leur côté sans concession, et même parfois âpre, peut faire fuir le spectateur conventionnel. Mais prière de s’accrocher quand même. Cela vaut le détour que vous aimiez ou non.

Ce qui domine dans cette étrangeté sans cesse renouvelée, c’est la vérité toute nue. En particulier pour l’exposé très charnu des rapports complexes et de la communication difficile entre les humains. On pourrait se croire dans une version actualisée et déconstruite des « caractères » de La Bruyère. Mais ici il s’agit le plus souvent de duos révélateurs.

De grandes vedettes s’exposent volontairement dans ce qu’on pourrait croire être leur côté dark side. Mais c’est un jeu. Et ce faisant ils ne prennent pas plus de risque que cela. Au contraire cela donne une touche supplémentaire à leur personnalité.

Mention spéciale pour Iggy Pop, Cate Blanchett, Bill Murray qui jouent divinement à contre rôle.

Aucun des récits ne faiblit.

Il serait sacrilège de les décrire, car ils doivent rester de belles surprises. Je ne citerais que le début et la fin. Mais sachez que le reste est d’une très grande qualité aussi.

Le final « Champagne » est incroyable. Les deux vieux William Rice et Taylor Mead, ont vraiment un look pre-mortem. Et Mead finit profondément endormi ou même mort, sur sa chaise. On croit vraiment assister à ses derniers instants, sans pathos, tout calmement. J’ai été vérifier, ce grand acteur n’est mort que dix ans plus tard.

Ici comme dans le premier opus « Strange to Meet You » avec Roberto Benigni et Steven Wright, on est transporté dans l’univers d’En attendant Godot. C’est le même degré de poésie dans l’absurde ordinaire. Le bon n’étant pas forcément en rapport avec le beau.

Intéressante bande son.

La note de 8/10 peut paraître élevée de prime abord. Mais en réalité, ces brillants exercices regorgent de matière. Ce qui doit être encensé. Ce qui fait du bien alors que le cinéma actuel paraît parfois si fade.

https://fr.wikipedia.org/wiki/Taylor_Mead

https://fr.wikipedia.org/wiki/Coffee_and_Cigarettes

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